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1978 The War Of The Worlds

Jeff WAYNE - The War Of The Worlds (1978)
Par MARCO STIVELL le 21 Janvier 2023          Consultée 431 fois

Au rayon science-fiction en musique, il n'existe certainement aucune œuvre plus britannique que cette version de War of the Worlds (La Guerre des Mondes) par Jeff WAYNE. Le roman original de H. G. Wells, publié en 1898, étant lui-même un pilier du genre, bien avant que ce dernier ne devienne très américain au cours du XXème siècle entre les Ray Bradbury ou les George Lucas d'un côté et l'autre, on peut parler de juste retour des choses en sachant que l'hommage de WAYNE est resté dans la trentaine d'albums top ventes made in England. Certes, ce succès ayant pris forme en 1978, l'année après Star Wars, est de fait bien ancré dans son époque, en plus de trouver son public essentiellement dans les pays principaux du Commonwealth : outre la Grande-Bretagne, le Canada, l'Australie et la Nouvelle-Zélande, marchant aussi plutôt bien en Belgique et aux Pays-Bas.

Jeff WAYNE est né à New York et a passé une bonne partie de son adolescence aux States, mais le reste du temps, y compris durant son enfance, il est british. Compositeur et claviériste prolifique d'abord au service de l'illustration sonore, ses créations des années 70 sont utilisées pour des pubs anglaises et notamment d'alcool (celle qu'il écrit pour le gin Gordon sera reprise par les new-wavers HUMAN LEAGUE sur leur album Travelogue en 1980). En 1973, WAYNE participe au premier album du chanteur rock et acteur David ESSEX, période des plus grands succès de ce dernier et ils tournent ensemble durant les années suivantes. Quatre ans plus tard, en 77, l'artiste écrit la BO de Golden Rendezvous, thriller sudafricain où il croise, de loin en loin, les acteurs Richard Harris et John Carradine. Entretemps, un projet d'envergure a germé dans sa tête et pris forme petit à petit.

C'est son propre père Jerry, comédien lui-même, qui lui suggère La Guerre des Mondes au moment où il veut adapter une oeuvre passionnante, alors qu'il hésite entre 20000 Lieues Sous les Mers de Jules Verne et Le Meilleur des Mondes d'Aldous Huxley. Ensemble, ils achètent les droits d'adaptation du roman de Wells et en six semaines, aux studios Advision, nord de Soho, qui ont vu passer les YARDBIRDS, The MOVE et la scène progressive de YES à P.F.M., Jeff WAYNE parvient à faire jaillir une bonne partie de l'ensemble de ce qu'il voit comme un concept-album ou une comédie musicale. Tout s'échelonne sur trois bonnes années, y compris l'intervention d'un personnel notoire et de qualité.

WAYNE, concentré sur la musique, fait intervenir Gary Osborne, ancien chanteur qui devient par la suite parolier d'Elton JOHN en remplacement temporaire de Bernie Taupin, et qui adapte donc ici cette formidable histoire de Martiens venus conquérir l'Angleterre victorienne. Ils ont déjà bossé ensemble en 1969 pour une pub Lego, et leur création d'alors se voit développée en chanson baptisée "Forever Autumn", intégrée au concept War of the Worlds. Sont appelés les musiciens accompagnateurs parmi les plus efficaces tels le bassiste Herbie Flowers (T. REX, SKY), le guitariste Chris Spedding et son trop méconnu collègue Jo Partridge. On rencontre aussi le percussionniste Ray Cooper, pour faire un autre lien avec futur Sir Elton.

En partie pour hommage à son père, WAYNE veut de 'l'acting'. Tout l'aspect théâtral se fait par le biais d'un journaliste décrivant l'invasion extraterrestre et la mort imminente de la civilisation humaine, jusqu'au retournement 'savoureux' dû aux microbes terrestres, inconnus des Martiens et leurs robots guerriers ! Ce rôle revient parfaitement à Richard Burton, grande sommité anglaise y compris pour sa vie débridée, que votre serviteur a apprécié dans le trop sous-estimé film d'espionnage Quand les Aigles Attaquent aux côtés de Clint Eastwood (1969). Aux côtés de longues chroniques monologues, il y a bien sûr des mélodies. Outre l'ami David ESSEX, les chanteurs Justin Hayward des MOODY BLUES, Chris Thompson du MANFRED MANN'S EARTH BAND et Phil Lynott de THIN LIZZY sont partie prenante de l'aventure, même s'il fut un temps aussi question de Roger Daltrey (The WHO) et Paul Rodgers (FREE).

Les quatre faces de vinyle pour ce Jeff Wayne's War of the Worlds sont remplies par des morceaux qui dépassent souvent les dix minutes et frôlent le quart d'heure, mais plus que du courant progressif, il faut parler de récréation... disco-rock ! L'intéressé voulait en effet que son oeuvre soit accessible au plus grand nombre, et dès les premiers instants de "The Eve of War", après le lancement de Burton et une grande attaque orchestrale digne de BEETHOVEN, le thème est d'emblée repris en ce qui est la musique la plus commerciale de cette époque, paillettes et petite flûte des Andes incluses. Il en va de même ensuite pour tout l'ensemble des 1h45 globales ou presque, avec selon cette kitscherie que les rockeurs condamnent vite, ou bien cette musicalité que l'on reconnaît chez les vrais musiciens.

Certes, tout n'est pas au même niveau, la répétition du thème principal est monnaie courante et parfois un peu trop, mais la densité de l'oeuvre, construite sur de longs mouvements, reste indéniable, tout comme ses changements de tons, ses perles cachées. Pour les amateurs de synthés en vogue tels que le Yamaha CS-80 et l'ARP Odyssey, la Jeff Wayne's War of the Worlds peut constituer un plaisir non-coupable, avec des ambiances planantes comme des attaques simulées avec imitations de mitraillettes terriennes ou rayons laser martiens. À ce titre, il convient de saluer le travail de Ken Freeman, quand WAYNE préfère les pianos et clavecins. Le propos est maîtrisé, haut en couleurs, et tout amateur de science-fiction devrait écouter cet album sorti avant que les séquenceurs et autres machines électro ne deviennent systématiques.

De plus, le classic-rock sous forme épique demeure bien présent avec un début de "Hosell Common and the Hear Ray" bluesifiant et soigné, des feedbacks de guitare judicieux, des éléments cosmiques saupoudrés d'instruments orientaux. Le synthé agressif à la fin de "Artilleryman..." est un bonheur, comme la distorsion des choeurs pendant la récitation de Burton, ou à différents degrés, le faux slow "Dead London", l'optimisme musical et cynique de "Brave New World" chanté par ESSEX etc.

Ne parlons pas alors du plaisir inestimable d'avoir un chanteur comme Justin Hayward, tout en finesse connue depuis une grosse dizaine d'années, qui mélodifie les pensées de Burton et auquel la complainte californienne "Forever Autumn" sied parfaitement. De même, quel bonheur d'entendre Phil Lynott en Parson Nathaniel, représentant de l'humanité au désespoir et en folie, éructer comme il sait le faire sur les "Red Weed", rapport aux 'plantations' funestes des Martiens pendant leur avancée. Ce sont des moments musicaux tout aussi poisseux que brillants de grandiloquence ; notons aussi d'ailleurs l'étonnant second épilogue avec papa Wayne en opérateur de la NASA qui s'ancre plusieurs années après la victoire humaine, et qui n'est pas forcément un 'happy end' ! À la base dans le livre de Wells, il n'y a pas de rôle féminin, mais Gary Osborne a écrit le rôle salutaire de Beth, femme de Nathaniel, pour Julie COVINGTON, choriste des plus sensuelles. De quoi offrir un duo fleuve et magique avec Lynott, "The Spirit of Man" !

Ce disque, avec ses qualités comme ses défauts, mais surtout ses qualités, et un peu l'oeuvre d'une vie. Jeff WAYNE, dont c'est le seul effort discographique, en fera des tournées aussi bien que des nouvelles versions, en gardant quelques fidèles auprès de lui comme Justin Hayward. À suivre !

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   MARCO STIVELL

 
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- Richard Burton (narration)
- Justin Hayward, David Essex (chant)
- Chris Thompson, Phil Lynott (chant)
- Julie Covington (chant)
- Jerry Wayne (voix)
- Jeff Wayne (pianos, clavecin, direction musicale)
- Ken 'prof' Freeman (synthétiseurs, orgue, piano électrique)
- Chris Spedding (guitares)
- Jo Partridge (guitares, mandoline, voix)
- Herbie Flowers (basse)
- Barry Morgan (batterie)
- Barry De Souza, Roy Jones (percussions)
- Ray Cooper (percussions)
- Paul Hart (piano)
- George Fenton (tar, santûr, cithare)
- Billy Lawrie, Gary Osborne, Paul Vigrass (choeurs)
- Geraldine 'pest' Wayne (effets sonores)


1. The Eve Of The War
2. Horsell Common And The Heat Ray
3. The Artilleryman And The Fighting Machine
4. Forever Autumn
5. Thunder Child

1. The Red Weed (part 1)
2. The Spirit Of Man
3. The Red Weed (part 2)
4. The Artilleryman Returns
5. Brave New World
6. Dead London – Part 1
7. Epilogue, Pt. 1
8. Epilogue, Pt. 2 (nasa)



             



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