Cela fait près de vingt-cinq ans que GENTLEMAN porte bien haut l’étendard du Reggae allemand. Avec PATRICE, il est certainement le représentant le plus important de ce style outre-Rhin. Pourtant, Mad World n’est que son huitième album.

On y retrouve le Reggae moderne, mâtiné de DanceHall, qu’il affectionne depuis ses débuts. Cependant, ce dernier album en date diffère profondément de son prédécesseur paru deux années plus tôt. En effet, là où Blaue Stunde était quasi exclusivement chanté en allemand, Mad World est totalement chanté en anglais. Ce qui correspond mieux au message universaliste du bonhomme, mais atténue un peu sa singularité. Comme il l’avait déjà montré à ses débuts, le Colonais d’adoption se montre très à l’aise dans cette langue, se permettant même, à l’instar de SELAH SUE, de copier l’accent et le phrasé des Rastas jamaïcains.
Ce changement a probablement été facilité par son comparse de longue date, DADDY RINGS, qui l’a épaulé dans l’écriture de tous les textes. Même la reprise du "Mad World" de TEARS FOR FEARS a vu son texte modifié par le duo DADDY RINGS/GENTLEMAN.
Pour ce qui est des musiques, il a fait appel à certains des membres de l’incontournable (en Allemagne) maison de production JUGGLERZ. Et c’est le trio composé de SIR JAI, DJ JOPEZ et DJ MESKA qui est à l’origine de la plupart des titres de Mad World. Et le résultat est plutôt réjouissant, à l’image de l’imparable "Over The Hills", un Reggae entraînant et lumineux. On y retrouve le chanteur en très grande forme. Même lorsqu’il s’oriente vers des morceaux plus typés DanceHall, comme le très rythmé "Fight For No Reason" ou bien "Can't Lock The Dance", et donc pas forcément aussi accessibles, il sait se montrer efficace. Ce dernier morceau, sur lequel son collègue ghanéen, STONEBWOY, vient lui prêter main-forte, est d’ailleurs une belle réussite, le duo parvenant à conjuguer l’aspect quasi martial du DanceHall et des parties très mélodiques.
Le flow de GENTLEMAN est toujours aussi percutant. Qu’il se montre agressif, comme c'est le cas de "Fight For No Reason", ou bien qu’il adopte un phrasé plus posé, comme il le fait sur "Island Breeze" qu’il partage avec la chanteuse jamaïcaine ETANA. Même si, dans ce dernier cas, on peut supposer que sa voix a bénéficié d’un traitement un peu plus poussé lors de la production, celle-ci étant dotée d’un léger écho.
Certes, lorsqu’il se la joue 'lover', comme avec "Jah Only", GENTLEMAN se montre moins intéressant car moins singulier. De même, la reprise de "Mad World" évoquée précédemment n’est pas forcément renversante, tout au plus sympathique.
Mais, cela n’est pas en mesure de remettre en question la qualité générale de ce très bon disque de Reggae moderne et inspiré.
J’évoquais PATRICE en introduction, il est a noter que celui-ci intervient à la guitare sur "Defining Love", un titre pour lequel il est également crédité en tant que compositeur. Cette collaboration entre les deux patrons du Reggae allemand fait plaisir à voir.
Vraiment, il s'agit d'un beau retour de mister GENTLEMAN.