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SOUTHERN ROCK  |  STUDIO

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1971 Moment Of Truth

BRETHREN - Moment Of Truth (1971)
Par LE KINGBEE le 30 Mars 2022          Consultée 879 fois

Si vous ne connaissez pas BRETHREN, combo new-yorkais formé à l’orée des années 70, n’allez pas vous flageller, cela ne sert pas à grand-chose sinon à vous faire mal inutilement. Si la discographie du groupe se compte sur deux doigts, Moment of Truth a longtemps été introuvable lors de sa sortie. Après une étonnante flambée de sa côte, ce disque se négocie actuellement entre 20 et 40 euros.

Revenons à nos moutons ou plutôt à ces Frères, BRETHREN étant une connotation du mot Frère, locution aujourd’hui très à la mode chez les djeuns, utilisée ici dans une connotation plus ambivalente sans lien apparent avec la religion. Après avoir œuvré au sein du Riverboat Soul Band, le batteur Rick Marotta, tout juste âgé de 22 ans, vient d’enregistrer Easy Does It, double-album d’Al KOOPER. Désireux de voler de ses propres ailes et d’échapper à l’exigence de KOOPER, Rick décide de monter son propre groupe, rejoint par le guitariste Tom Cosgrove, un autre accompagnateur d’Al KOOPER. Le guitariste vient d’enregistrer avec James COTTON mais se retrouve sans contrat. Les deux amis font appel à Stu Woods, un bassiste, ancien sideman du même KOOPER. Woods vient de participer à Self Portrait de Bob DYLAN mais se trouve disponible faute de contrat. Les trois compères sont rejoints par Mike Garson, pianiste claviériste de Jazz (futur équipier de David BOWIE).

En 1970, le combo met en boîte son premier bébé via Tiffany Records, une sous-marque de Scepter qui distribue l’album. Quasiment introuvable en Europe lors de sa sortie, cet éponyme est publié via le label Wand UK avec une pochette totalement différente. Si la pochette américaine montre trois musiciens assis devant une cathédrale gothique, son alter-ego anglaise dévoile le groupe au complet devant une grange avec en arrière-plan une friche campagnarde plus à l’abandon que bucolique. Il semble bien que le mot promotion soit resté ignoré par Tiffany Records, micro label dont le catalogue contient toujours un album d’Allen Toussaint inédit à ce jour.

En 1971, BRETHREN vient d’être programmé au Boston Tea Party Rock Club, le groupe tourne en première partie de POCO et de MOUNTAIN, il est temps de retourner au studio. Contrairement au premier opus enregistré à Hollywood, Moment of Truth provient de deux sessions captées à l’Electric Lady Studios de New-York, là où Patti SMITH enregistrera Horses et AC/DC Back In Black. Si le disque se présente sous la forme d’une double pochette, le visuel avant ne renseigne guère sur le contenu. On a l’impression de voir une photographie intimiste de la fin du XIXème siècle et une peinture impressionniste évoquant Gustave Caillebotte ou Mary Cassatt. Qu’en est-il de ce Moment de Vérité ? S’agit-il de ces passages durant lesquels une mère ou une grande sœur lit un conte à sa fille ou à sa cadette ? Moment restants souvent privilégiés et nostalgiques d’une époque où le temps passe inexorablement ? Toujours est-il que si cette pochette ne renseigne guère sur son contenu, elle n’en distille pas moins un sentiment diffus où se mêlent mélancolie et malaise.

Si le groupe nous offre un répertoire relativement personnel avec deux tiers de chansons de son cru, l’album s’ouvre sur "Loop Garoo", un inusité de DR. JOHN, pianiste guitariste présent sur le premier disque. La reprise longue de plus de huit minutes respire le Sud à plein nez. Si l’orgue diffuse un nappage plein de douceur, le chant monte progressivement en gamme tandis que le piano se paye une place au soleil alors que batterie et percussions nous entrainent dans une farandole caraïbéenne. Une excellente mise en bouche qui rappelle l’univers d’ATLEE ou de l’ALLMAM BROTHERS BAND. Du Southern Rock teinté de Blues pur jus ! Seconde reprise avec "The Sun And The Moon" *, compo de l’organiste Mark "Moogy" Klingman, futur équipier de Tom Cosgrove et Todd RUNDGREN. Cette fois le groupe nous plonge dans une balade plus Country Rock, la présence des chœurs nous renvoie à l’univers des églises du grand Sud. Un titre en droite ligne avec MOTHER EARTH. Troisième et dernière cover avec "Freedom Blues", une création d’Eskew Reeder plus connu sous le nom d’ESQUERITA. Chanté antérieurement par Little RICHARD, cet hymne anti-guerre nous oriente cette fois vers un mid-tempo entre Flower Power et Hippie Rock Psy, entre JEFFERSON AIRPLANE et Country Joe & The Fish. Alors qu’une tragédie se déroule en ce moment en Ukraine, les paroles semblent hélas toujours d’actualité : |i]I hope that I should live to see -When every man can know he's free -Sufferin' from the past - I make I ought to be sad- Now la-la, la-da-da-da -La-la, la-da da-da.

Les six compos du groupe portent la marque de Tom Cosgrove, pourvoyeur principal en matière d’écriture. "Wesley", une balade avec grosse présence de chœurs et gros passage de piano, nous oriente vers un Country Rock patiné d’une ambiance Sudiste à cheval entre le DEAD et l’ALLMAN BROTHER BAND. Future reprise de Todd RUNDGREN, "Lady On The Terrace" penche cette fois entre du Folk à la Cat STEVENS et du Rock à la BUFFALO SPRINGFIELD. "Move On" pourrait résumer à lui seul l’ensemble de la production Country Rock US du début des seventies, titre dans lequel le piano et les chœurs prennent encore un rôle prépondérant. La formation prend un virage à 180 degrés avec "Rainy Day Lady" **, un Southern Blues d’excellente facture dans lequel Tom Cosgrove témoigne qu’il n’est pas seulement un bon guitariste mais aussi un excellent chanteur capable de subtiles variations. Un morceau précurseur des grands groupes de Southern Rock dans la lignée de WET WILLIE ou du DEREK TRUCKS BAND. Si Cosgrove délivre encore une fois de belles nuances au micro, on apprécie moins "History Repeats Itself", le titre nous entrainant dans un maelstrom entre Summer Of Love et une Pop Californienne rappelant The MAMAS AND THE PAPAS. L’album se ferme bizarrement avec "Blaze", un instrumental qui fleure bon le Southern Rock mais qui aurait mérité d’être placé au milieu du disque de façon à marquer une rupture plus nette avec le reste de l’album et à ne pas donner l’impression d’un titre de remplissage.

BRETHREN se sépare dès la sortie du disque. Moment of Truth nous offre un album de Southern Rock qui vient se positionner dans la partie haute des productions du début des seventies. Les reprises offrent un nouvel aperçu palpitant tandis que les originaux distillent un répertoire varié mais terriblement cohérent. Le chant et la guitare de Cosgrove, l’orgue de Mike Garson demeurent les meilleurs atouts d’un disque qui mérite d’être redécouvert. On apprécie (ou pas, c'est selon) la présence des chœurs qui offrent un peu plus de dimension alors qu'une poignée de cuivres apporte un subtil métissage. A noter que si plusieurs membres tournent ensuite dans le giron de Todd RUNDGREN, ils connaissent tous une riche carrière de session-men : Woods enregistre auprès de Jim CROCE, Annette Peacock et Shuggie OTIS, Rick Marotta qui s’est aussi essayé au cinéma reste le propriétaire d’une discographie aussi épaisse qu’un bottin (Howard TATE, STEELY DAN, Carly SIMON ou Linda RONSTADT) alors que Mike Garson officie sur une douzaine d’albums de David BOWIE mais aussi auprès de Stan GETZ, Stanley Clarke, Stevie SALAS ou SEAL. Tom Cosgrove connaît une carrière plus discrète (Annette Peacock, Syndicate Of Soul). Bien que plusieurs pistes puissent intégrer le domaine du Country Rock, ce disque est classé dans le rayon Rock, l’étagère du Southern Rock semblant lui convenir comme un gant.


*Titre homonyme à ceux des CORRS et Annalise Emerick.
**Titre homonyme à ceux de Bonnie Koloc et du Menahan Street Band.

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- Tom Cosgrove (chant, guitare)
- Stu Woods (basse)
- Rick Marotta (batterie, percussions)
- Mike Garson (orgue, piano)
- Ralph Mcdonald (congas)
- Dave Liebman (saxophone, flûte)
- Barry Rodgers (trombone)
- Tasha Thomas (chœurs)
- Marilyn Jackson (chœurs)
- Adrienne Albert (chœurs)
- Albertine Robinson (chœurs)
- Marretha Stewart (chœurs)


1. Loop Garoo
2. Wesley
3. The Sun And The Moon
4. Freedom Blues
5. Lady On The Terrace
6. Move On
7. Rainy Day Lady
8. History Repeats Itself
9. Blaze



             



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