En puisant toujours dans la même source inspiration que dans Cei ce ne-au dat nume, c’est à dire le folklore roumain, Mugur de fluier (qui signifit bourgeon de flûte) a l’avantage d’être plus direct. Les longueurs et la trop forte prédominance de la basse, du néanmoins très talentueux Josif Kappl, étaient les principaux défauts de l’album révélateur du style Phoenix. Ils ont ici quasiment disparu. Attention par contre à ne pas tomber dans le solo de guitare trop typé 70’s comme Nicu Covaci le fait pendant quelques secondes sur « Pavel Chinezu » et « Dansul codrilor ».

Ce dérapage est le seul bémol du disque qui sera rattrapé sans mal par des titres comme le bohémien « Ochii negri, ochi de tigan », les ballades « Muzica si Muzichia » et « Mugur de fluier », le hit « Andrii Popa » dont le refrain est connu par tous les Roumains ou encore le sublime et mystérieux « Strunga », sans doute le meilleur titre de l’album (avec « Mica Tiganiada »), qui commence et se termine avec quelques notes de blockflöte donnant à « Strunga » son côté froid et atmosphérique.
« Mica Tiganiada » est rythmiquement le plus intéressant grâce à ses rythmiques typiquement tziganes. La présence du violon et surtout de l’instrument tzigane de l’Est par excellence qu’est le cymballum contribuent également à l’originalité de l’œuvre.

L’un des autres intérêts de l’album est aussi la série des brefs « Lasa, lasa », caractérisés par une forte section rythmique et des cris propres au folklore roumain. Ce titre est repris cinq fois au cours de l’album avec différents textes, à un tempo de plus en plus rapide et d’une manière de plus en plus énervée !!!
Difficile de croire, après l’écoute de ce « Bourgeon de Flûte », qu il n’a été enregistré qu’en seulement 24 heures de studio !