Deuxième album au bout de huit ans, La Ville Immense nous fait retrouver l'aisance mélodique du collectif SEDONA SUNRISE avec un plaisir certain. Tout comme L'Eglise en 2014, le nouvel album se trouve ancré dans un voyage semi-conceptuel, où les ballades soft-rock se teintent de musique sacrée, belle promesse musicale faite à l'auditeur.

La lumière filtre par moments, mais la lutte demeure forte pour les romantiques face à la perte de l'innocence et dans un monde oppressant. Les frères Vesper et leur entourage musical usent de maints détours pour décrire ces états de fait. "Sparkle" aux onze minutes allègrement dépassées inclut un long monologue de poésie révoltée, Contre-Ordre Contre l'Ordre de l'écrivain-romancier Marien DEFALVARD et lu par lui-même.
L'un des défauts de cette création, outre le son artisanal parfois étouffant lors des passages rythmiques, figure justement du côté des moments dictés, présents dès le premier titre, "Glory". Même si cela reste bien fait et participe à la richesse d'ensemble, il s'agit des seules paroles françaises au sein d'un tout en anglais où l'aspect purement musical demeure le plus évident.
Pour preuve, dès le départ, l'auditeur se laisse conquérir par le piano fragile de "Glory", par ses vocalises fantômes, sa mélodie douce et son développement typé 'slow 70's'. Les rivages californiens percent la brume mélancolique en suavité avec "End of July", unique titre à comporter du saxophone. On note, au-delà de l'efficacité, l'emploi de l'orgue et de la talk-box sur le solo vocal.
Ainsi de suite, pour ce qui est d'un talent collectif qui a déjà fait ses preuves. En termes de ballades folk acoustiques, "Crown of Thorns", oriental-andalou, et "Sterling Kiss", à haute teneur nostalgique, proposent leur formule convaincante. "Over and Out" progresse brillamment d'un rock nébuleux jusqu'à un final très différent au piano ; ce dernier, par un savant enchaînement, débute ensuite "Sparkle" de façon saisissante.
Le même titre enchante par sa mélodie (David Vesper chante tour à tour en falsetto et en voix pleine), sa guitare électrique passée au chorus, et par ses cordes-synthé qui prennent de plus en plus de sens. Si le pont parlé s'avère plus ou moins appréciable, il offre une rupture de choix et lance l'introduction magistrale du choeur religieux. Un peu plus loin, "Morning Son", le très beau final du disque, révèle aussi des couleurs d'hymne dans l'arrangement de cuivres orchestraux.

La musicalité, l'agencement des mélodies sont donc à l'avenant, de nouveau pour un disque de quarante-cinq minutes bien remplies. Le disque existe au format physique digipack ; il pourrait également constituer un bel objet vinyle.