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1996 Body And Soul

COLEMAN HAWKINS - Body And Soul (1996)
Par DERWIJES le 20 Janvier 2022          Consultée 711 fois

Citons de tête cinq saxophonistes de jazz fameux : John COLTRANE, Charlie PARKER, Sonny ROLLINS, Ornette COLEMAN et Wayne SHORTER. Leur point commun ? Ils partagent tous le même héros, Coleman Randolph HAWKINS, dit « Bean ».

Rappelons que le saxophone est un instrument relativement moderne. Il a été breveté le 21 Mars 1846 par le belge Adolphe SAX, qui profite de sa position influente au sein de l’Orchestre de Paris pour l’incorporer dans ses orchestres mais il va surtout se retrouver dans les marches militaires, avant d’être adopté aux Etats-Unis par les musiciens populaires, qui vont, de fil en aiguille, finir par l’incorporer dans le jazz où il s’est imposé au point d’en devenir l’instrument emblématique du genre, comme la guitare électrique peut l’être pour le rock. Mais à ses débuts le saxophone est un instrument secondaire, utilisé de manière rudimentaire pour suivre la clarinette. Entre alors en scène le sieur Hawkins, qui va en faire la star du show, le pionnier de ce qui deviendra une image d’Epinal du jazz, celle du saxophoniste menant la dance en premier-plan.
Né en 1904 à Saint-Joseph dans le Missouri il apprend d’abord le piano avec sa mère et passe au saxophone après en avoir reçu un pour ses neuf ans. Petit prodige, il suit des études de musique d’abord à Kansas City puis à Chicago, et commence sa carrière en jouant dans l’orchestre de Mamie SMITH. Cette première expérience lui permet de se faire connaître et de passer au début des années 20 dans l’orchestre de Fletcher HENDERSON, chez qui il pourra développer son jeu avec l’aide de Louis ARMSTRONG en personne. A partir de là les choses vont très vite pour lui. Il tourne en Europe, joue avec d’autres artistes en vue et peaufine sa réputation de soliste de génie grâce à sa reprise à succès du standard « Body and Mind ». Plus que cela, l’Histoire se souvient volontiers de lui comme le premier jazzman be-bop grâce à une session faite en le 16 février 1944 en compagnie de Dizzy GILLLESPIE, Don BYAS, Max ROACH, Clyde HART et Oscar PETTIFORD. Il est aussi connu pour son implication auprès de la Harlem Renaissance, ce mouvement qui chercha à créer une culture afro-américaine plus unie. Malheureusement la suite de l’aventure sera plus tragique. Il sombre dans la dépression et l’alcoolisme alors que sa popularité décroît, et il n’aura jamais l’occasion d’orchestrer un retour en forme jusqu’à sa mort en 1969, à 64 ans.

Comme beaucoup d’artistes de son époque, ce n’est pas simple d’isoler un album spécifique dans sa discographie, constituée principalement de compilations et d’archives assemblées dans un ordre plus ou moins heureux. Un nom se détache du lot, celui de « Body and Soul », une compilation d’enregistrements faits en 1939 et 1956, sortie d’abord en 1956 puis ressortie en 1996 en CD. Soit dix-neuf morceaux pour soixante minutes de musique qui ne sentent pas (ou presque pas) la naphtaline ! Si vous souhaitez savoir si cet album est fait pour vous, écoutez d’abord « Body and Soul », la version intouchable de 1939 (et pas celle oubliable de 1956). La petite introduction au piano, l’arrivée du saxophone et son ton chaleureux, la mélodie simple à retenir et à siffloter, le solo faussement simple en apparence…C’est tout un pan de l’histoire du jazz qui s’écrit en trois minutes, celui du jazz swing, un sous-genre aujourd’hui désuet mais ô combien charmant. Loin des jams alambiquées à rallonge, il rappelle l’origine de cette musique : les bals, la dance ! Body and Soul c’est une fête en dix-neuf actes avec un savant mélange de swing et de ballades pour les slows, très important ça, les slows. On y retrouve quelques guests savoureux, comme la chanteuse Thelma CARPENTER pour « She’s Funny That Way », Benny CARTER sur « My Blue Heaven », Fats NAVARRO sur « Half Step Down Please » …Ainsi qu’un certain amour pour Paris avec « April in Paris » (grand, grand classique incontournable), « I Love Paris » et « Under Paris Skies », une occasion de rappeler l’importance qu’eue notre capitale pour les musiciens afro-américains pendant l’entre-deux guerres et après la Seconde Guerre. Sur l’ensemble, il n’y a que les quatre derniers morceaux, rajoutés pour l’édition de 1956, qui sont moins convaincants et révélateurs d’un musicien qui commence à arriver en bout de souffle, si l’on peut dire. Les seize autres morceaux ne sont que du tout bon : « Meet Doctor Foo », « The Sheik of Arabia », « Say It Isn’t So » (aucun rapport avec Murray HEAD), « Bouncing with Bean », « When Day Is Done », « How Strange » (proche du « Strange Fruit » de Billie HOLIDAY, avec qui il a joué)…Une opportunité parfaite de plonger dans le passé !

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1. Meet Doctor Foo
2. Fine Dinner
3. She's Funny That Way
4. Body And Soul
5. When Day Is Done
6. The Sheik Of Araby
7. My Blue Heaven
8. Bouncing With Bean
9. Say It Isn't So
10. Spotlite
11. April In Paris
12. How Strange
13. Half Step Down, Please
14. Angel Face
15. There Will Never Be Another You
16. The Bean Stalks Again
17. Body And Soul
18. I Love Paris
19. Under Paris Skies



             



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