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PHOENIX [RO] - Cantafabule (1975)
Par WILD THING le 5 Juin 2004          Consultée 5561 fois

« Cantafabule » est le chef d’œuvre du groupe avant-gardiste roumain Phoenix. Un album non seulement aux influences non seulement folkloriques mais aussi médiévales. Il est bien plus « hard » que les autres grâce au talent du claviériste Günter Reininger qui est ici très exploité et à l’arrivée de l’ époustouflant nouveau batteur Ovidiu Lipan. J’ai d’ailleurs hésité au sujet du style à mettre pour présenter le groupe : garder le qualificatif (personnel) « etno-rock », mettre « rock progressif » ou pourquoi pas même « hard-rock » ? Le terme de rock progressif m’a finalement paru plus approprié pour faire la chronique de cet incroyable album mélangeant musique du Moyen-Âge et folklore roumain au hard-rock et rock progressif , parfois psychédélique, à la Pink Floyd ou même à la Yes.

Cette « Fable chantée » débute par véritable un chef-d’œuvre ! C’est très certainement le meilleur titre de l’album et, d’un point de vue personnel, de Phoenix: « Invocatie ».L’ « invocation » est introduite par une minute durant laquelle le claviériste expérimente des effets, à l’époque révolutionnaire, avec son synthétiseur Korg, pour d’ores et déjà mettre l’auditeur K.O. On s’attend à plusieurs reprises à ce que le morceau commence réellement avec les crescendo des roulements de caisse-claire et des petits riffs de guitare mais non, stop ; jusqu’à ce que que le morceau commence réellement, avec une voix mystérieuse, des orchestrations de plus en plus denses, des changements de thèmes épique, le tout dans une ambiance atmosphérique... Décrire cet incroyable opus nécessiterait bien une trentaine de lignes ; je ne peux que vous encourager très vivement à l’écouter.

Parmi les autres principaux titres de l’album, nous avons la ballade « Norocul Inorogului », typiquement moyennâgeuse, sans aucun instrument électrique, uniquement flûte et cloches (tubular bells, par Reininger), et mélangeant du vieux français avec du roumain .
Le « pinkfloydien » « Delfinul, dulce dulful nostru » permet d’introduire la très imposante et efficace chanson hard-rock « Uciderea Balaurului », qui signifit « l’assassinat du dragon ». En concert, avant de commencer ce morceau, Covaci (guitariste et leader du groupe) avait pour habitude de dire : « Et maintenant, nous allons assassiner le dragon ! ». Le « dragon » étant bien sur le tyran roumain Ceausescu !
L’autre hymne hard de l’album est « Pasarea Roc…k and roll », avec une introduction où le claviériste expérimente les effets de la stéréo. La pièce commence enfin avec de très énergiques « hey ! hey ! » pour ensuite nous raconter les aventure d’un fantastique oiseau nommé « rock n’ roll » !
L’un des incontournables de l’album est aussi « Pasarea Calandrinon », chanson oscillant entre la classique ballade folklorique ternaire et les rythmiques et autres riffs bien puissants propres au hard. L’ intro du morceau permet à Reininger d’exiber son talent de pianiste. Ce titre se termine par une courte partie au violon (joué par l’excellent bassiste Jossif Kappl) et au piano ,avec un sympathique petit rire maléfique pour finir.
« Zoomahia » et la chanson « Phoenix », deux titres psychédéliques, servent de conclusion à ce qui pouvait être considérer à l’époque (chose qui pour moi est tujours valable)comme un véritable chef-d’œuvre !!!

Un album vraiment exceptionnel, qui n’a pas ou peu vieilli grâce en parti à l’aspect épique ressortant des influences folkloriques. Avec CANTAFABULE, les roumains de Phoenix signent incontestablement l’un des albums les plus avant-gardistes des années 70 mais malheureusement peu connu des Occidentaux.
Quelques temps après la sortie du disque, Nicolae Covaci trouvera le moyen de quitter son pays. Il reviendra plutard pour proposer aux autres membres du groupe de fuir à leur tour de Roumanie et de son régime dictatorial pour l’Allemagne de l’Ouest. Le chanteur Mircea Baniciu choisit de rester en Roumanie tandis qu’ en 1976, Josef Kappl, Ovidiu Lipan et Günter Reininger s’enferment dans les amplificateurs Marshall qui seront mis dans un camion conduit par Covaci en direction de l’Allemagne de l’Ouest au risque d’être condamné à mort ! Le groupe subsistera pendant un temps mais se dissoudera, chacun préférant suivre une carrière en solo, collaborant avec des groupes comme Kraftwerk.
A partir de 1990, juste après la chute du communisme, PHOENIX reviendra pour quelques tournées et albums (dont un symphonique) en Roumanie devant un public qui ne les a pas oubliés après quinze années d'absence...

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