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1994 2 Grace
1998 Sketches For My Sweetheart The...
2016 You And I

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1995 Live à L'Olympia
 

- Style : Tamino
- Membre : Peter Hammill Et Gary Lucas

Jeff BUCKLEY - You And I (2016)
Par LONG JOHN SILVER le 20 Mars 2016          Consultée 2431 fois

Jeff Buckley fut une étoile filante qui scintilla si intensément qu’aujourd’hui on cause encore de son passage éclair, au point que sa mémoire reste vivacement ancrée dans nombre d’esprits plus ou moins mélomanes. Un seul et unique album fut réalisé durant son vivant mais cela suffit à propager une onde de choc réconciliant Télérama et presse people, Inrocks et pages musiques mainstream. Par ailleurs, on peut déceler une similitude avec le cas Kurt Cobain, concernant l’aura romantique du bonhomme, sa propension à séduire naturellement la gente féminine sans pour autant s’attirer les foudres des rockeurs pointilleux. Carton plein (et mérité) pour Grace en 1994*, l’opération tint du miracle, Alleluïa !

Il convient de préciser que l’homme faisait le maximum pour rester discret, sur sa vie privée notamment (contrairement à Kurt), que son intronisation dans le classement des 50 plus beaux mecs du Monde lui fit tout sauf plaisir… Il est cependant avéré qu’une certaine Courtney, veuve depuis peu, aurait apprécié de croquer la pomme en sa compagnie. De cela l’artiste Jeff n’avait cure, seul lui importait sa musique et tout ce qui avait trait aux à-côtés n’était pas pour lui, au point que son image devint (pour lui) un sujet d’embarras. D’ailleurs, il y’a fort à parier qu’il n’aurait jamais publié l’album Sketches…** en l’état car le gars était connu pour tout remettre en question au point d’être la proie d’atermoiements, ce qui avait le don d’exaspérer son label pressé de commercialiser une suite à Grace.

Caractéristique moins mise en lumière concernant sa courte carrière, pourtant évidente, Jeff Buckley était aussi un adepte de la reprise, or on sait désormais qu’il avait envisagé à la base de sortir un premier disque rempli de reprises pour au final n’en conserver que trois dont la fort (et sans doute trop) rebattue « Hallelujah » signée Leonard Cohen. Pas impossible que les moins avertis soient persuadés qu’elle est de lui mais il est vrai que son appropriation dépassa le modèle original. Revers de la médaille, nombreux sont ceux incapables de citer quelconque autre chanson du monsieur alors que ce titre n’est pas nécessairement le meilleur passage de son – unique - disque. Cependant les connaisseurs, qui apprécient aussi son savoir faire en matière d’adaptations, savent que le bonhomme était très éclectique dans ses goûts. Un exemple ? Sa reprise de « Back In N.Y.C »*** de GENESIS envoie promener toute considération politiquement correcte, surtout en France où le Prog Rock est régulièrement le genre tête à claque chez les biens pensants de la critique spécialisée.

2016 voit donc la sortie d’un nouvel album studio posthume, presqu’entièrement constitué de reprises celui-ci. Les enregistrements sont antérieurs de quelques mois à la réalisation de Grace, à un moment où Jeff sait qu’il va pouvoir enregistrer un disque assez vite alors qu’il se cherche encore. Steve Addabbo – producteur haut de gamme – lui propose alors de passer quelques jours en studio afin de poser quelques pistes en guitare voix. Dix titres issus de ces séances sont à présent regroupés sur cet opus intitulé You And I, nom d’une chanson figurant sur Sketches… titre choisi comme message permettant de souligner l’aspect intimiste du rendu à découvrir. Un peu comme si l’homme était en train de jouer assis dans le canapé de votre salon.
On imagine qu’à l’époque cette expérience avait permis au chanteur d’entrevoir le potentiel émotionnel qu’il pouvait imprimer à ses interprétations tout en garantissant une variété de styles à sa musique sans pour autant qu’on s’y perde. Soyons francs, cette démarche tient surtout de l’essai en laboratoire. Pour se faire une idée plus précise de ce qui est désormais proposé au public, imaginez qu’un grand chef crée un plat en direct et que vous soyez autorisé à goûter quelques composantes de celui-ci, comme il s’agit d’un grand chef, rien de ce que vous dégusterez ne sera mauvais, mais lui sera bien le seul à faire le lien entre chaque élément ainsi que la cohérence qu’il désire imprimer à l’ensemble. Car You And I n’est pas un tout, ne peut être perçu comme un album, fut-il un disque de reprises guitare/voix comme c’était le cas à l’époque où Bob DYLAN publiait son tout premier essai. L’homme met à l’épreuve son chant quasiment lyrique sur « Just Like A Woman » du Zim (justement), délivre une rythmique de guitare percussive sur « Everyday People » de SLY AND THE FAMILY STONE, ne cherche pas d’angles arrondis avec « Night Flight » de LED ZEPPELIN. Au contraire il joue avec les limites sans chercher pureté ou perfection, ce qui offre un résultat étrangement bancal mais néanmoins parfois saisissant car la personnalité de l’interprète irradie l’ensemble.

In fine il en ressort principalement cette autre version de « Grace », probablement sa meilleure chanson, où tout est déjà quasiment en place alors qu’il lâche sa voix sans en assurer la justesse, privilégiant son impact. Et puis il y a aussi « Poor Boy Long Way From Home », dans un registre Delta Blues, qui lui donne la possibilité de jouer au bottleneck de façon tout à fait convaincante, on se dit qu’après tout on aurait bien aimé qu’il poursuive plus avant sur cette voie, oubliant au passage que le gaillard n’était pas là pour publier quoi que ce soit. À l’opposé « Calling You », popularisée avec la B.O de Bagdad Café, a été tellement matraquée à l’époque que l’interprétation qu’en donne Jeff Buckley ne parvient pas à éviter un soupir de lassitude même s’il démontre à nouveau une ouverture d’esprit hors normes. Autre bizzarerie dont on se demande bien quel est son intérêt, « Dream Of You And I », embryon d’idée de chanson, où Jeff narre un de ses rêves sur fond de guitare… au vu de son titre on pense à « You And I », chanson parue après le décès de l’artiste, néanmoins après écoutes des deux morceaux, pas de quoi affirmer qu’embryon soit automatiquement synonyme de vie. D’autant plus qu’aucun lien évident ne semble unir ces deux titres.

Au final ce disque ne peut réellement faire plaisir qu’aux fans hardcore de Jeff Buckley, il interpellera aussi ses biographes mais il est globalement dépourvu d’intérêt pour tous les autres. Difficile de voir là-dedans autre chose qu’une opération commerciale effectuée à peu de frais, car s’il s’agit d’honorer la mémoire d’un disparu resté cher à beaucoup, autant relancer Grace, l’album au(x) charme(s) inépuisable(s), cela suffit amplement.

* Également l’année de la disparition de Kurt Cobain
** Premier album posthume de Jeff Buckley publié en 1998 intitulé : Sketches For My Sweatheart The Drunk
*** Dévoilée sur Sketches…

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   LONG JOHN SILVER

 
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- Jeff Buckley (chant,guitare)


1. Just Like A Woman (bob Dylan)
2. Everyday People (sly And The Family Stone)
3. Don't Let The Sun Carch You Cryin (louis Jordan)
4. Grace
5. Calling You (jevetta Steele)
6. Dream Of You And I
7. The Boy With The Thorn In His Side (the Smiths)
8. Poor Boy Long Way From Home (bukka White)
9. Night Flight (led Zeppelin)
10. I Know It's Over (the Smiths)



             



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