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1970 Hooker And Steve

Earl HOOKER - Hooker And Steve (1970)
Par LE KINGBEE le 7 Février 2022          Consultée 633 fois

Décédé prématurément de la tuberculose en 1970, Earl HOOKER, cousin de John Lee, n’aura jamais connu la notoriété qui aurait dû être sienne. On peut raisonnablement penser que sans cette foutue maladie, le guitariste aurait allègrement vogué vers une carrière de star.

Earl Zebedee Hooker voit le jour en 1929 dans un hameau à un jet de pierre de Clarksdale, là comme le dit la légende où le guitariste Robert Johnson aurait pactisé avec le Diable, ce qui ne lui porta pas chance.
Du Mississippi, Earl n’en gardera que peu de souvenirs, sa famille quittant la région pour s’établir à Chicago alors qu’il avait tout juste un an. A dix ans Earl se lance dans l’apprentissage de la guitare, instrument qu’il maitrise rapidement. Adolescent, il se produit aux côtés de Robert Nighthawk qui lui enseigne les rudiments de la slide. A l’orée des années 50, il fait ses premiers pas en studio, bien souvent dans un rôle d’accompagnateur. C’est ainsi qu’on le retrouve sur des singles de Johnny O’Neal, de l’harmoniciste Little Sam Davis, du batteur Harold Tidwell. En juillet 1953, il enregistre à Memphis une dizaine de titres pour le label Sun en compagnie de l’excellent pianiste Pinetop Perkins. C’est au cours de la décennie suivante qu’il se fait connaitre en accompagnant Junior WELLS, Johnny "Big Moose" Walker, A.C. Reed, Muddy WATERS ou le chanteur Ricky Allen.

Souffrant d’un léger bégaiement, il lui faut attendre 1967 pour mettre en boite son premier album publié par Cuca Records, label de Jim Kirchstein. Après une longue hospitalisation, Hooker va connaitre une année 69 luxuriante, enregistrant de nombreux disques pour Bluesway, Blue Thumb. Avec son orchestre, il épaule son cousin sur l’album "If You Miss’ Im … I Got ’Im" puis participe au premier Chicago Blues Festival.
En octobre 69, Earl vient pour la première fois en Europe, se produisant une vingtaine de fois au sein de la tournée de l’American Folk Blues Festival en compagnie des harmoniciste Juke Boy Bonner et Carey Bell et du guitariste Magic SAM qui décèdera deux mois plus tard. Hélas, ce long voyage en Europe qui aurait pu lancer le guitariste vers une carrière internationale sera son chant du cygne. Epuisé et malade, Earl Hooker est hospitalisé en décembre et décède en avril 70 dans un sanatorium de Chicago.

Enregistré le 18 juillet 1969 au Sierra Sound Studios de Berkeley (Californie) "Hooker And Steve" fait suite à "Two Bugs And A Roach". Recommandé par Budy Guy, Chris Strachwitz patron d'Arhoolie Records met en présence le guitariste en compagnie de l’organiste Steve Miller (aucun lien avec son homonyme guitariste). Adepte d’un jeu de scène plein d’esbroufe et de costume de scène souvent très flashy, Earl Hooker nous offre ici un répertoire des plus rustre. On le retrouve épaulé par le bassiste blanc Geno Skaggs (ex compagnon de Lightnin’ Hopkins et futur équipier du cousin John Lee), recruté un an avant pour une série de concerts et du batteur Bobby Johnson, une section rythmique à la coloration rurale terriblement métronome, l’harmoniciste Louis Myers présent sur deux pistes et enfin le bien nommé Steve Miller, ancien claviériste au sein de Linn County et d’Harvey Mandel (futur membre de Grinderswitch et du Elvin Bishop Band).

Si sur scène Earl Hooker a parfois tendance à faire le show, jouant la guitare derrière le cou et même parfois avec ses dents ou ses pieds, c’est ici un répertoire oscillant entre du Chicago Blues classique et un Delta Blues teinté de nuances campagnardes et terriblement terriennes. En ouverture, "The Moon Is Rising" débute comme un Swamp Blues, c‘est simple on croirait entendre Lightnin’ SLIM si la slide ne se mettait pas en route. L’instrumental "Earl’s Blues" place la slide au premier rang sous un élégant nappage d’orgue. "Conversion Blues" nous renvoie vers un shuffle à la Bill DOGGETT, un titre sympathique mais qui témoigne cependant des limites vocales du guitariste, l’harmonica de Louis Myers impulse une ambiance Chicago Blues. La face A se termine avec "Guitar Rag", un instrumental que le guitariste à enregistré à plusieurs reprises. Là, toutes les influences Country d’Earl Hooker sautent aux yeux (ou aux oreilles), la slide jouée à plat fait penser à d’anciennes chansons jouées en compagnie de Freddie Roulette.

La face B s’ouvre sur "Hooker N’Steve" titre donnant son nom à l’album. Cet instrumental Jazzy fait parfois penser à Jimmy SMITH, l’orgue Hammond de Miller prenant ici clairement les rennes de la diligence, alors que le jeu de guitare se fait de plus en plus Jazzy. Virage à 90 degrés avec "I’m Your Main Man", un shuffle à mi-chemin entre le Swamp de Slim HARPO et le Chicago Blues de Jimmy REED ou Howlin’ WOLF. Pour le coup, Geno Skaggs s’avère convaincant au micro, ne cherchant jamais à forcer sur sa voix. Deux compositions de Steve Miller viennent parachever le recueil. Si ce n’est la présence de Miller au chant, "New Riviera" pourrait s’inscrire dans un disque de BOOKER T. & The MG’S, la basse prenant un maximum de rondeur. "Strung-Out Woman Blues" une petite pépite de Slow Blues vient conclure les affaires courantes. Si l’orgue offre quelques bons nappages, c’est la slide qui endosse le premier rôle, Hooker se contentant se jouer avec sincérité et feeling avec un accordage si particulier, technique qui restera comme sa marque de fabrique.

Une fois n’est pas coutume, terminons par la pochette. Si le visuel avant nous dévoile Earl HOOKER avec deux photos prises lors de deux sessions, le dorsal rend hommage aux trois autres protagonistes. Tout cela pour dire que cette pochette provient de photographies d’Hank Lebo alors qu’on doit le design à Wayne Pope, un graphiste attitré du label Arhoolie, joueur de washboard à ses heures perdues. Si les albums publiés par Bluesway demeurent recommandables, ce "Hooker And Steve' demeure toujours agréable tant au niveau du jeu de slide que de l’authenticité. Oublié depuis longtemps, Earl Hooker est souvent cité par les générations du West Side qui lui ont succédé.

Cette chronique provient du pressage US. Pour les amateurs d’insolite, il existe un pressage français apparu dans nos bacs avant l’américain.

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- Earl Hooker (guitare, chant 1-3)
- Geno Skaggs (basse, chant 6)
- Bobby Johnson (batterie)
- Steve Miller (orgue, piano 1, chant 7-8)
- Louis Myers (harmonica 1-3)


1. The Moon Is Rising
2. Earl's Blues
3. Conversion Blues
4. Guitar Rag
5. Hooker N' Steve
6. I'm Your Main Man
7. New Riviera
8. Strung-out Woman Blues



             



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