PHOENIX… un groupe des années 70 ? Jamais entendu parler… Et c’est quoi ce titre d’album CEI CE NE-AU DAT NUME, ça se prononce comment, qu’est-ce que ça veut dire ?… Ce sont les questions qu’on peut se poser en voyant cette nouvelle chronique apparaître dans la rubrique « archive », c’est pourquoi une présentation s’impose.

Phoenix est un groupe roumain qui commença sa carrière dans les années 60, pratiquant une musique qu’ils qualifient eux-mêmes aujourd’hui d’ « innocente » . C’est en 1972 que le groupe gagne en maturité et se forge une identité avec la sortie de cet album évènementiel.
Cei ce ne-au dat nume (qui se prononce : « tcheï tché néaou dat noumé » et qui veut dire « ceux qui nous ont donné un nom » ) est apparu car Ceausescu (le dictateur communiste Roumain) avait interdit aux musiciens roumains de jouer de la musique étrangère mais voulait privilégier le folklore. « Très bien les gars, dit Nicolae Covaci, le guitariste et membre fondateur du groupe, vous voulez du folklore, vous aurez du folklore ». Les autres membres étaient cependant sceptiques quant à l’idée d’adapter le folklore roumain à du rock, ils craignaient d’être vus comme des ringards ou comme un de ces groupes qui adapte la musique populaire pour faire un éloge à Ceausescu. Covaci réussit finalement à convaincre tout le monde et Phoenix produit pour la première fois dans l’histoire de la musique une synthèse entre le folklore roumain et les grooves et instrumentations typiques à la musique rock. Cela n’a cependant pas plu aux autorités qui ont rapidement commencé à censurer et à réduire toutes les productions de PHOENIX.

Le premier morceau de l’album s’appelle « Ciclul anotimpurilor », décrivant chacune des quatre saisons avec plusieurs pièces décomposées. Le prélude créé l’atmosphère progressive, épique, folklorique et mystérieuse que l’auditeur doit avoir assimilé pour écouter ce disque. Vient ensuite le morceau introduisant le printemps qui est un court instrumental, assez rock’n roll mais on ressent les immenses influences du folklore et ses instruments typiques ainsi que le génie du bassiste Josif Kappl (qui a cependant tendance à étouffer un peu trop la guitare) . Malgré la forte influence du folklore, on pourra trouver « l’été » et « l’automne » un peu vieilli mais on ne peut nier l’originalité et même la qualité de l’œuvre.
Le morceau instrumental de « l’hiver » clot ce cycle en beauté avec un dialogue entre les percussions folkloriques et les instruments rock.

Le meilleur titre de cet album est NEGRU VODA. Basé sur un style jazz-rock, ce long morceau de 15 minutes commence par une partie de violon qui donne le thème mélodique, à laquelle vient ensuite s’ajouter la guitare pour finalement entendre tous les autres instruments ainsi que la voix dans un pure moment de hard-rock… hard-rock roumain !

Cet album n’est cependant pas le meilleur du groupe mais je vous présenterai prochainement deux autres de leurs albums suivants, plus mures. Cei ce ne-au dat nume est cependant celui qui donna au groupe sa personnalité et qui lui permit de réaliser d’autres chefs d’œuvres grâce à l’inspiration folklorique. Le groupe a réenregistré plusieurs de ces chansons ce qui leur donne un son plus moderne, principalement au niveau de la guitare, dont le son manque ici de densité. Vous l’aurez compris, cette musique n’est pas faite pour ceux qui ne veulent que du bon metal pur et dur mais plutôt aux amateurs de prog et de cultures différentes car Phoenix est réellement un groupe à part !
En lisant cette chronique, je pense que les amateurs de black metal ont réussi à trouver le groupe qui donna à Negura Bunget l’idée de s’inspirer du folklore…

Pour plus d’informations : www.transsylvania-phoenix.de