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2022 Whatever You Need

JOHNNY RAY DANIELS - Whatever You Need (2022)
Par LE KINGBEE le 10 Juin 2022          Consultée 525 fois

Si Johnny Ray DANIELS vient d’enregistrer son premier disque à 76 ans, publié sous la bannière du label Bible & Tire Recording, le bonhomme n’est pas tout à fait un inconnu du site. Johnny est en effet le paternel d’Anthony Daniels, membre fondateur de la formation DEDICATED MEN OF ZION. Chanteur au fort charisme, Johnny Ray s’était également fait remarquer au sein de Little Willie & the Fantastic Spiritualaires. La récente compilation "Sacred Soul Of North Carolina" publiée par Bruce Watson proposait deux faces du groupe mais aussi un titre de The Glorifying Vines Sisters et deux des Dedicated Men Of Zion.

Si la pochette ne renseigne guère sur le contenu, certains détails ne sont pas aussi anodins qu’il y parait à première vue annonçant ainsi la couleur. Johnny Ray Daniels semble lever les yeux vers le ciel, à y regarder de plus près on peut l’imaginer dans une église attendant un signe du Seigneur. Autre information, le titre de l’album "Whatever You Need" (traduisible par tout ce que vous voulez) fait référence à Dieu.

Si enregistrer une première galette à 76 ans prouve que la foi est parfois capable de transporter des montagnes (Saint Marc chapitre 11 verset 22), Daniels nous délivre ici un disque susceptible de nous expédier à la messe du dimanche pour gouter l’hostie et surtout un godet de vin de messe, n’oublions pas que le Seigneur nous aurait créé pour manger, mais aussi pour boire.

Originaire de Beaver Dam, quartier de Greenville en Caroline du Nord (patrie de Jesse Jackson et du bluesman Josh White), où il voit le jour en 1946, enfant d’une famille de sept bambins, Johnny Ray s’est toujours passionné pour le chant intégrant très tôt les bancs de sa chorale paroissiale locale. A vingt ans, le garçon bifurque du côté obscur de la force, se produisant au sein des Soul Twisters, petit ensemble de Rock N Roll. Au risque de se répéter, la frontière entre les musiques du Diable (Rock, Blues, Soul) et celles de Dieu sont parfois des plus tenues.
Johnny Ray vire sa cuti soudainement suite à la vision d’une salle enivrée, sans doute y a-t-il vu un rappel du Seigneur. Le chanteur guitariste rentre dans le rang, se marie avec Dorothy Vines, membre des Vines Sisters, petit ensemble de Gospel. Si Johnny Ray maitrise parfaitement la six cordes, il se met au piano sous la houlette de son épouse et de ses belles sœurs. Ne dit-on pas : "Ce que femme veut, Dieu le veut !".
Pendant de longues années, Johnny Ray va se produire au sein des Glorifying Vines Sisters, un quatuor de Gospel à l’ancienne. Poseur de moquettes le jour, Johnny Ray répand la parole de Dieu le soir venu et le week-end. Durant les sixties, l’ensemble allait écumer les routes dangereuses des deux Carolines, états gangrénés par la Ségrégation et le KKK, côtoyant ainsi Sam COOKE, Shirley Caesar, The Blind Boys Of Alabama, The Trumpeters et consorts.

Enregistré à Memphis au Delta Sonic Sound, "Whatever You Need" nous prend aux tripes dès l’ouverture, nous entrainant dans un tourbillon plein d’entrain. Bénéficiant d’une rythmique rigoureuse, le chanteur reprend là un gospel local composé par Eddie Howard et popularisé par le North Caroline Community Choir. A contrario de cette imposante chorale, Johnny ne tourne pas autour du pot, s’appuyant sur un backing band plein de cohésion. Rien d’anormal puisqu’on retrouve ici la Sacred Sound Section, parmi laquelle figurent le guitariste organiste et producteur Will Sexton (ex Alejandro Escovedo, Roky Erickson) Matt Ross-Spang (déjà entendu auprès d’Al GREEN, Don BRYANT, Chris ISAAK ou Elizabeth KING) ou l’organiste Rick Steff (ex Luther ALLISON, George THOROGOOD, Walter TROUT, Samantha FISH), une équipe soudée et impliquée. Le tempo ne descend pas d’un cran avec "Something Within Me", un Gospel fifties de Lucie Campbell. Il redonne un air de jouvence au morceau jadis interprété par The Anderson Harmoneers ou Albertina Walker, à tel point qu’on se croirait plus dans les studios Sun que sur les routes du Céleste.

Personnage central des écritures bibliques, Dieu, après avoir fini sur une croix, sera mis à toutes les sauces, souvent divines. "God Is Able" * rend un hommage appuyé au Divin, les chœurs d’Anthony "Amp" Daniels (le rejeton) et de KeAmber Daniels (la petite fille) viennent renforcer l’éloge, tandis que l’orchestration évoque l’ambiance de anciens studios Hi de Willie Mitchell. Issu d’un ancien spiritual, "I Shall Not Be Moved" a connu une seconde vie durant les sixties servant de chant lors de rassemblements pour la lutte en faveur des Droits Civiques. Si le titre a été enregistré une première fois dans les années vingt par le quartet Taskiana Four, certains bluesmen le reprendront (Charley Patton, Son HOUSE, Mississippi John Hurt) alors que de nombreux péquenots se feront une joie d’en faire un hymne dédié au Country Gospel (Johnny CASH, ELVIS, Little Jimmy Dickens). La présente version rappelle fortement celle de Pops Staples, Johnny Ray nous délivrant là un beau message d’espoir.

Seule compo du disque "Jesus Is Waiting" nous dévoile une tranche de vie plus personnelle, le chanteur explique qu’il a été sauvé par Dieu, suite à un accident de voiture alors que ses reins étaient touchés et que la médecine semblait perplexe ou inadaptée, notre chanteur a été sauvé par Jésus en personne. Si l’intro d’orgue nous plonge dans une ambiance crépusculaire, le chant et la verve de Johnny nous ramèneraient presque sur le chemin de la transe.

Autre moment de douceur avec "Glory, Glory" compo d’Al GREEN et Willie Mitchell gravée durant les seventies dans les studios Hi Records de Memphis. C’est encore un appel à se tourner vers le Sauveur dont il est question ici, message renforcé par un orgue d’église. Si vous n’avez pas saisi que Dieu est bon et généreux, "Lord You’ve Been Good", un ancien titre de Dorothy Love Coates, devrait vous remettre sur les rails. A l’écoute de "Church Get Ready" on pourrait se croire dans une église du Sud pendant les sixties, alors que la mélodie s’inspire par moment du formidable "There Is No Excuse" de Prince DIXON. Le disque s’achève sur un vibrant hommage au Lord avec "Thank You Lord", un disque mené tambour battant par l’orgue et les chœurs qui reprennent les paroles à la manière des prêches religieux.

Si ce premier jet de ce vétéran se situe à la croisée des chemins entre Gospel et Memphis Soul, il n’en demeure pas moins que Johnny Ray Daniels nous offre un chant plein de conviction et d’entrain. Le chanteur allie une force de persuasion sincère, l’inspiration spirituelle toujours présente apporte un plus et se démarque des carcans du New Gospel souvent ampoulé et plein d’esbroufe. Produit sans surenchère, l’album s’appuie également sur un accompagnement hors pair avec des sidemen remarquablement impliqués. N’oublions en guise de conclusion la qualité des chœurs qui viennent consolider et exacerber certains refrains, procédé employé aussi bien dans les spirituals que dans les chants d’esclaves ou les work songs.



*Titre homonyme à ceux de Smokie Norful, Ron Kenoly et Darwin Hobbs.

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- Johnny Ray Daniels (chant, guitare)
- Anthony “amp” Daniels (chœurs)
- Keamber Daniels (chœurs)
- Will Sexton (guitare, piano, mellotron)
- Matt Ross-spang (guitare)
- Mark Edgar Stuart (basse)
- Will Mccarley (batterie, percussions)
- Rick Steff (orgue)


1. Whatever You Need
2. Something Within Me
3. God Is Able
4. I Shall Not Be Moved
5. Jesus Is Waiting
6. Glory Glory
7. Lord You've Been Good To Me
8. Church Get Ready
9. Thank You Lord



             



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