La postérité des grands crooners du vingtième siècle se porte fort bien. Vous n’avez possiblement jamais écouté Dean MARTIN ou Frank SINATRA, sans évoquer Perry COMO, c’est presque sur, en revanche nombreux sont ceux qui ont entendu parler de Michael BUBLE. Voilà 20 ans que l’artiste foule les plus grandes enceintes du monde entier et assume l’héritage de ces riches années avec verve et constance. Alors bien sur, tout comme ELVIS ou Frankie en leur temps, Michael est juste un interprète de génie, écrit quelques paroles bien sur, mais parvient à transcender les compositions souvent classiques auxquels il s’attaque. Ce Higher est son onzième opus, alors que le natif de Colombie Britannique a désormais 46 ans.

"I’ll Never Not Love You", qui ouvre l’album, est une toute simple chanson d’amour, bien dans le ton des capacités vocales de Michael, pas essentielle. C’est pourtant le premier single choisit. Le second, "Higher" se pose en héritier des grands moments des comédies musicales de Broaway, avec un aspect exotique et une vibe BO très prononcée. Un tango ou un pasodoble ? Je ne saurai dire mais le résultat est addictif ! Les consonances tribales de "Baby I’ll Wait" sont sympas alors que certains titres ont une vibe plus atmosphériques, ainsi "Mother" impose un climat pop lancinant propice à l’introspection, très bien foutu.

Des reprises célèbres ? Mais oui ! Imaginez le grand écart entre le canadien et le barde de Duluth ? Incroyable non ? Pourtant la version de Michael se tient et Bob DYLAN ne peut se plaindre de "Make You Feel My Love" sous des atours crooner. Puis il partage le micro avec le vieil Outlaw Willie NELSON sur le classique de ce dernier "Crazy", et que voici un moment tout charmant tout mignonnet. On y entend la vieille et toute cabossé Trigger - la seule gratte de Willie qui n’en veut pas d’autre - sortir quelques jolies lignes de solo. Comme quoi il n’y a pas d’âge pour bien faire. Tout ceci croone fort bien et les orchestrations sont à la hauteur.

"Bring It On Home To Me" est la reprise du standard de Sam COOKE, de quoi nous replonger quelques décennies - 6 ! -en arrière. Le ton est super gospel, magnifiquement produit par Bob Rock, et quel solo ! Michael assume, alors on reprend du lourd, Duke ELLINGTON sur "Don’t Get Around Much anymore" et sa débauche de cuivres. Alors en revanche reprendre "You’re The first The Last My Everything" du colossal Barry WHITE est une sacrée gageure. Il manquera toujours le grave essentiel de Barry, rien à faire, à oublier immédiatement.

"A Nightingale Sang In Berkley Square" est un vieux standard britannique, tout le monde connaît outre manche. Un chant de fin d’année. Bien gaulé. La compo de l’oublié Henry NEMO "Don’t Take Your Love On Me" trouve une jolie seconde vie ici sous la plume des arrangements exquis du génial Greg Wells. Enfin, voilà quelques semaines David GAHAN reprenait déjà le "Smile" de Charlie CHAPLIN… Bien sur, Michael est plus dans le ton, la douceur de sa voix fait toute la différence, un bel hommage.

Et puis des fois, les astres se mettent en ligne pour que tout se passe au mieux. Paul McCARTNEY est probablement le plus grand songwriter vivant. Il a composé "My Valentine" il y a dix ans mais le monde entier est resté tout de cécité. Alors quand Paulo se pose derrière la console pour faire don de sa chanson à Michael BUBLE il se surpasse, le timbre de voix du canadien se prête au mieux à cette composition d’une tristesse infinie. Un chef d’oeuvre. Paulo est bien le meilleur allez pas de doutes…. Qui osera me contredire ? Un amateur de musique vit pour ce genre de moments d’exception.

J’étais proche de mettre un trois bien gaulé pour cet opus sans réel faux pas de Michael BUBLE, mais la présence lumineuse de "My Valentine" et les performances conjuguées de Paulo et Mike au chant et à la production me force à mettre le note supérieure, ne partez en tout cas pas d’ici sans avoir jeté une oreille sur cette chanson absolument splendide. Bref, le canadien s’en sort drôlement bien, et ne doit sa belle note qu’à la présence de l’ex BEATLES qui est venu glisser ici une merveille de plus. Allez, l’ensemble a une excellente tête il faut l’admettre.