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2022 Ace Of Blues

Angela STREHLI - Ace Of Blues (2022)
Par LE KINGBEE le 14 Janvier 2023          Consultée 602 fois

Native de Lubbock (patrie de Buddy HOLLY) où elle voit le jour en 1945, Angela STREHLI se passionne très vite pour la musique, se lançant dans l’apprentissage du violoncelle, de la basse et de l’harmonica. Mais alors qu’elle poursuit un cursus universitaire en sociologie, c’est en écoutant du Gospel dans une église de Chicago qu’elle trouve sa voie et décide de devenir chanteuse. Fin sixties, elle s’établie à Austin (Texas) fait équipe avec Lewis Cowdrey avec lequel elle fonde The Fabulous Rockets. Elle enchaine au sein de Sunnyland Special puis devient choriste du James Polk And The Brothers *.
En 1972, Angela franchit un palier, monte une nouvelle formation Southern Feeling avec les guitaristes W.C. Clark et le regretté Denny Freeman. Mais c’est véritablement au sein de l’Antone’s, le club de Clifford Antone que les choses vont se décanter. Si Angela s’occupe brièvement de la régie son et du relationship avec les vedettes programmées, elle enregistre son premier disque en 1987 avec "Soul Shake", album dans lequel figurent Mel BROWN, Denny Freeman et le batteur George Rains. Trois ans plus tard, elle grave "Dreams Come True" en compagnie de Lou Ann BARTON et Marcia Ball. En 1993, c’est chez Rounder Records qu’elle apparait avec "Blonde & Blue" enregistré en compagnie de l’organiste Reese WYNANS. La suite s’avèrera hélas des plus mince avec "Déjà Blue" édité par House Of Blues, suivi de "Blue Highway" enregistré avec toute la crème des musiciens d’Austin. Installée en Californie où elle s’occupe du Rancho Nicasio, un restaurant bar barbecue où elle programme avec son mari Bob Brown des concerts pouvant accueillir jusqu’à 600 spectateurs. Angela a enregistré un Live dans son antre californienne en 2001, une autoproduction passée inaperçue En 2012, elle apparaissait au sein de The Blues Broads en compagnie de Tracy NELSON, Dorothy Morrison et Annie Sampson (ex STONEGROUND), publié en CD et DVD par Delta Groove. En presque cinquante de carrière, la discographie d’Angela Strehli s’avère des plus mince et cette sortie inattendue sur le légendaire label Antone’s la remet au goût du jour.

Si ses œuvres sont rares et espacées dans le temps principalement pour cause d’écriture personnelle, Angela change ici ses habitudes avec onze reprises rendant hommage à des artistes qu’elle a vu sur scène dont une partie qu’elle a côtoyée. Alors qu’elle n’avait pas mis un pied dans un studio d’enregistrement depuis 17 ans (hormis l’enregistrement au sein du projet Blues Broads) cet album est évidemment attendu au tournant. Produit par la chanteuse et son mari, mixé par Kid Andersen, décidément souvent présent dans des disques recommandables, cet opus bénéficie d’une production soignée (on n’est jamais mieux servi que par soi-même), d’une qualité sonore excellente et d’un superbe livret intérieur richement illustré d’anciennes photos nous renvoyant sur son parcours. Edité en partenariat avec New West, cet opus a également le mérite de relancer la label Antone’s Records.

Enregistré au Laughing Tiger Recording Studios à San Rafael, à 50 bornes au nord de San Francisco, sous la houlette d’Ari Rios aux consoles, "Ace Of Blues" propose un beau parterre d’accompagnateurs dont l’ossature s’articule autour du guitariste Mike Schermer (ex Elvin BISHOP, Charlie MUSSELWHITE, Bonnie RAITT), le bassiste Steve Erhmann (ex Roy Rogers, John Lee HOOKER), le batteur Kevin Hayes (Robert CRAY, Debbie Davis, Curtis Salgado) et d’une section cuivre dirigée par le fidèle harmoniciste Mark "Kaz" Kazanoff et le sax Rob Sudduth (ex COMMANDER CODY, Huey LEWIS). A cette troupe, plusieurs copains se sont précipités afin de prêter main forte à l’icone texane à l’instar du pianiste John Allair (Van MORRISON, Country Joe McDonald) ou des Sons Of The Soul Revivers, un ensemble Gospel de premier plan.

D’entrée de jeu, on se retrouve scotché par la montée des cuivres sur l’intro de "Two Steps From The Blues" comme si les trompettes de Jéricho sonnaient un psaume. Superbe compo de Don Robey popularisée par Bobby BLAND, cette reprise lance l’album sur de bons rails d’autant qu’elle ne s’éternise pas en pure perte. De la Soul, on n’en retrouve avec "Ace Of Spades" **, autre compo de Robey magnifiée par O.V. WRIGHT en 1970. A aucun moment, Angela ne force sur sa voix tandis que la section cuivre place la chanteuse sur des charbons ardents. Une version très propre se situant au niveau de celles de Missy ANDERSEN et Zora Young. Petit détour vers Memphis avec "Trying To Live My Life Without You", petite pépite chantée par Otis Clay dans les studios Hi de Willie Mitchell. A l’image de l’original, les cuivres apportent de l’ampleur, Angela nous renvoyant au cœur du Memphis Sound, alors que les Sons Of The Soul Revivers font naitre en arrière-plan un décor d’église. Autre plage dédiée à la Soul avec "More And More", un inusité de Little Milton repris par BLOOD SWEAT & TEARS, selon nous le maillon faible de l’album.
Angela change d’orientation avec "Person To Person", un R&B qu’on attribue souvent par erreur à Elmore JAMES, mais cocréation du saxophoniste Teddy McRae et de Charles Singleton. La guitare prend une coloration vintage tandis qu’Angela s’offre un excellent tour de chant entre la version d’origine d’Eddie "Cleanhead" Vinson et celle d’Elmore James, l’un des rois de la slide. Titre d’à peine 150 seconde, Angela nous offre une interprétation respectueuse tant en termes de la durée que de l’accompagnement qui place la chanteuse sur un piédestal.

L’intro d’harmonica sonnant down home blues de "I Love The Life I Live" nous renvoie vers le prolifique répertoire de Willie DIXON. Si le titre fut enregistré pour la première fois par Muddy WATERS pour Chess Records, il fera l’objet une proche variante (voir pompage) avec l’interprétation de Mose Alisson. Quoiqu’il en soit, les deux versions seront reprises à moult reprises au fil des décennies. Avec son intro d’harmo brut de décoffrage, cette version rejoint allègrement celles de Willie Buck, James Blood Ulmer ou Mud Morganfield, l’un des nombreux rejetons de Muddy Waters. "Gambler’s Blues" propose une immersion dans le West Side avec ce long Slow Blues popularisé par Otis RUSH, mais composé sans succès par BB KING. Là, la guitare de Mike Schermer prend son envol tandis que Strehli se fait plus dramatique. Autre grand classique avec "Howlin’ For My Darling" d’Howlin’ WOLF, titre rarement pris par la gente féminine. Si Angela n’imite pas le loup comme Chester Burnett (elle s’y essaie en toute fin de morceau) elle met assez d’intensité pour nous faire passer un bon moment. Autre pièce entre Mississippi Blues et Swamp avec "Take Out Some Insurance", accrédité à Jimmy REED. On ignore avec exactitude qui est le véritable auteur de la chanson. Le single Vee Jay indique un certain Jesse Stone, probable pseudonyme de Reed. Certaines rondelles d'autres artistes accréditent le titre au tandem Charles Singleton/ Wally Hall. Toujours est-il que c’est sous forme de shuffle que le titre est repris ici avec une rythmique aussi squelettique que l’original.

Dès les premières notes, on reconnait "You Never Can Tell", tube mid sixties de Chuck BERRY. Si le titre a été mis à toutes les sauces, il connaitra une résurgence via les reprises d’Emmylou HARRIS et son incorporation à la bande son de "Pulp Fiction" de Tarantino. Si Bill Gibson tient les baguettes, on remarque le piano bastringue de John Allair, tandis qu’Angela se montre d’une sobriété aussi déconcertante qu’efficace. On se laisse encore prendre par le rythme et les paroles : "It was a teenage wedding, and the old folks wished them well - You could see that Pierre did truly love the mademoiselle - C'est la vie, say the old folks, it goes to show you never can tell".

Angela a gardé de profondes influences de ses découvertes dans les églises noires, c’est ainsi que la septuagénaire reprend toujours un Gospel lors de ses concerts. Ici, tel le messie, elle redonne vie à "I Wouldn’t Mind Dying", un vieux titre Specialty de Dorothy Love Coates & The Original Gospel Harmonettes. Sans exagération, on se croirait revenu à l’âge d’or du Gospel avec cette interprétation pleine de vie et de conviction ; l’appui des Sons Of The Soul Revivers renforce la crédibilité et la ferveur du morceau. Pour un peu, on irait presque se faire offrir l’hostie à la messe du dimanche et plus surement un godet de vin de messe avec une musique si entrainante.

Seule composition, Angela achève l’opus avec "SRV", une douce ballade Folk Blues en mémoire du regretté Stevie Ray VAUGHAN, qu’elle a bien connu et conseillé quand il était ado. Le texte ne sombre pas dans le pathos mais bien au contraire nous remet en mémoire les belles tranches musicales de l’homme au chapeau, décédé prématurément dans un accident d’hélicoptère. Là encore la guitare pleine de délicatesse de Schermer se révèle flamboyante reposant sur un texte touchant : "Last night, I was dreaming about you - Oh, how nice to see you again - I wonder if you knew - How many hearts you changed …".

Les grincheux penseront qu’il s’agit là encore d’un album constitué de reprises à 90%, les autres, à l’image de votre humble serviteur, penseront que la chanteuse rend un brillant hommage à d’anciennes pointures qu’elle a pour la grande majorité côtoyée. Le parcours sans tâche et très en retrait des sunlights de cette icone du Blues Texan parle pour elle. Ajoutons-y la qualité de la production, de l’orchestration et d’un répertoire sincère sortant de l’ordinaire et vous avez là une galette qui sort assurément des sentiers battus. Les photos de Susan Antone à l’intérieur du vinyle sont un petit plus. Existe également en CD.


*James Polk deviendra chef d’orchestre pour Ray Charles.
**Titre homonyme à ceux de Link Wray et Motörhead.

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- Angela Strehli (chant)
- Mike Schermer (guitare)
- Steve Ehrmann (basse)
- Daquantae Johnson (basse 7)
- Kevin Hayes (batterie)
- Bill Gibson (batterie 5)
- Paul Revelli (percussions 10)
- Mike Emerson (claviers)
- Jim Pugh (orgue 8)
- Rob Sudduth (saxophone, chœurs)
- Johnnie Beaumont (saxophone)
- Marvin Mcfadden (trompette,)
- Johnny Allair (piano 2-5)
- Mark Kazanoff (harmonica 4)
- Lisa Leuschner (chœurs 5-8)
- Walter Morgan Jr. (choeurs 8-11)
- Dwayne Morgan (choeurs 8-11)
- James Morgan (choeurs 8-11)


1. Two Steps From The Blues
2. Person To Person
3. Ace Of Spades
4. I Love The Life I Live
5. You Never Can Tell
6. Gambler's Blues
7. Howlin' For My Darling
8. Trying To Live My Life Without You
9. Take Out Some Insurance
10. More And More
11. I Wouldn't Mind Dying
12. Srv



             



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