Tout le monde aime VAST ! Le seul problème, c’est que personne ne le sait. Et pourtant, moi, je rêve du jour où Jon Crosby sera l’invité du Hit Machine, où on pourra télécharger la mélodie de son dernier tube sur notre mobile et où il pourra se permettre de faire 3 jours d’affilés de méga concerts à Bercy. Mais cela ne semble pas être pour demain…

Pour les retardataires, VAST, c’est surtout, donc, un seul homme, Jon Crosby, auteur compositeur californien, multi instrumentaliste et surtout proclamé à 13 ans comme l’un des « guitar-hero » (section minime) du pays. Mais comme on peut être américain et avoir de bons goûts musicaux, le petit Crosby a depuis le début puisé les fondements de son inspiration musicale dans 3 des groupes phares des années 80 et 90 : U2, The Cure et Depeche Mode.

Du premier, Crosby tire son utilisation à la fois rageuse et mélodique de sa guitare ainsi que son chant engagé. Du second, il prend la capacité à créer des textes faussement simples et véritablement mélancoliques. Enfin, du dernier, il montre une attirance véritable pour les sons électroniques, les rythmes quasi-industriels et la production ultra léchée. En 1998 sort donc « Visual Audio Sensory Theater », premier album sombre et magistral, où Crosby laisse éclater l’ensemble de ses influences, et sous poudre le tout avec des samples grégoriens du plus bel effet (qui a dit Enigma ???). C’est un chef-d’œuvre. En 2000, c’est « Music For People » (il prend même ses titres à DM…) qui déboule. L’album, trop court, se veut plus direct. Plus de guitare, moins de sample, c’est un album ultra mélodique qui reste toutefois moins original que le précédent.

Après quelques années consacrées aux tournées et à la production d’un nouvel album (dont le « making of » est sorti il y a 2 ans sous la forme de 2 albums téléchargeables sur son site « Turquoise » et « Crimson »), le troisième opus du monsieur est enfin disponible.

D’entrée, « Nude » s’impose comme la suite directe de « Music For People ». Les chansons sont courtes, les riffs sont prédominants et l’ensemble est une nouvelle fois baignée d’une mélodie qu’il est aujourd’hui très rare de retrouver dans les autres albums rock. « Turquoise », qui ouvre l’album, est à ce titre particulièrement remarquable, avec son intro en basse et synthé qui n’explosera qu’au bout d’une minute. L’un des gros points forts du CD est d’ailleurs d’avoir réussi à donner à chaque titre une identité propre. « Thrown away » avec ses chants samplés et sa rythmique renvoie directement au tube « Touched ». « Don’t take your love », dominé par un piano enjôleur et de belles envolées de cordes, est l’un des plus beaux et des plus mélancoliques titres écrit par Crosby. « Be with me » commence lui aussi comme un titre du premier album et se fait ensuite plus pop. « Lost » est un titre incroyablement envoûtant ; voix féminine samplée, rythmée rapide, chant directement inspiré de Bono et surtout des cris de guitare comme on n’en avait pas entendu depuis longtemps. Une merveille.

« Winter in my heart » est une belle envolée sur fond de symphonique et d’acoustique. Crosby y chante à merveille. « Candle » avec sa mélodie à la guitare, fait penser à du Cure, « I can’t say No » distille une ambiance lourde mais planante, bref, c’est du tout bon. Et l’album s’achève sur un titre acoustique, « Desert Garden », qui nous montre, s'il en était encore besoin, que Jon Crosby est capable de retenu dans son chant. L’émotion n’en est que décuplée.

Précipitez vous sur « Nude ». Précipitez vous sur tous les albums de VAST, c’est une évidence, vous ne serez pas déçus. Car de mémoire, on n’a jamais vu un mix aussi réussi entre rock, métal, pop et new wave. Et ce n’était pas gagné d’avance…