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La MAISON TELLIER - Primitifs Modernes (2019)
Par GEGERS le 29 Avril 2019          Consultée 1617 fois

J'avoue avoir, en matière de musique, un penchant pour l'intensité. Particulièrement friand de l’alternance temps forts / temps faibles, de la succession d’ombres et de lumières, je ne suis pas habituellement la cible d’une scène pop française, à l’image de celle habituellement aimée par Télérama. Sauf que, comme il existe Dominique A, LA MAISON TELLIER vient régulièrement nous prouver que, derrière leur image de dandys relax, les cinq frères de sang et de musique qui composent le groupe savent outrepasser leurs atours façon intello pour proposer une musique le plus souvent non conformiste et surprenante sur la forme autant que sur le fond. Véritable projet de vie pour ceux qui vivent sous son toit, LA MAISON TELLIER a su, au fil des années, s’éloigner de ses premières influences "far-west" pour aller vers un rock plus percutant, le plus souvent porté par des mélodies chatoyantes et percutantes. Primitifs Modernes, voit le groupe proposer un enregistrement effectué "à l’ancienne", en conditions live, ce qui lui permet de donner à sa musique des sonorités plus brutes, plus rock également, et de faire de ce sixième album une sorte d’apogée.

Les claviers pop et la trompette sont de la partie, mais l’essence de ce nouvel album est plus à chercher du côté d’un rock moderne que d’Etienne DAHO. "Primitifs Modernes", le morceau, se fait le porte-drapeau d’un album qui prend vite des allures de bilan de l’Anthropocène, cette ère géologique qui a vu l’Homme se développer jusqu'à avoir un impact sur l’écosystème qui l’entoure. Le groupe aborde le sujet sous deux angles différents. L’introductif morceau précité, porté par une rythmique frénétique, dépeint une dichotomie entre nos sociétés ultra-technologiques et notre très primitive peur du noir et notre propension à chercher une sécurité permanente au sein du foyer. "Fin de Race", placé en milieu d’album, adopte pour sa part la théorie de plus en plus tangible de l’effondrement proche de l’espèce humaine. Avec des influences musicales à chercher du côté du post-rock, bien aidé par une trompette aux airs d’appel aux morts, le groupe construit un morceau épique, délicat puis explosif, particulièrement poétique dans sa description d’une hypothétique et pourtant bien tangible disparition de l’humanité ("Quand tout aura disparu / Je voudrais bien tenir ta main"). Sur la fin du morceau, la trompette, qui devient maître d’œuvre, participe à rendre bouleversant ce morceau à classer dans les meilleurs proposés par Helmut et ses frères.

En écoutant Primitifs Modernes, on est au cinéma. L’album dépeint des scènes tranquilles, baignées de lumières chaudes. "Laisse les dire", incitation à vivre et exister, c’est une virée en bagnole dans les Landes, c’est une danse au soleil couchant sur un sommet herbeux des Alpes. Folk enjoué dans la construction, le morceau porte une mélodie et un refrain qui sont parmi les plus aboutis du groupe. Autant d’éléments de qualité auxquels s’ajoutent des paroles "évidentes" à comprendre, mais pas à écrire. Sur "Les Apaches", le groupe propose un rock plus tendu, cru, pas si loin d’Alain BASHUNG et de Neil Young, exception faite d’un splendide refrain disco. Bariolé, LA MAISON TELLIER ne craint pas l’expérimentation, il en confirme les bienfaits. "Ali", qui confirme cette envie de proposer un rock plus rentre-dedans, se fait pour sa part plus bluesy, et son texte un hommage au boxeur Mohammed Ali. "La Horde", titre lancinant, plus électro, reprend le thème de "Haut, bas, fragile" sur l’album précédent du groupe, et traite de ce besoin de reconnaissance, d’une solitude maîtrisée, et du besoin d’appartenir et de se reconnaître dans un groupe. Le primitif moderne, comme son ancêtre, reste un animal social.

"Chinatown", "Prima Notte" ou "Tout est pardonné", achèvent de dresser un tableau mirifique dans lequel on ne décèle que quelques petites touches moins convaincantes ("Je parle d’un pays" aux mélodies plus prévisibles et passe-partout). Primitifs Modernes est un condensé d’inventivité et de savoir-faire, qui voit LA MAISON TELLIER revenir aux fondamentaux tout en continuant sa mue vers une musique débordante d’idées. 11 titres, 50 minutes, et l’impression d’avoir jeté un coup d’œil dans le rétroviseur pour y contempler plusieurs centaines de milliers d’années. Un intense voyage.

4,5/5

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- Raoul Tellier (chant)
- Helmut Tellier (guitare)
- Léopold Tellier (trompette)
- Alphonse Tellier (contrebasse)
- Alexandre Tellier (batterie)


1. Primitifs Modernes
2. Prima Notte
3. Chinatown
4. Fin De Race
5. Je Parle D'un Pays
6. Laisse-les Dire
7. Les Apaches
8. Ali
9. La Horde
10. Tout Est Pardonné
11. Les Sentinelles



             



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