Omniprésent sur le territoire américain du fait d’une tournée qui ne semble jamais s’arrêter, Jon Crosby et son groupe sort enfin une version officielle de son quatrième album studio ; April. L’album avait déjà été doublement disponible via son site internet depuis 2006 mais dans des versions contestables. Dans la première, les nouveaux morceaux, enregistrés pratiquement en live acoustique côtoyaient des reprises de l’album précédent (Nude). Dans la seconde, la track-list était la même que dans l’album présent, à la différence que le mixage était pour le moins hasardeux. Conscient du problème, Crosby a donc passé tout son été à « re-produire » son disque. Il en livre ici, enfin, une version définitive.

Il faut bien le reconnaître, depuis « Music For People », tous les albums de VAST se ressemblent un peu. Toutefois, fortement influencé par son expérience sur les routes américaines, Jon Crosby a cette fois décidé de se la jouer plus soft, plus acoustique, plus sincère. Il en résulte une belle collection de onze titres enregistrés au Texas, toujours parfaitement arrangés et chantés. Mais en laissant de côté quelques fioritures de production (dont je suis personnellement plutôt fan) surtout en ce qui concerne les apports électroniques, la musique prend ici un aspect authentique qui n’est pas déplaisant. Dès lors, il n’y a plus qu’à se laisser guider. « You’re too Young » est un tube en puissance, « Every Passing By » est une bijou de délicatesse, VAST convoque de sympathique trompettes dans « Frog », approche la country dans « Tatoo of your name », joue l’introspection dans « She visits me », bref, il se fait grandement plaisir et ce plaisir est partagé.

La recette semble toujours la même. Une mélodie évidente jouée au piano ou à la guitare, un joli riff, la grosse basse, une refrain facilement imprimable, quelques cordes derrière pour faire joli, une durée qui ne dépasse que très rarement les quatre minutes et le tour est joué. C'est d'ailleurs quelque chose qui est vraiment surprenant avec Jon Crosby ; cette volonté assumée de ne pas vouloir faire durer les choses. Juste le strict minimum. Pourtant, force est de constater que ses titres gagneraient en puissance avec des intros plus longues, des solos inspirés (on est guitare héros ou on ne l'est pas, merde !), histoire d'installer une ambiance encore plus intense (comme cela était le cas dans le premier album). Même un petit instrumental serait le bienvenu... Tant pis.

Malgré ses albums trop courts (et je n’évoque même pas ses concerts), malgré une petite tendance à le redite, je continue de rester très fan de VAST. Même si j’espère depuis 1998 que nous aurons droit un jour à un album à la hauteur de son premier opus, je ne puis qu’être admiratif devant la facilité avec laquelle il est capable de créer des chansons parfaites, mélodiques, émouvantes. Des chansons qui mettent des tonnes d’images dans la tête.
Rien que pour ça, Jon, je t’aime.