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1970 Frijid Pink

FRIJID PINK - Frijid Pink (1970)
Par LE KINGBEE le 17 Mars 2022          Consultée 667 fois

Dès le milieu des sixties, Detroit allait s’imposer dans le domaine de l’Heavy Rock. Si une escouade de groupes Garage avait tracé de profonds sillons, MC5, Mitch RYDER & The Detroit Wheels, GRAND FUNK RAILROAD, The STOOGES, les AMBOYS DUKE de Ted NUGENT ou CACTUS allaient contribuer à placer en gros le nom de la Motor City sur la mappemonde du Rock. Bien évidemment les performances de ces groupes légendaires créeront une forte émulsion d’où jailliront de nombreux seconds couteaux parmi lesquels figure en bonne place FRIJID PINK.

Au milieu des années soixante, Rich Stevers, fils rebelle d’un officier de police et batteur à ses heures perdues, monte un groupe avec des potes tous issus de la Melvindale High School à Allen Park dans la banlieue de Detroit. Le groupe tourne dans le circuit des facs sous le nom de Detroit Vibrations. Jusqu’ici rien de spécial, il s’agit d’un groupe de reprises comme on en entend un peu partout. Suite à de multiples changements de personnel, le groupe se stabilise autour du furieux Rich Stevers, du bassiste Tom Harris, de Gary Thomson (guitare) et du chanteur Tom Beaudry (aka Kelly Green) et devient l’un des groupes attitrés du Chatter Box, un club de Garden City où les teenagers et les jeunes ouvriers des chaines de montage viennent se défouler et prendre du bon temps. C’est là que Rich et ses potes sont repérés par Robin Seymour, un DJ local qui a ses entrées et venues à Swinging Time, émission télé qui va leur donner un bon coup de pouce.

Le groupe change de nom et se transforme en Frijid Pink, plus fun, écume les scènes du Michigan et du Midwest, tourne dans le giron des Amboy Dukes ; les racines R&B de Stevers et d’Harris leur permettent également de se produire en première partie des FOUR TOPS, des Contours et des Falcons. Si Thompson et Kelly Green sont plutôt adeptes d’un répertoire orienté entre Heavy et Rock Psy, le travail de compo de Green leur permet de franchir un palier. Le groupe enregistre dans les studios Pionneers sous la houlette de Mike Valvano, un ancien grouillot de la Motown, plusieurs titres faisant office de démos. Les morceaux atterrissent sur le bureau de Walt McGuire, l’un des manitous de London Records, le gars à l’origine de l’éclosion des MOODY BLUES, des STONES ou de Roy ORBISON, qui décide aussitôt de publier trois singles. Suite à l’inattendu succès de "House Of The Rising Sun" en version Heavy Rock qui se classe dans le Top Ten, Mc Guire décide de battre le fer pendant qu’il est chaud et édite un éponyme de neuf titres.

Derrière cette pochette rose flashy en droite ligne avec le nom du groupe, se cache un design de Victor Kahn, l’homme auquel on doit les visuels de "Let It Bleed" des STONES ou le "Fiends & Angels" de Martha VELEZ. Thompson et Beaudry (alias Kelly Green) demeurent les principaux pourvoyeurs du groupe avec pas moins de sept compos. En guise d’ouverture, "God Gave Me You" propose une balade accrocheuse avec un soupçon de Psy, le chant monte crescendo et la guitare semble témoigner qu’elle aime bien en découdre. Si le single n’a connu à sa sortie aucun succès, le titre s’écoute aujourd’hui agréablement. Changement de décor avec "Cryin’ Shame", la guitare fuzz monte d’un cran, le timbre tire dans les aigus tandis que le tempo s’oriente entre SAVOY BROWN et VANILLA FUDGE. Autre bel exemple de Hard tendance Psy avec "End Of The Line" avec un petit solo de batterie au ¾ du morceau qui vient couvrir un déluge de notes de guitare. Le guitariste et le batteur aiment assurément cogner fort et faire du bruit. Si vous êtes amateur de baguettes "I Want To Be Your Lover", un solide et long Blues Rock, plus Rock que Blues devrait vous combler, Stevers se livrant à un bon et gros solo des familles pour un titre s’orientant vers le répertoire de SPIRIT, ATLEE ou BLUE CHEER. FRIJID PINK prouve qu’il peut aussi se départir de cette coloration Heavy Blues Rock Psy comme en atteste "I’m On My Way", un Boogie Rock bourré de slide, à la frontière du Rock n Roll en droite ligne avec les anglais FOGHAT.

Les influences noires d’Harris et Stevers sont clairement palpables sur "Drivin’ Blues", un Blues Rock avec une brève intro d’harmonica et une gratte débridée et complètement distordue, qui pourrait s’inscrire dans un disque de TEN YEARS AFTER, Gary MOORE ou GOV’T MULE. Mais le jeune groupe sait aussi tempérer son ardeur, preuve en est avec "Boozin’ Blues", un long Blues qui vient conclure l’album avec une élégance et une douceur qu’on ne retrouve pas sur les autres pistes. C’est bien simple, si on reconnait le chant parfois strident de Beaudry, on croirait que le morceau est interprété par une troupe de vétérans et non des débutants tout juste sortis de l’adolescence. Thompson nous démontre tout son savoir faire dans le domaine de la guitare fuzz avec "Tell Me Why", un Heavy Rock dans lequel les empreintes Psy fourmillent dans un univers proche du MC 5. Un titre plein de distorsions et de fureur.

A tout seigneur tout honneur, terminons ce tour d’horizon avec "The House Of The Rising Sun", célèbre Folk dont la paternité demeure plus qu’incertaine. Enregistrée pour la première fois en 1933 par le duo Clarence Ashley/ Gwen Foster, cet air traditionnel aura fait les beaux jours de nombreux artistes issus du Folk (Almanach Singers, Pete SEEGER, Joan BAEZ ou Bob DYLAN) avant que les ANIMALS ne l’installent durant l’été 64 sur la première marche des hits parades mondiaux dans une version R&B particulièrement groovy. A l’orée des années 70, la chanson fait toujours l’objet d’un grand nombre de reprises. L’interprétation de FRIJID PINK en mode Heavy Rock se démarque du lot et se vendra à plus d’un million d’exemplaires, accédant à la 4ème place des charts anglais et au 7ème rang du Billboard américain. Pas mal pour un titre gravé en une seule prise destiné au départ à servir de bouche trou. Les grincheux pourront trouver à redire, prétextant que les allemands d’Electric Food avaient gravé quelques semaines avant une version Hard qui ne connaitra strictement aucun succès. Il n’empêche pas moins que la guitare fuzz de Thompson contribuera à assoir la notoriété du groupe.

Classé en janvier 70 à la 11ème place du Hot 100 des albums, cet éponyme reste aujourd’hui recherché de certains collectionneurs et amateurs de Rock Psy tendance Heavy Blues. Edité à l’origine par Parrot Records, sous-marque de London Records, le disque sera distribué en Europe par Deram. Le label Répertoire a réédité en 1991 sous format CD le vinyle avec deux titres bonus. Si certains sites rangent ce disque dans le rayon du Hard Rock ou de l’Heavy Blues, les diverses influences du groupe (LED ZEPPELIN, CACTUS, SAVOY BROWN, VANILLA FUDGE) et un répertoire personnel nous incite à le déposer dans l’étagère du Rock Psy. Un disque qui vaut essentiellement par le son de sa guitare fuzz.

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   LE KINGBEE

 
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- Tom Beaudry - Aka Kelly Green (chant, harmonica)
- Gary Thompson (guitare)
- Tom Harris (basse)
- Rich Stevers (batterie, timbales)


1. God Gave Me You
2. Crying Shame
3. I'm On My Way
4. Drivin' Blues
5. Tell Me Why
6. End Of The Line
7. House Of The Rising Sun
8. I Want To Be Your Lover
9. Boozin' Blues



             



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