MARILYN est une jeune artiste-compositrice-interprète originaire de Roberval au Québec, ville située sur les bords du lac Saint-Jean, lui-même relié par la rivière Saguenay de façon plus ou moins directe et rapide au grand estuaire du Saint-Laurent. À défaut de la musique, étudiée en bas âge seulement, le Canada rural a toujours nourri son existence ; devenue adulte, elle décide de consacrer celle-ci au théâtre.

Il y a quelques années, MARILYN retrouve le goût au piano mais découvre aussi celui de l'écriture. Elle puise pour cela dans ses diverses rencontres vécues et durant trois ans, s'auto-enregistre vocalement 'at home', ainsi qu'au piano, à la basse et aux percussions. Après de nombreuses démarches pour se professionnaliser, l'une d'entre elles est décisive car la belle artiste obtient le bon vouloir de Daniel Cinelli, producteur parmi les plus en vue du Québec. Il a, entre autres, travaillé pour et avec Elton JOHN, Quincy JONES, Luc PLAMONDON, Phil RAMONE, Wyclef JEAN, Roch VOISINE, Eric LAPOINTE, RIHANNA, MIKA...

Plus en amont du fleuve, dans son propre studio de Montréal, Cinelli co-réalise et apporte les finitions à quatre chansons pour MARILYN, dans le but de constituer son premier EP dont elle est productrice. Si l'étiquette pop plane naturellement sur cette chanteuse, si les éléments sont réunis pour conquérir un large public encore sensible à la musique 'vraie' autant qu'à la personne, rappelant ainsi les heures riches de la variété d'antan, il est décidé de mettre en avant une certaine forme d'identité.

MARILYN ne fait pas que chanter, ou susurrer, parler même comme on pourrait le croire à certains moments comme "Vivre entre les lignes" où le nom de Serge GAINSBOURG est justement cité. Elle a sa façon de faire, donne une saveur toute particulière, semble faussement approximative, choisit des notes que l'on n'attend pas sur des harmonies pourtant simples. En atteste la première chanson, ponctuée d'images simples aux paroles mais déroutante d'un point de vue mélodie, avec son refrain aigu et ses notes qui 'frottent'.

La création de MARILYN, avec son piano conducteur et ses orchestrations de slow langoureux où dominent claviers comme boîte à rythmes, puise à la fois du côté classique de la variété et, en même temps, nous emmène où elle veut, quitte à renverser les codes. La démarche n'est pas sans rappeler ce que produit la Belge divine Mathilde FERNANDEZ, avec moins d'électro ici, plus d'intimité au contraire et moins d'audace dans une voix dont la forte personnalité demeure évidente (et pour une fois, on ne tient pas à citer Kate BUSH à tout prix !). La pochette tape-à-l'œil est extrêmement bien choisie : rose ado-enfantin et innocent dilué par un portrait bariolé, plus que l'inverse !

À la nostalgie (amoureuse ?) de "Parfois" s'ajoute la sensualité débordante de "L'amour à mort", petits soupirs et son de caméra en tournage inclus dans un ensemble où l'effet de tourbillon est perceptible, sans parler de noirceur réelle, guère plus que de sucre à l'excès. La basse et une touche latino sont également à retenir sur celle-ci. La voix de MARILYN, doublée ou non, marque encore davantage sur les deux titres restants, au cours des développements choisis.

Les paroles bien senties ("Tu pourrais faire un effort, arrête d'agir en connard !"), le ton 'walk' sur le pont, sont complétées sur "Santa Maria" par une verve québécoise, un marimba venu appuyer cette dernière marche lente teintée de surréalisme ("À Santa Maria, j'écoute les Pixies et je regarde en bas, les gens qui s'immortalisent").

Beau et bien fait, plaisant et surprenant, cet EP est idéal pour une porte d'entrée, tout en amenant les auditeurs à découvrir une musicienne pleine de promesses et de délices. Comme souvent toutefois, on remarque la limite des moyens employés et notamment l'absence d'apports extérieurs en termes d'instrumentation qui pourraient, à l'avenir, enrichir pareille personnalité. De même, l'expérience et un nombre supérieur de chansons !

Bandcamp : https://marilyn.bandcamp.com/releases