Une carrière exemplaire : pour ceusses qui ignorent qui est ce monsieur déguisé en membre du ku klux klan et dont l’oeil gauche a un sacré problème – momentané on l’espère -, et bien vous faites face au chanteur guitariste des STRANGLERS, ouais pas moins que ça les blaireaux, vous êtes nuls de pas l’avoir reconnu, co-leader d’un des groupes fondamentaux du punk, esprit libre armé d’une voix magnifique et d’une guitare sachant attirer l’attention. Hugh a pris ses distances avec le star system en partant du gang des étrangleurs, un peu comme quand Bruce DICKINSON a laissé derrière lui la vierge de fer, en 90 mais pour le punk. Cette offrande autoproduite a la pochette pétaradante est déjà le dixième de la carrière solo de notre artiste, qui n’a plus rien à prouver du haut de ses 72 ans.

Quelques aspects sont révélateurs de sa carrière passée, nonobstant l’absence notable des claviers envahissants d’un Dave Greenfield, mais il n’en demeure pas moins que "Coming Out Of The Wilderness" aurait pu figurer sur un Feline ou un La Folie. Ce joli riff de guitare et cette manière si originale de marquer le rythme, halala ! La charmante vidéo montre avec humour ce que Mr CORNWELL pense de notre société et propose le retour a la nature direct ! "When I Was A Young Man" est une putain de profession de foi, tout y passe : papa, maman, avec les divers sentiments que Hugh ressent vis à vis du temps qui passe. On est dans un prototype digne des meilleurs moments des STRANGLERS, si ce n’est que la basse de JJ Burnel est vraiment impayable, on s'en doutait. C’est punk avec une légère petite touche de pop comme les KINKS savaient en dispenser dans les sixties.

Et ça continue fort ! On croirait être en compagnie du CLASH avec cette rythmique fruste de gratte sur "Moments Of Madness", comme si Joe Strummer était la pour accompagner son pair. Ce petit coté rocksteady laidback est tout mignonnet, on se surprend à taper du pied et doucement headbanguer de la tête avec ferveur. La guitare a elle seule me laisse ravi. Puis voyez donc ce petit riff de gratte sur "Too Much Trash"...c’est pas bon ça ? On se croirait revenu aux plus beaux jours de la fin des seventies à Londres, à l’époque ou la musique mainstream pouvait être du rock burné. On sait pas bien ce que Hugh veut nous dire, mais il est évident qu’il y a trop de poubelle dans le coin ! Ce mec est un condensé de la musique alternative a lui tout seul, non mais quel talent ! Et quelle simplicité dans l’exécution !

La basse de "Heartbreak At Seven" prouve tout de même que notre homme a passé l’essentiel de sa vie de rock star aux cotés de l’un des plus grands bassistes de l’histoire. Quelle efficacité ! Et cette voix jamais prise en défaut, la guitare n’est pas en reste, et ce petit solo nimbé de reverb est très chouette, la wah wah déchire, Hugh nous atomise avec des sons light mais diablement addictifs, ouais man on se verra de l’autre coté ! Pour une conclusion en voila une ! Et puis comment passer à coté de "Beware Of The Doll" ? De son ambiance a la Tarantino ? Comme si Hugh avait souhaité finir direct sur le dernier film de Quentin. Cette gratte crépusculaire qui enrobe un chant sépulcral, ce mec me surprendra toujours avec les ambiances qu’il est capable de créer, c’est très réussi.

Les titres restants ne déméritent pas : "Red Rose" est l’unique single sorti de cette album en Mars de cette année, un petit coté fifties avec cette guitare que n’aurait renié ni Hank Marvin des SHADOWS ni Duane EDDY. Un petit coté garage est présent sur "I Wannabeinsideya", la simplicité des structures, la texture sonique qui porte le sceau de la grande aventure des seventies. "Looking For You" me ramène à l’époque New Wave des étrangleurs, ce refrain est éminemment propice aux années 82/83. Enfin, il se souvient aussi de ses première influences, ce rythme rockabilly sur la grotesque "Lasagna", ça vaut son pesant de caramels mous non ?

Tout ceci est très intimiste, original mais toujours modeste dans le ton, jamais Hugh ne la ramène et c’est cet élément de simplicité qui donne toute sa valeur a cet album. Quand on pense que ce mec de 72 ans n’a rien à prouver a quiconque et a tout fait lui même : les instruments, la production, la composition… Voila qui a le mérite de la dynamique et de l’énergie. Combien d’artistes de cette génération peuvent se targuer d’une telle démarche ? Pour cette raison et pour une évidente et omniprésente qualité, ce moment de dinguerie récolte un superbe quatre et la sélection ! Bravo Hugh !