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1989 90

808 STATE - 90 (1989)
Par K-ZEN le 12 Juillet 2022          Consultée 428 fois

En 1988, flottait dans l’air le sentiment qu’on arrivait au terme de quelque chose et qu’une autre était sur le point de démarrer. Il y avait la vieille musique et la nouvelle musique. Une nouvelle attitude et une vieille attitude.

La citation est de Graham MASSEY, une des têtes chercheuses composant le collectif 808 STATE, qui après des débuts marqués du sceau de l’expérimentation indépendante allait devenir l’un des plus fameux protagonistes d’un nouveau mouvement populaire se démocratisant peu à peu. C’est également peut-être bien mon premier contact avec la musique électronique en tant que telle. J’ai par conséquent un œil (oreille ?) vigilant mais empli d’émotion et de bienveillance en pensant à cette collection de tubes constituant 90, fidèle accompagnateur au cours de travaux pratiques informatiques à terminer au cœur d’une nuit (et d’une fête) qui ne se terminai(en)t jamais.

Pour une 88ème chronique, il faut reconnaître que l’occasion était bien trop belle pour la laisser passer. Ajoutons un zéro en son cœur et divisons par deux, et apparaît ainsi "Pacific 202", merveille house légendaire vaguement pornographique connue sous divers titres et mixes, évoquant à la fois immensités océaniques et débuts et fins de soirées. Nocturne. Cinématographique. Fantastique.

Un des premiers journalistes à décrypter le titre fut Chris Mellor, travaillant pour le Record Mirror, en septembre 1989. Comment un hymne dance le devient ? Il doit avoir les bonnes qualités requises : une mélodie simple, le rythme du moment, peut-être un instant un peu lent au début, permettant aux gens d’anticiper les gros beats allant bientôt les faire danser. "Pacific State" possède tout cela. Vraiment incroyablement simple mais c’est une chanson qui reste en tête. Hypnotique comme ils disent...

808 STATE sortit la chanson le 6 novembre 1989, acte de naissance d’une décennie redéfinissant les contours de la musique électronique et son influence, concassant les styles, faisant connaître des vocalistes et écrivant le premier chapitre d’un conte qui allait le voir devenir la pierre angulaire dans le développement de la scène dance qui s’abîmerait bientôt dans le mainstream. En effet, le mouvement acid house passerait de l’underground aux tabloïds alors que la techno deviendrait une tyrannie des charts pour au moins 10 ans.

Lorsque 808 STATE signa chez ZTT, après une lutte sans merci avec d’autres maisons de disques et convaincus par les réalisations d’ART OF NOISE ou PROPAGANDA sur ce label, certains chapitres structurant leur histoire étaient d’ores-et-déjà écrits. Martin PRICE, tenancier du magasin de disques Eastern Bloc sur Oldham Street à Manchester, avait percuté de manière légendaire Graham MASSEY, producteur, ingénieur, membre du collectif BITTING TONGUES et qui travaillait dans le café d’en face. A cet instant, Oldham représentait le centre culturel de l’underground et le DJ John Peel venait souvent dans l’établissement après avoir ravagé les disquaires. C’est ainsi que les deux musiciens lui ont fait suivre leurs premières sorties.

Des premiers enregistrements qui continuaient à alimenter la confusion subsistant encore concernant le patronyme du groupe. En effet, Massey souhaitait le baptiser STATE 808 mais son compère Martin Price, chargé de l’artwork, commit une erreur en l’élaborant avec sa copine. Une faute que Graham n’a toujours pas digérée dixit Price.

Accompagnés par Gerald Simpson, ils produisirent deux remarquables étalons d’acid house, Newbuild en 1988 et Quadrastate en 1989 ainsi que trois mini explorant de manière plus prégnante la scène émergente, le premier paraissant sur le label d’Eastern Bloc et sur lequel figuraient les SCRATCH BEATMASTERS, le rappeur MC TUNES et les DJ’s de SPINMASTERS, à savoir Darren Partington et Andrew Barker.

Ces deux hommes ont changé le destin de 808 STATE, transformant son effectif et sa sonorité. Alors que Graham, Martin et Gerald perfectionnaient le son acid des débuts à l’Haçienda, les SPINMASTERS proposaient une alternative plus sombre au Thunderdome de Manchester. Ainsi, naquit la parfaite alchimie quand Simpson quitta 808 pour enregistrer en solo sous le nom de A GUY CALLED GERALD, remplacé par Darren et Andrew, structurant ainsi 808 en quartet.

Quelques mois après, "Pacific 202" était un hymne, refermant les mercredis et vendredis soir endiablés à l’Haçienda. Le chant d’oiseau en particulier – que certains prétendent emprunté à Bootsy COLLINS – constituait un indice intrigant concernant l’amour porté par Massey à l’exotica des années 50 incarné par Martin DENNY ou Arthur LYMAN. Mais tout aurait pu être différent.

1989 était l’année où Dali mourait et même si NEW ORDER sortait Technique et que les HAPPY MONDAYS et les STONE ROSES cartonnaient avec respectivement "Rave On" et "Fool’s Gold", le reste des charts était dominé par l’AOR (Belinda CARLISLE) ou la PWL-pop (BIG FUN, Kylie MINOGUE ou Jason DONOVAN), des déchets pour Price, à laquelle ils répondaient par leur attitude et leur musique dont les références étaient tout autres : la scène industrielle (FOETUS, SKINNY PUPPY, THROBBING GRISTLE dont ils faisaient leurs propres versions) et la musique électronique, notamment KRAFTWERK qu’ils vénéraient par-dessus tout.

Des influences que l’on retrouve tout au long de 90, album d’une redoutable homogénéité et compacité dont les autres chansons n’ont finalement que peu de choses à envier à Pacific. La voix féminine trempée dans le saccharose appartenant à la mystérieuse VANESSA traversant l’hallucinogène "Magical Dream", le feeling jazzy d’"Ancodia" tour à tour menaçant puis complètement pacifié par la drogue, le "Cobra" s’enroulant peu à peu à "Bora Bora", l’épileptique "Donkey Doctor" - hommage à Kong ? - samplant le non moins immense "Techno City" signé Juan ATKINS alias CYBOTRON, "Sunrise" consacrant la méditation sous une chute d’eau jusqu’au fracas de verre final composant "The Fat Shadow".

90 ou un parfait feeling tropical, un bonbon à la fois doux mais toutefois délicatement acidulé.

La réédition du disque réalisée en 2008 propose un deuxième disque bonus compilé par Ian Peel et Graham MASSEY, comprenant des remixes et titres inédits issus de la version américaine de 90. Parmi ces titres, on retient le très bon remix réalisé par Call The Cops sur "Cobra Bora" ainsi que le thème inoubliable peint par "Revenge Of The Girlie Men".

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- Graham Massey
- Gerald Simpson (uniquement sur « pacific 202 »)
- Martin Price
- Darren Partington
- Andrew Barker


1. Magical Dream
2. Ancodia
3. Cobra Bora
4. Pacific 202
5. Donkey Doctor
6. 808080808
7. Sunrise
8. The Fat Shadow (pointy Head Mix)

1. Pacific (britmix)
2. Cobra Bora (call The Cops Mix)
3. Donkey Doctor (gmex Mix)
4. Boneyween
5. Kinky National
6. State To State
7. Revenge Of The Girlie Men
8. Magical Dream (instrumental)



             



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