Oscillant à la croisée des chemins de VINTAGE CARAVAN (en moins lourd), de BLUES PILLS (en moins Blues) et de KADAVAR (en moins DOOM), nous arrivent les frenchies de DOCTOR DOOM avec leur deuxième album A Shadow Called Danger.
Le quintet pratique un rock psychédélique bien ancré dans les années 70. En effet, son nom est un peu trompeur. Il faut s'imaginer qu'il évoquerait plus fidèlement le groupe DOCTOR STRANGELY STRANGE (dont un album de raretés vient de sortir) que le style DOOM.
Les guitares sont omniprésentes, alternant des parties claires et d'autres bien plus grasses et sombres. Elles sont bien supportées pas une basse également très présente et efficace, mais qui aurait mérité d'être mixée un peu plus en avant.
Quelques petites intervention de claviers enrichissent le propos du groupe. Le chant, en anglais, est professionnel, avec un accent qui passe très bien. Le groupe, tout en pratiquant un style, pourtant pas très 'grand public', parvient à se montrer facile d’accès, un peu à l’image des BLUE PILLS.
Le plaisir est réel avec des titres de la trempe de l’entraînant "What They Are Trying To Sell", un morceau plutôt rapide qui incorpore pourtant des passages plus lents et grandiloquents. Ainsi qu'avec le tout autant véloce "Connected By The Worst" qui comprend également des parties plus posées.
Mais lorsqu’il se fait plus Bluesy et plus lourd, DOCTOR DOOM sait également se montrer diablement intéressant comme en témoigne "Hollow" sur laquelle le chant, légèrement éraillé, se révèle de très bonne facture.
Pourtant, c’est dans ce domaine que le groupe pourrait devenir encore plus efficace, la voix étant un peu trop mixée en arrière et manquant de ce fait un peu de présence et de puissance. La sorte de voile qui l’entoure pénalise trop souvent son impact. Un défaut que l’on ne retrouve pas sur le très bon et jouissif blues-rock "In This Town".
L’album s’achève avec une interprétation personnelle du thème "Sarabande" de Friedrich HAENDEL (Suite N° 4 en Ré mineur), qui, à défaut d’être renversante, apporte de la fraîcheur et du relief à l'album. Deux des domaines qui pénalisent un peu les morceaux que je n’ai pas cités. Par chance, ce manque de relief et de nervosité ne touche qu’une minorités de morceaux puisque l’album n'en comporte que huit (dont la durée dépasse tout de même toujours les cinq minutes, à l’exception de "Sarabande"), et que cinq d'entre eux m'ont séduit.
A noter la très belle illustration de la pochette, un dessin en noir et blanc avec un unique renard colorisé.

Au final, A Shadow Called Danger est un album de blues-rock/rock psychédélique 70’ très agréable, réalisé avec professionnalisme. Il ne manque vraiment pas grand-chose pour que l’extase soit totale. Peut-être pourrait-on suggérer aux musiciens de se lâcher un peu plus et de se montrer légèrement plus extravertis et démonstratifs.
Mais, ce dernier point ne doit pas éclipser le fait que DOCTOR DOOM nous propose là un très bon album de rock 70'.