Encore un album 'au milieu de nulle part' pour Nils LOFGREN, son seul et unique en plus de dix ans. Le bonhomme semble s'être apaisé, goûtant les joies d'une vie de famille quand il n'est pas sur scène avec Bruce SPRINGSTEEN et le E STREET BAND (en 2011, on est juste avant la période Wrecking Ball où un certain Tom Morello de RAGE AGAINST THE MACHINE va venir un peu voler la vedette au Suédois).

Old School a beau proposer une pochette bariolée – depuis l'album hommage à son ami Neil YOUNG, notre lutin guitariste semble avoir laissé tomber les gribouillis/peintures pour retrouver les joies de poser en photographie – sa distribution reste assez confidentielle. À l'inverse de la plupart des autres albums de LOFGREN, il n'est pas proposé en écoute légale mis à part YouTube, grâce au compte de l'intéressé.

C'est pourtant un bon album, un de plus. Avec son intro blues roulante basse-batterie-guitare saturée, chouettement groovy et avec le 'petit' caractère du bonhomme en termes de chant, celui-ci nous garde en terrain connu. Pas totalement cela dit car le refrain est garni de cuivres, pour changer. Il ne s'agit que d'une couleur toutefois, puisqu'on ne les retrouve ensuite, et moins audibles encore, sur "Dream Big", plus convaincante avec son ambiance épique, voire mystique.

Là où LOFGREN ne surprend guère, c'est par sa tendance à de la qualité musicale, aux bonnes idées, même si on peut, pour le début d'album en tout cas, reprocher un son électrique massif et trop compressé. La guitare nourrie d'inspiration west-coast offre de bons effets décalés sur "60 Is the New 18", où LOFGREN, qui fête alors son soixantième anniversaire, apparaît tout jeune homme. Il confie le clip de "Miss You Ray" (clin d'oeil au 'genius' Ray CHARLES) aux étudiants de l'Arcadia High School à Phoenix, en Arizona, chez lui donc.

Avec "Amy Joan Blues", il dédie une ode sympathique au rythme appuyé, énergique et séductrice, à sa chère et tendre Amy Joan Aiello-Lofgren. Sur "Ain't Too Many of Us Left", d'un couplet à l'autre, il passe de la guerre de Sécession à ses propres déboires (le placement de ses prothèses de hanches en 2008), mais il est possible également qu'il mentionne les deux amis perdus du E STREET BAND, Clarence 'Big Man' Clemons et Danny 'Phantom Dan' Federici. Et c'est un Nils LOFGREN plus à fleur de peau que jamais qui nous livre ces merveilles folk que sont "Let Her Get Away" et "When You Were Mine", pleines de nostalgie, de gravité, des cordes et de beaux claviers.

La conclusion de l'album, "Why Me" est torturée autant qu'elle entraîne avec sa country légère et son double solo de guitare étiré, mais deux des meilleurs titres restent justement ces titres routiers que sont "Love Stumbles On" ainsi que "Just Because You Love Me". Ce dernier, avec quelques évocations springsteeniennes ('Cadillaaaaac, Cadillaaaaac!'), aurait mérité d'être un tube, doté d'un crescendo soigné s'il vous plaît.

Et encore, au coeur de l'album, il y a "Irish Angel", rare chanson ici conduite par le piano, pour une ballade contenant certes une belle progression celtique dans la mélodie. Tel un jeune amoureux, en toute élégance (cordes, douceur), Nils mentionne d'abord la fille aimée qui l'a quitté pour aller vivre en Irlande, la 'terre de ses aïeux', avant de revenir sur les premiers instants bénis où il l'a rencontrée, où pour la première fois il a senti des papillons dans son buste. Quelle belle fragilité, quelle classe, monsieur ! On est un peu en-deçà d'anciens albums comme Breakaway Angel (2001), mais pour sûr, LOFGREN est toujours un camarade des plus appréciables.

Note réelle : 3,5