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2016 Avalanche
2019 Primitifs Modernes
2022 Atlas

La MAISON TELLIER - Atlas (2022)
Par GEGERS le 29 Avril 2022          Consultée 1216 fois

"Lorsque les premiers beaux jours arrivent, que la terre s'éveille et reverdit, que la tiédeur parfumée de l'air nous caresse la peau, entre dans la poitrine, semble pénétrer au cœur lui-même, il nous vient des désirs vagues de bonheurs indéfinis, des envies de courir, d'aller au hasard, de chercher aventure, de boire du printemps."

Guy de Maupassant - La Maison Tellier

Il y a de la littérature chez LA MAISON TELLIER. Du Maupassant, bien sûr, mais tant d'autres auteurs également. Sur Avalanche, il y avait de l'ésotérique, de l'antique, comme une rencontre entre Aleister Crowley et Homère. Primitifs modernes, c'est du Barjavel, l'album étant empreint d'ambiances aux réminiscences de "Ravage" ou "La Nuit des Temps". Car la musique de LA MAISON TELLIER est autant loquace que Helmut, le chanteur du groupe. Le foisonnement des cuivres, ce mariage à la fois espiègle et grandiloquent entre la musique folk toujours, rock souvent, pop parfois, et des ambiances tantôt issues de la chanson française, tantôt des westerns mis en musique par Ennio Morricone. Il y a une espèce de modernité baroque qui fait du groupe un des plus intéressants de la scène actuelle.

Atlas, naturellement, se fait un titre polysémique, évoquant tout autant le titan mythologique que la chaîne de montagnes nord-africaine, ou encore un recueil de cartes géographiques. Mettant fin à la parenthèse plus rock de Primitifs Modernes, cet album voit le groupe revenir aux sonorités folk-rock de ses débuts. L'album est ainsi épidermique, intense et épique, fragile comme du Neil YOUNG, et intemporel comme... comme du LA MAISON TELLIER. Il y a ici une identité si forte que l'album devient un univers, et l'auditeur entre, bien volontiers, dans ce jardin extraordinaire qui déborde de merveilles.

Nos cinq musiciens, soudés comme les doigts de la main, donnent l'impression d'interpréter chacun de ces morceaux comme si c'était la dernière fois. Alors que, pour nombre d'artistes, le concert constitue la quintessence de l'expression artistique, LA MAISON TELLIER livre déjà, sur album, des prestations d'une intensité désarmante, et d'autant plus savoureuse qu'elle est contrôlée. Il y a ici quelque chose de définitif, et chaque arrangement, chaque note, est parfaitement à sa place. Le titre d'ouverture, "Atlas", introduit par une guitare acoustique, se présente ainsi comme un morceau-monde dont les mélodies constituent une voûte céleste que l'on ne se lasse pas de contempler. La rythmique, parfois volontairement étouffée, courbe l'échine sous les envolées flamboyantes de Helmut et la bravoure des cuivres dont l'audace finale est récompensée par la benoîte admiration de l'auditeur. Il faut, pour s'en relever, quelques secondes de silence. Comme pour mesurer l'impact et la beauté pure de ce que nous venons d'entendre. Un titre monumental.

Pour autant, le cœur continue de battre. Conçu en des temps incertains, Atlas alterne les ambiances et les arrangements, en gardant toujours ce cap de la richesse mélodique. En quête de paradis, le groupe célèbre la fragilité du monde ("Le monde me rend tellement nerveux, alors mes mains glissent dans tes cheveux", chante Helumt sur "Kim Jong X") et sa musique résonne de ce besoin de créer du beau. Un solo de guitare audacieux ("Kim Jong X", encore, ou celui plus déstructuré de "Les 12 Travaux d'Helmut"), et voilà que les morceaux s'envolent et s'émancipent comme on laisse partir l'enfant devenu grand.

Retrouvant le thème de l'effondrement de nos civilisations thermo-nucléaires sur "Trois Degrés de Séparation", LA MAISON TELLIER livre un album aux thématiques variées, le groupe évoquant tour à tour ces postures faciles qui témoignent d'une absence de réflexion ("Facile à dire"), la complexité de ce que l'on comprend être la relation père-fils (le formidable "Un Beau Salaud") et, de manière globale, la perception du monde qui nous entoure, dans ses détails et ses contradictions ("Tout l'univers"). Les inclinations électriques ou acoustiques, les ambiances tantôt légères, tantôt lourdes de sens, partagent une même richesse mélodique, beauté pure qui transparaît sur chacun des morceaux. "Camarade #2" et sa basse particulièrement mise en avant, "B.A.U." et son banjo désabusé, ou encore "Lettres à M." dont l'intro peut rappeler "Wish You Were Here" de PINK FLOYD ne sont que quelques unes des pépites qui parsèment cet album au sein duquel chaque note semble couler de source. Comme un dernier clin-d'oeil, c'est avec "Nili Pona" que l'album s'achève, un titre-hommage aux cultures océaniques et interprété en Toki Pona, une langue construite de toutes pièces par une linguiste au début des années 2000 et dont la particularité est de ne pas permettre l'expression de la négativité.

Ainsi, LA MAISON TELLIER chante le monde, proposant un album intense dont la diversité, à la fois musicale et thématique, se fait porteuse de richesse. Atlas est une carte, celle d'un monde en souffrance, mais sur laquelle chaque point cardinal porte le nom d'espoir. Un grand, très grand album.

4,5/5

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- Helmut Tellier (chant, guitare)
- Raoul Tellier (guitares, banjo, mandoline, claviers)
- Léopold Tellier (trompette, cor, bugle, claviers)
- Alphonse Tellier (basse, contrebasse, claviers)
- Jeff Tellier (batterie)


1. Atlas
2. Kim Jong X
3. Trois Degrés De Séparation
4. Chambre Avec Vue
5. B.a.u.
6. Un Beau Salaud
7. Facile à Dire
8. Copie Carbone
9. Camarade #2
10. Tout L'univers
11. Lettres à M.
12. Les 12 Travaux D'helmut
13. Willi Pona



             



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