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Blind Willie MCTELL - The Syncopated Country Blues Of Blind Williemctell (2022)
Par LE KINGBEE le 4 Octobre 2022          Consultée 672 fois

Ah … … les joies du domaine public peuvent rapporter gros d’autant plus quand la mise se résume à peanuts ! Le label de réédition Jasmine Records édite une compilation consacrée à Blind Willie McTELL, bluesman itinérant et roi de la 12 cordes, alors qu’une soixantaine de recueils du même acabit a déjà vu le jour. Mais l’occasion faisant le larron, profitons de cette publication pour revenir sur le parcours de cet étrange musicien.

On ignore avec exactitude l’année de naissance de Willie Samuel Mc Tell, plus connu sous le nom de Blind Willie McTell. De nombreuses encyclopédies donnent la date de 1898, mais deux chercheurs proposent 1903 selon un examen plus récent du recensement américain de 1910. Cela ne change pas grand-chose à la donne, me direz-vous, le bonhomme bouffant les pissenlits par la racine depuis plus d’une soixantaine d’années.

Né aveugle d’un œil, Willie se met très tôt à la musique en intégrant plusieurs écoles pour non-voyants. Enfant, il perd son second œil suite à un glaucome dégénératif. Il apprend le braille, étudie l’harmonica et l’accordéon avant de bifurquer vers la guitare, instrument dont il va développer une remarquable technique en finger picking. Mais contrairement à de nombreux bluesmen et prédicateurs itinérants, McTell utilise une guitare à douze cordes. Durant les années vingt, suite au décès de sa mère, il prend la route et embrasse le métier de musicien itinérant.
Virtuose éclectique, aussi à l’aise dans le Blues du Piémont que dans le Ragtime, il excelle aussi dans le Vaudeville, le Spiritual, le Hillbilly et le Holly Blues. Parallèlement, il peaufine sa pratique du bottleneck, technique qui lui permet de rivaliser avec les virtuoses hawaïens, adeptes de la guitare à plat, tels Sol Hoopii ou King Bennie Nawahi.

Etabli à Atlanta, Willie enregistre ses deux premiers 78-tours en octobre 1927 pour la RCA. En 1930, il enchaîne pour la Columbia sous le nom de Blind Sammie. Au fil des ans, le guitariste enregistre sous plusieurs pseudos (Pig’n Whistle Red, Georgia Bill, Hot Shot Willie) pour différents labels (Bluebird, Okeh, Vocalion), fait équipe avec Curley Weaver, Fred McMullen, se produit avec sa compagne Ruth Willis puis avec Kate Mc Tell sa future épouse. Le couple met en boîte cinq 78-tours pour Decca.
En novembre 1940, John Lomax l’enregistre pour le compte de la Bibliothèque du Congrès. Durant la Seconde Guerre, Blind Willie se produit à Atlanta sur Decatur Street, artère dont il est devenu l’un des piliers. Bien que les modes changent, Blind Willie grave pour le label new-yorkais "Sittin’ In With" des frères Shad, enchaîne pour Atlantic Records sous la houlette d’Ahmet Ertegun puis chez Regal et Savoy. En 1956, Ed Rhodes, propriétaire d’un magasin de disques enregistre une vingtaine de titres en échange de bouteilles d’alcool de maïs et d’une poignée de dollars, les faces seront éditées en 1961 par Prestige/Bluesville sous l’intitulé "Last Session". Blind Willie McTell n’a jamais connu un de ses albums de son vivant. Le guitariste décède à Almon, dans sa Géorgie natale, des suites d’un AVC après avoir été roué de coups par une bande de voyous qui lui ont dérobé sa guitare. Blind Willie vivait dans le dénuement le plus total alors que certains de ses 78-tours atteignaient des prix astronomiques dans certaines salles d’enchères.

Le titre "The Syncopated Country Blues" fait référence au Piedmont Blues, registre ayant connu son apogée durant les années 30 jusqu’au début de la décennie suivante avec les succès de Josh White et Blind Boy Fuller auprès du public noir.
Parmi les 26 pistes (durée 70 minutes 42), le compilateur incorpore en ouverture un morceau tiré d’un single Atlantic sous le nom de Barrelhouse Sammy, sept titres issus d’un album Atlantic jamais publié, six faces en provenance de trois singles Regal et enfin douze titres gravés en mai 1950, piochés dans une compilation éditée par le label Biograph (principalement des faces enregistrées par Regal). Si le compte est bon, vous obtenez un total de 26 pistes.

La majorité de ces titres dévoilent un finger picking joué à trois doigts sur une douze cordes et un usage intensif de slide qui pourrait s’avérer monotone pour un auditeur néophyte. Le jeu de guitare révèle également quelques inflexions avec les grands guitaristes hawaïens et le jeu de Savannah Shepard, l’un des grands praticiens du Blues d’Atlanta. Le chant haut en couleur reprend toutes les caractéristiques du Blues lié à Atlanta. McTell est aussi expressif sur les ragtimes que sur les Blues profonds inspirés du Grand Sud et du Mississippi.

Parmi ces 26 pistes, "Savannah Mama" rend un hommage appuyé à Savannah "Dip" Shepard avec un Blues profond. "Pal Of Mine" enregistré en mai 1950 tient autant de la balade Hillbilly que d’un Blues des Appalaches. Sous une slide délicate, "River Jordan" se déguste à mi-chemin entre Spiritual et Holly Blues. On peut penser que Blind Willie jouait ce morceau à la sortie des églises, les croyants n’étant jamais si généreux que lorsqu’ils perçoivent des louanges chantées au Seigneur. On pourra (ou pas ?) apprécié sa gouaille et son jeu de gratte sur "Pinetop’s Boogie Woogie" entre Boogie et Ragtime. Enfin signalons en ouverture la puissance de "Broke-Down Engine Blues", titre gravé sous le nom de Barrelhouse Sammy que reprendront John Hammond et Bob DYLAN dans l’album "World Gone Wrong".

Ce CD permettra aux amateurs de Piedmont Blues, aux néophytes et aux curieux de découvrir un artiste qui n’aura pas profité du Folk Blues Revival. Le guitariste demeure connu pour sa composition "Statesboro Blues", standard popularisé plus tard par Taj MAHAL et l’ALLMAN BROTHERS BAND. Pour les amateurs d’anecdotes, Bob DYLAN, fervent admirateur du géorgien, a écrit une chanson portant son nom, morceau repris entre autres par The BAND, Lucinda WILLIAMS et Chrissie HYNDE. Afin d’être complet, on peut regretter que le compilateur n’ait pas incorporé certains titres Decca ou Vocalion avec Kate McTell et Curley Weaver, cela aurait permis d’éviter une sonorité trop linéaire. Mais cette compilation demeure un excellent exercice de vulgarisation pour ceux qui souhaitent découvrir le Piemont Blues et plus particulièrement la pratique de la 12 cordes.

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- Blind Willie Mctell (chant, guitare)
- Curley Weaver (guitare 9-1-11-12-13-14-15-16-17-18-19-20-21-26)


1. Broke-down Engine Blues
2. Dying Crapshooter's Blues
3. Pinetop's Boogie Woogie
4. Blues Around Midnight
5. Last Dime Blues
6. On The Cooling Board
7. Motherless Children Have A Hard Time
8. Soon This Morning
9. Don't Forget It
10. A To Z Blues
11. Good Little Thing
12. You Can't Get Stuff No More
13. Love Changin' Blues
14. Savannah Mama
15. Talkin' To You Mama
16. East St. Louis
17. Wee Midnight Hours
18. Pal Of Mine
19. Honey, It Must Be Love
20. Sending Up My Timber
21. Lord Have Mercy If You Please
22. It's My Desire 3:35
23. Hide Me In Thy Bosom
24. River Jordan
25. How About You
26. Trying To Get Home (climbing High Mountains)



             



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