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Jeff BUCKLEY - Sketches For My Sweetheart The Drunk (1998)
Par MR. AMEFORGÉE le 21 Décembre 2007          Consultée 6504 fois

Le second album de Jeff Buckley aurait dû s’intituler My Sweetheart the Drunk, produit sous la houlette de Tom Verlaine (vu à la Television). Mais nous savons que l’histoire fut autre : Jeff eut une soudaine envie d’aller se baigner et le Mississipi gourmand l’engloutit dans ses flots, laissant des milliard de fans éplorés chanter un alléluia cassé et manger des beignets aux pommes. Toutefois, une première session d’enregistrements avait eu lieu en 1996, dont l’artiste, perfectionniste pathologique, n’était pas satisfait, bien que le résultat fût viable. Ajoutez à cela quelques morceaux enregistrés au fil des ans, ainsi qu’une série de démos, d’ébauches fixées sur magnéto en attente d’une seconde session en groupe, et vous avez là tout le contenu du présent double-album posthume, littéralement Esquisses pour My Sweetheart the Drunk.

Le premier disque est de loin le plus écoutable, regroupant des titres bien achevés. Et si l’on peut déplorer le manque d’homogénéité de l’ensemble, bête compilation oblige, force est de reconnaître la qualité intrinsèque de la majorité des morceaux. On retrouve un Jeff Buckley touche-à-tout, qui se frotte à divers genres musicaux, avec une certaine fortune.
Dans le prolongement de Grace, on a d’abord affaire à un rock teinté d’influences blues, comme c’est le cas sur « The Sky Is A Landfill » ou bien sur le pesant « Yard of Blonde Girls ». Mais à cette base connue s’ajoute des incursions du côté de la soul, « Everybody Here Wants You », où la voix très féminine de Buckley fait des merveilles, de la new-wave sur « Nightmares By the Sea » porté par quelques claviers, du new-age sur « You & I », marquant par son chant a capella quasi-religieux, juste souligné par une nappe de réverbération.
Des titres tout simplement rock comme le mélancolique « Morning Theft », l’entraînant « Vancouver », aux consonnances plus pop, ou bien encore « Witches’ Rave » doté d’un swing lumineux, sont également remarquables de finesse. Mais peut-être que le morceau le plus remarquable dans tout cela, c’est encore « New Year’s Prayer », rock hypnotique et triste, aux accents orientaux, qui sonne comme du Radiohead à son meilleur niveau. On l’aura compris, ce disque présente une qualité indéniable et constitue le principal intérêt de l’album.

Le second disque a une portée plus limitée. Des remixes de deux titres du premier cd, un morceau inédit « Haven’t You Heard », rock bluesy au parfum capiteux, et surtout l’ensemble des démos enregistrées en 97 par Buckley seul, sur un magnéto quatre-pistes, et qui auraient dû, selon toute vraisemblance, figurer sur le véritable album. On le devine, le son est donc plutôt pourri, et seule l’âme curieuse saura y trouver son compte.
Certes, on pourra lancer quelques évaluations positives sur le potentiel du matériel, du genre « pas mal » ou bien « c’était prometteur ! », mais c’est bien là la limite à laquelle on est obligé de se heurter ; conditionnel passé : ça aurait donné de bons titres. La reprise de Genesis, « Back in N.Y.C. », « Gunshot Glitter », assez tumultueux, la ballade folk « Jewel Box » ou bien encore « Your Flesh Is No Nice » qui aurait pu donner un titre hard sexy, sont plutôt sympas par exemple. Mais voilà, en l’état, le disque n’est pas particulièrement agréable à l’écoute et ne représente qu’un intérêt « historique », une curiosité sur ce qui « aurait bien pu être la suite de la carrière de l’artiste décédé trop tôt ».

Si Jeff Buckley doit en partie sa renommée, son statut « culte », à sa mort, Sketches For My Sweetheart the Drunk ne manque pas de jeter quelques regrets dans l’esprit de l’auditeur. Ça aurait pu donner quelque chose de grand. Cela dit, les Esquisses, telles quelles, ne sont nullement déplaisantes : certes la seconde partie est frustrante, mais la première est de qualité. Alors on pourra se prendre à rêver que dans un autre monde, Jeff Buckley aurait peut-être pu continuer sa carrière, serait devenu multi-millionnaires et ventripotent, vendant des albums de disco à la pelle… et l’on se contentera de saluer la mémoire d’un homme qui aura eu la trajectoire d’un météore, trop vite filé dans le ciel étoilé de la musique (snirf).

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   MR. AMEFORGÉE

 
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- Mick Grondahl (basse)
- Jeff Buckley (chant, guitares)
- Parker Kindred (batterie)
- Eric Eidel (batterie)
- Michael Tighe (guitare)


1. The Sky Is A Landfill
2. Everybody Here Wants You
3. Opened Once
4. Nightmares By The Sea
5. Yard Of Blonde Girls
6. Withces' Rave
7. New Year's Prayer
8. Morning Theft
9. Vancouver
10. You & I

1. Nightmares By The Sea
2. New Year's Prayer
3. Haven't You Heard
4. I Know We Could Be So Happy Baby (if We Wanted To
5. Murder Suicide Meteor Slave
6. Back In N.y.c.
7. Gunshot Glitter
8. Demon John
9. Your Flesh Is So Nice
10. Jewel Box
11. Satisfied Mind



             



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