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PUNK-ROCK / POST-PUNK  |  STUDIO

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2018 Street Worms
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2022 Cave World

VIAGRA BOYS - Cave World (2022)
Par JOVIAL le 26 Septembre 2022          Consultée 937 fois

Tout allait changer, tout était prêt, on y était. Le confinement devait nous servir de dernier sas de décompression avant de nous laisser accéder au merveilleux monde d'après. Mais était-ce bien sérieux ? N'était-ce encore qu'un énième conte imaginé par les médias et l'élite mondiale ? Dans le doute, on a préféré garder les bonnes vieilles habitudes. Puisque la Terre est plate, que le réchauffement climatique est une fable et que les vaccins modifient l'ADN, ainsi que nous l'enseigne Saint Internet, restons donc encore un peu dans ce monde d'avant finalement pas si mal. Ô joie ! Voyez ces sympathiques VIAGRA BOYS, tout de fourrures vêtus, qui se précipitent pour nous en rouvrir les portes ! Noël ! Noël ! Entendez-les nous accueillir : "welcome to the cave world !".

Pour le quintet suédois, certains seraient en effet retournés à l'âge des cavernes. Avec une sacrée dose d'humour, le groupe s'en prend ici aux Néandertaliens contemporains, complotistes de tout poil, trolls du Web et autres adeptes des armes à feu. On serait tenté d'y voir un disque politique, mais Cave World est avant tout et surtout une satire, où Sebastian Murphy vient nous hurler ses propres théories du complot. Ils – les lézard évidemment - transforment nos enfants en adrénochrome ("Creepy Crawlers") ! Mes voisins sont différents, ils pensent que la Terre est ronde, ils préparent quelque chose ("Return to Monke") ! Le chanteur, qui avoue bien volontiers avoir pas mal trippé sur les hommes préhistoriques, les compare à des troglodytes repliés sur eux-mêmes, seuls et hargneux derrière leurs écrans d'ordinateurs, trop peu évolués pour être acceptés des autres singes ("Troglodyte"). "The Cognitive Trade-Off Hypothesis" prend le temps de nous exposer la théorie du compromis cognitive, selon laquelle l'acquisition du langage chez l'être humain n'a été possible que grâce au sacrifice d'autres fonctions cognitives, notamment la mémoire à court terme. Voilà qui pose une question : sommes-nous subitement devenus plus cons en nous mettant à parler ? Sebastian, lui, est bien content, car il s'explique ainsi l'origine de son ADD, ou trouble du déficit de l'attention.

Satire encore avec "Punk Rock Loser" et son clip western hilarant, qui se payent la tête du punk du dimanche, le genre même qui vous crie "anarchie !" lorsqu'il a un petit coup dans le nez et possédant toute la panoplie du parfait keupon, mais incapable de mener la vie qu'il revendique. Satire toujours avec "Big Boy", où l'on retrouve l'un des thèmes chers à Worms, la masculinité exacerbée, et les grands garçons finalement un peu seuls. Murphy lui-même se met en scène, non sans un certain sens de l'auto-dérision, dans ce portrait de l'hyperactif se soignant aux amphétamines ("ADD"), ou celui de l'escroc sublime capable de vous expliquer que, non, cette veste est bien lui, il l'avait d'ailleurs bien avant vous ("Ain't No Thief"). Mais plus qu'une simple caricature, les VIAGRA BOYS viennent aussi ici nous cracher à la figure toute la crasse d'une société absurde et de plus en plus cloisonnée.

On s'est longuement étendu sur les textes, cependant n'allez pas croire que la musique passe ici au second plan. Bien au contraire, nos chers Scandinaves franchissent encore un cap et produisent sans conteste là leur meilleur album. Délaissant parfois les sentiers empruntés sur Welfare Jazz, Cave World retrouve également en partie ceux de Worms, à la croisée du punk et du rock stoogien, peut-être moins post-punk qu'à l'accoutumée. Au chant, Sebastian Murphy est intenable, bien soutenu par endroits par le saxophone d'Oskar Carls, qui quant à lui n'oublie jamais de se lancer à corps perdu dans la mêlée dès que l'occasion se présente. Chose qui arrive plutôt souvent, car il y a là des titres qui vous explosent à la gueule sans crier gare et vous entraînent dans une cavalcade furieuse où l'on a tôt fait d'y laisser quelques plumes ("Baby Criminal", "Ain't no Thief"). En outro, le sauvage "Return to Monke" est l'un des sommets du genre, grand moment de folie pure, où tel le gourou d'une secte le chanteur nous répète leave society, be a monkey, leave society, be a monkey !. Mais même quand le groupe calme le jeu, les compos restent nerveuse, toujours animées d'un groove massif et hypnotique ("Troglodyte", "Punk Rock Looser"). Avec "Big Boy", Murphy nous la joue encore une fois à la Tom WAITS, mais le morceau reste assez lourd et dispensable, de même que la présence un peu forcée de Jason Williamson (SLEAFORD MODS) sur le dernier couplet. En revanche, on apprécie la prise de risque sur les excellentes "ADD" et "The Cognitive Trade-Off Hypothesis", dans une veine plus electro pour la première, plus pop pour la seconde.

Épuisés, les VIAGRA BOYS ont annulé de nombreuses dates européennes à l'été 2022 afin de récupérer avant l'automne et de passer un peu de temps avec leurs familles. Les déçus ont été fort nombreux, mais personne ne leur en veut vraiment : cette troisième offrande pardonne tout. Ne vous y trompez pas, derrière la provocation se cache un grand album, ne promettant rien d'autre qu'un retour sur scène des plus tonitruants. Incontournable.

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- Tor Sjödén (batterie)
- Oskar Carls (saxophone, guitare)
- Elias Jungqvist (claviers)
- Sebastian Murphy (chant)
- Linus Hillborg (guitare)
- Henrik Höckert (basse)


1. Baby Criminal
2. Cave Hole
3. Troglodyte
4. Punk Rock Loser
5. Creepy Crawlers
6. The Cognitive Trade-off Hypothesis
7. Globe Earth
8. Ain‘t No Thief
9. Big Boy
10. Add
11. Human Error
12. Return To Monke



             



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