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VIAGRA BOYS - Street Worms (2018)
Par JOVIAL le 21 Février 2020          Consultée 1244 fois

VIAGRA BOYS nous vient de Stockholm et c'est ce que les médias appellent un supergroupe. Cinq gus recrutés parmi les plus prometteuses écuries du pays pour en former une autre, meilleure, forcément meilleure, cependant baptisée comme pour un groupe d'adolescents attardés, comme si tout cela n'était finalement qu'une vaste blague. Et si vous les avez considérés comme tel, il est encore temps de les prendre au sérieux. Car leur premier album était sans doute l'un des plus attendus de l'année 2018 – du moins par les amateurs du genre, après une tournée explosive dans toute l'Europe et deux E.Ps très enthousiasmants, Consistency of Energy en 2016 et Call of the Wild en 2017. Les derniers éventuels sceptiques en seront pour leurs frais, Street Worms prouve que le quintet suédois mérite ô combien l'effervescence actuelle autour de sa personne. À un moment où la scène post-punk ou son avatar revival tournent en rond, la formation scandinave en propose une alternative réjouissante.

VIAGRA BOYS, c'est avant tout une rythmique. Un groove massif, métronomique, hypnotique, cocaïné, porté par une batterie carrée et une basse bien lourde qui vont à l'essentiel, sans fioritures. Débarque ensuite un chanteur, sorte de Shane Mc Gowan californien aux dents blanches, éructant, gueulant comme un beau diable à en faire saturer son micro. Jogging et lunettes noires à la ville comme à la scène, bide à bière tatoué et démarche parfois vacillante, le lascar n'est toutefois pas là pour nous dégueuler ses souvenirs de cuite. Enfin pas seulement. Sebastian Murphy nous parle aussi de virilité, de tous ces rois du sport, rois du sexe, rois de la panne parfois, rois bourrés, heureux crétins finis dont les vers dévoreront un jour les doigts de pieds avec délectation. Et d'autres trucs encore, dont on n'est pas toujours sûr de bien comprendre le sens. Quel genre de sandwich à la crevette évoque donc "Shrimp Shack" ? Et que vient faire ma mère dans l'équation ? Ça grince, c'est corrosif, c'est bon. Encadrant l'énergumène, interviennent aussi une guitare accrocheuse, qui parfois suit la basse dans ses boucles infernales, et des claviers pour une touche plus électronique, presque indus. Enfin, petite originalité, un saxophone s'est également tapé l'incruste, tantôt discret et taquin, chatouillant nos oreilles en se calant sur la guitare, tantôt fou, se lançant alors dans de courts soli déglingués et jubilatoires.

VIAGRA BOYS, c'est aussi le jeu du chroniqueur qui multipliera le plus possible les comparaisons. Faites le test chez vous entre amis ou en famille : appelez vos voisins, et allez donc jeter un œil aux nombreuses critiques de la Toile. Le groupe suédois descendrait ainsi en droite ligne d'Iggy POP, de Nick CAVE, de SUICIDE, d'IDLES, de The FALL, des SLEAFORD MODS, des TALKING HEADS, de NEU!, de FAT WHILE FAMILY et on en passe. Ça fait du monde à inviter pour la communion. Risquons une autre analyse : Street Worms, c'est la new-wave qui retourne à sa matrice originelle, entre les seins du punk-rock, nourrie à la coke et au houblon. C'est un post-punk déniaisé, cathartique, qui se remet à brailler comme au premier jour, crasse et chtarbé, sans pour autant – ô joie – essayer de sonner rétro.

VIAGRA BOYS sort souvent les muscles. Citons ainsi "Down in the Basement", excellente carte de visite, la nerveuse "Frogstap" ou bien encore la transe éreintante de "Shrimp Shack". Dans le même registre que cette dernière , "Amphetanarchy" ne méritera certainement pas plus d'explications, tout est déjà dans le titre. Un cran au-dessous, "Sports" reste le hit bien fêlé de l'album, mais pas forcément son meilleur morceau. Et lorsque le groupe consent de temps à autre à baisser le niveau de décibels, il y a aussi du très bon. Interdiction totale de faire l'impasse sur "Just Like You", fantastique slow punk qui prend aux tripes et fait serrer les dents. "Worms" enfin, et son atmosphère affligée, d'une très grande justesse, tranche net avec le reste du disque. On pourrait croire encore à de l'humour noir, néanmoins Sebastian nous parle ici surtout de nos proches, de notre famille et de ses propres angoisses. L'optimisme est oblique mais sincère, la mort réunit tous le monde, un jour, sous terre avec les vers.

VIAGRA BOYS donc, c'est bien, ça fait grandir, mangez-en. Ce n'est certes qu'un premier album, pas totalement exempt de défauts par ailleurs, parfois un peu trop linéaire, mais l'essentiel est là. Street Worms est surprenant, énergique. On rêve déjà d'un petit frère. Que dire de plus ? On la fait cette blague ? Ouais. VIAGRA BOYS est vraiment bandant.

À écouter d'urgence : "Down in the Basement" et "Just Like You".

Note : la réédition CD de 2019 comporte cinq pistes bonus.

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- Sebastian Murphy (chant)
- Henrik Höckert (basse)
- Tor Sjödén (batterie)
- Oskar Carls (saxophone)
- Benjamin Vallé (guitare)
- Martin Ehrencrona (claviers)


1. Down In The Basement
2. Slow Learner
3. Sports
4. Best In Show
5. Just Like You
6. Shrimp Shack
7. Worms
8. Amphetanarchy



             



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