Les peintures de l'Allemand Michael Handt inspirées des paysages nordiques dans une veine XIXème siècle, en exergue sur la pochette et dans le livret sont une bonne raison de s'intéresser au nouvel album du Français Vincent Blanot alias BERLIN HEART ; non pas la seule, heureusement !

The Low Summit est un second effort de qualité (après Mute in the Sea, 2020) dans un style folk-rock progressif tour à tour heavy et planant. L'album a été enregistré en trois ans et mixé/masterisé par Florian Doué, comme pour le précédent.

"Think loud and never come back", "pensez fort et ne revenez jamais", est une belle phrase accompagnant le projet pour toute la verve voyageuse en musique qu'il peut contenir. Le concept, qui n'en est pas vraiment un à proprement parler, s'inspire de l'espace certes, de 'landscapes' européens tels que montrés sur l'artwork du disque (par ailleurs disponible en digipack !), mais aussi beaucoup du temps et de ses cycles naturels, à petite ou grande échelle.

Les guitares acoustiques en introduction sur "The Poringland Oak" appellent le fan d'Anthony PHILLIPS en toute bienveillance, mais très vite, des vocalises se font entendre. Notez que ce morceau court, tout comme le dernier "Mousehold Health" plutôt axé sur des claviers planants, est doté d'un son de vinyle.

Entre instrumentaux et chansons, parfois longues comme le morceau éponyme, The Low Summit offre une certain nombre de beaux moments sur une durée d'environ une heure. Pour commencer, les parties acoustiques souvent d'un niveau égal : la complainte "Dead Leaves", "The Innocents" avec son balancement folk, ou encore la première partie d'"Aprical Bud", ses arpèges printaniers et ses sons exotiques (balinais ?).

Le violoncelle de Prosper Sibertin-Blanc, tout comme les voix de Blanot/BERLIN HEART ajoutent beaucoup à la finesse des arrangements. "She Dreamed of a Pale Light" n'en est que davantage superbe. Il y a aussi le saxophone de Quentin Thomas, musicien que BERLIN HEART a déjà employé par le passé. Le jazzy "Lost House" déroute un peu plus par sa voix grave du début, au final sans s'écarter de la qualité globale, bien au contraire !

Cependant, l'inspiration multiple trouve un certain ancrage notamment dans les parties électriques. On parlait de sons heavy, progressif, et tout le sel des "Crystal Morning", "Still Life" et "The Low Summit" reposent sur un véritable mur du son metallique, non pas forcément virtuose mais aussi réussi qu'on peut l'espérer hors des ténors du genre. Des sons de cuivres/cordes orchestraux, un soupçon d'électro complètent la fête impressionniste avec brio.

BERLIN HEART décrit joliment sa musique telle que proposée ici par une excursion entre coins obscurs et panoramas lumineux. Les beaux sentiers mais aussi les détours sont plus que recommandés !

Bandcamp : https://berlinheartmusic.bandcamp.com/album/the-low-summit