Recherche avancée       Liste groupes



      
BLUES  |  STUDIO

L' auteur
Acheter Cet Album
 

ALBUMS STUDIO

1973 Bad Luck Blues

COUSIN JOE - Bad Luck Blues (1973)
Par LE KINGBEE le 30 Janvier 2022          Consultée 681 fois

La Nouvelle Orléans aura vu prospérer un grand nombre de pianistes. A l’instar de Champion Jack DUPREE, Fats DOMINO, Professor LONGHAIR ou Jelly Roll Morton principal précurseur, Cousin JOE aura connu une riche carrière au cœur de la Crescent City, mais aussi à New York où il s’établit durablement et en Europe où sa gouaille et sa bonne humeur surprirent un public friand de Jazz.

Joseph Pleasant voit le jour en 1907 à Wallace, village situé à 70 bornes de la Nouvelle Orléans. Sa famille s’établie dans la Crescent City alors qu’il n’est encore qu’un bambin. Joseph fait ses gammes dans la chorale de sa paroisse, avant de se transformer un danseur de claquettes. Il apprend les rudiments de la guitare et de l’ukulélé avant de bifurquer par le piano, instrument qui lui ouvre les portes des tavernes de Storyville. Quand il ne se produit pas dans les bouges du quartier français, Joseph joue dans les Steamboats convoyant les touristes sur les rives du Mississippi.
Au début des années 40, il s’installe brièvement à Saint Louis où il devient guitariste et chanteur aux côtés de Sidney Bechet et Mezz Mezzrow. Quittant le Missouri pour New York, il se taille une solide réputation, accompagnant entre autres Charlie Parker, Billie Holiday et Earl Bostic. A la fin de la Seconde Guerre, il entame sa discographie, gravant de nombreux 78 tours pour les labels Philo, Aladdin, Savoy, Gotham, Decca, Signature et Imperial parfois sous divers sobriquets Smiling Joe, Brother Joe, Pleasant Joe avant d’adopter le nom de Cousin Joe sur les conseils du banjoïste Danny Baker.
A la fin des forties, il regagne la Nouvelle Orleans où il enregistre abondamment avant de se positionner tranquillement comme l’un des vétérans du Vieux Carré, ne sortant qu’à l’occasion d’un festival ou d’une tournée européenne. Au milieu des années 70, Cousin JOE prend une retraite bien méritée en prenant soin de toucher ses allocations, alors qu’il se produisait sporadiquement en Europe et dans les cabarets de sa ville d’adoption. Cousin Joe nous a quitté définitivement le chemin des studios pour rejoindre celui du Paradis en 1989 à 82 ans.

Après une première expérience sur notre territoire en 1964, Cousin Joe revient en Europe où il est l’affiche du Chicago Blues Festival 71. Profitant de son séjour, il participe à une session d’enregistrement au Condorcet Studio de Toulouse à l’instigation de Jacques Morgantini. Si la pochette avant dévoile un artiste facétieux et plein d’humour issue d’une photographie de Jean-Pierre Tahmazian, le disque édité par Black & Blue agrémente la série Jazz Greatest Name, un intitulé pouvant prêter à confusion.
Appuyé par l’orchestre de Jimmy DAWKINS, le pianiste nous délivre ici douze titres synthétisant remarquablement sa carrière entre Piano Blues NOLA et le Blues de la Big Apple. Constituée uniquement de compositions personnelles, la face A démarre sur les chapeaux de roue avec "Box Car Shorty". La batterie de Ted Harvey, ancien compagnon de route de Big Walter Horton et de Hound Dog Taylor, dynamise le tempo alors que les ivoires du vieux grigou sonnent parfois comme un piano mécanique de bastringue. Ce titre tombera dans l’escarcelle de nombreux Jazz Band de la Nouvelle Orléans et sera repris par Bechet et Claude Luter. La cadence diminue considérablement avec "Life Is A One Way Ticket", une leçon de philosophie pleine d’humour et d’humilité sur la vie. Si la guitare de Dawkins renvoie vers l’atmosphère des ghettos de Chicago, celle de Clarence "Gatemouth" Brown nous expédie sur les rives du Texas. La chanson sera reprise sous de multiples orchestrations par Dr. JOHN. Véritable raillerie de notre quotidien, "Take A Lesson From Your Teacher" * vaut par le son du piano tout droit sorti d’un barrelhouse tandis que les deux guitares délivrent une rythmique captivante. Porté par une voix nasillarde et un jeu de piano aussi délicat que stylisé, "Back Luck Blues" ♯ se déguste comme un Blues lent qu’on pourrait croire sorti tout droit d’un disque d’Otis SPANN. Même impression avec "I’m Living On Borrowed Time". "That’s Enough" vient clore la face sur une coloration typique à la Crescent City impulsé par la gratte de "Gatemouth" Brown.

Deux reprises viennent ouvrir cette face B. Grand classique de St Louis Jimmy Oden, "Goin’ Down Slow" a longtemps fait le bonheur de nombreux pianistes (Otis SPANN, Roosevelt Sykes, Ray CHARLES, Champion Jack DUPREE, Speckled Red) avant que les guitaristes ne s’en emparent. Cette histoire de flambeur se détache de nombreuses versions, le timbre et l’humour grinçant de Cousin Joe apporte du cachet tandis que le jeu des deux guitaristes œuvrant plus dans la rythmique que dans le solo est un parfait contrepoint au piano. Création du prolifique tandem Leiber/Stoller, "Chicken And The Hawk" popularisé au milieu des fifties par Joe Turner dans une veine proche du Rock N Roll, prend ici une allure plus conforme avec le boogie. Le timbre nasillard et les onomatopées lancées par le vétéran font ici merveille. Un titre simple qui ne va pas chercher midi à quatorze heures. A l’image de la face A, Cousin Joe alterne en ralentissant encore la cadence avec "Levee Blues", un Blues lent qui tient autant d’Harlem que d’un bouge du Quartier Français. Le pianiste fait encore preuve d’humour avec "I Don’t Want No Second Hand Love" qui s’inscrit entre Blues Nola et Harlem shuffle. Le disque se termine par "Tow Down", une pièce rythmée qui pourrait provenir d’un disque de Ray CHARLES.

Cet enregistrement remet au goût du jour ce sympathique vétéran à l’humour grinçant. Excellent chanteur à la voix nasillarde et voilée, Cousin Joe n’avait pas son pareil pour se mettre un public dans la poche à l’aide d’une ou deux vannes bien potaches. Son jeu de piano, plus subtil qu’il n’y parait est ici renforcé par une rythmique efficace et pourtant curieusement peu complémentaire avec le rugueux batteur Ted Harvey et la basse plus nuancée de Mac Thompson (ancien équipier de Magic SAM, Billy Boy Arnold et frère de Jimmy JOHNSON). Les jeux de guitare des deux protagonistes se complètent parfaitement à l’image de la section rythmique, on regrettera juste certains effets sonores de « Gatemouth » Brown qui peuvent aujourd’hui sembler datés. Encore une bonne pioche pour le label Black & Blue. Cocorico !

*Titre homonyme à la guimauve des Whispers.
♯Titre homonyme à ceux de Blind Lemon Jefferson, Ivory Joe Hunter, Ma Rainey, Lightnin’ Slim, Laura Cox.

A lire aussi en BLUES par LE KINGBEE :


LITTLE AL THOMAS
South Side Story (1999)
Un bon chanteur vétéran de Chicago à découvrir.




Lonnie BROOKS
Bayou Lightning (1979)
Quand la guitare envoie la foudre


Marquez et partagez





 
   LE KINGBEE

 
  N/A



- Cousin Joe (chant, piano)
- Jimmy Dawkins (guitare)
- Clarence 'gatemouth' Brown (guitare)
- Mac Thompson (basse)
- Ted Harvey (batterie)


1. Box Car Shorty
2. Life Is A One-way Ticket
3. Take A Lesson From Your Teacher
4. Bad Luck Blues
5. I'm Living On Borrowed Time
6. That's Enough
7. Goin' Down Slow
8. Chicken And The Hawk
9. Levee Blues
10. Railroad Porter Blues
11. I Don't Want No Second Hand Love
12. Tow Down



             



1999 - 2024 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod