« Clothing design : Kevin Clare Hair stylist and makeup : Valerie Corabi ». Voilà ce que vous pouvez trouver dans le livret de l'album Cycle Of The Moon de PROPHET. Et ceux-ci sont cités avant les techniciens guitares, batterie et basse. Cela est assez symptomatique d’une époque où le Hard Rock (FM) était régenté par de règles et des stéréotypes assez précis. Et qui voulaient que les membres des groupes, de ce que l’on appelait le Hard FM, aient un look plus que travaillé en termes de maquillage et de coiffure.
Bienvenu(e)s dans le Hair metal ! Pourtant, cette importance du « paraitre » ne doit pas éclipser le fait que certains groupe ne misaient pas tout sur la forme et que le fond pouvait se montrer bigrement intéressant.
C’est ainsi le cas avec le groupe PROPHET.

Nous sommes à une époque ou ce que l’on appelle le Hard FM a le vent en poupe. Et les américains de PROPHET, qui ont commencé en tant que groupe de reprises (QUEEN, BOSTON, KANSAS, STYX…) dans le New-Jersey, donnent une suite à leur premier album sorti en 1985, de manière très confidentielle. Mais avec ce deuxième album, à la pochette bien étrange, Cycle of the Moon le groupe est armé pour partager le succès que remportent alors ses grands frères (le Slippery When Wet de Bon Jovi est sorti deux ans plus tôt). Légèrement plus progressif que les groupes de Hard FM qui trustent alors les charts PROPHET utilise pourtant bon nombre des clichés du genre : claviers, chœurs, chant gentillet, mélodies simples.

Mais, notamment du fait de musiciens talentueux et de compositions relativement accrocheuses, le groupe parvient à se montrer très convaincant. Avec des morceaux bien pêchus comme "Asylum" ou bien "Can’t Hide Love", PROPHET assure vraiment. Ce dernier morceau ayant tout à fait l’étoffe d’un hit. Il en va de même lorsque le groupe s’adonne à l’exercice de style, alors obligatoire, de la ballade. Ici c’est avec "Tomorrow Never Comes" que le groupe se la joue « lover ». Et sans déployer des trésors d’originalité, il nous propose un résultat assez probant.

Et au final, si on ne peut tout de même pas crier au génie ultime, il est assez difficile de trouver un morceau réellement dispensable. Et l’écoute de cet album se révèle très agréable. Avec comme autre point d’orgue un très chouette instrumental orienté Progressif ("Hyperspace") dans lequel les musiciens font étalage de leurs talents. La réédition de 2011 ce cet album inclut un inédit, "Hard Loving Man" qui, bien que légèrement plus rugueux que les autres morceaux originaux, se fond bien dans l’ensemble. Pour la petite histoire, le guitariste et bassiste (et également principal compositeur du groupe) Scott Metaxas rejoindra plus tard le groupe de Thrash NUCLEAR ASSAUT. Ce qui n'est pas du tout intuitif à l'écoute de ce disque.

Un très bon album auquel il ne manquait vraiment pas grand-chose pour crever le plafond. Et qui peut encore s’écouter avec plaisir, si on est sensible à ce style. Les réfractaires au Hard FM ou à l’AOR trouveront certainement Cycle Of The Moon un tantinet caricatural.