Oh pétard !
30 ans !! Déjà !?
Pas autant pour moi, mais cela fait tout de même drôle de se rendre compte que cela fait 26 ans que j’ai découvert le premier album de SINSEMILIA dans un bac de la médiathèque du Val d’Argenteuil. Et environ 22 ans que le groupe ma scotché un soir de Décembre 1999 à L’Elysée-Montmartre…
Loin de se lamenter sur le temps qui passe, le groupe a décidé de fêter son anniversaire de bien belle manière. En nous proposant un album qui ne se contente pas mesquinement d’être un vulgaire best of agrémenté d’un ou deux inédits ou version Live.
Non, SINSEMILIA a vu les choses en grand en nous proposant un magnifique coffret de trois CD gorgés de trente titres tous plus surprenants les uns que les autres. Bon, il existe également une version qui ne comprend que treize morceaux, mais je vous recommande grandement le coffret, tant il comporte nombre de pépites.

L’album s’ouvre sur le pêchu et efficace "La tête haute", porté autant par la voix de MIKE que par une qualité d’écriture des plus réjouissante.
Il se poursuit avec l’émouvant et d’actualité "De nouveau" qui est soutenu par un riddim très légèrement Reggae et se révèle bourré de charme. Le chant de RIKE, parfois doublé par une voix féminine, y est particulièrement envoutant. On reste un peu dans le même registre avec "Prendre le temps", un morceau apaisé, aux sonorités quasi folk. Puis déboule "A l’échelle d’une vie" et son énorme intro qui évoque certains morceaux de BIGA RANX, et qui se veut plus puissant avec sa rythmique implacable qui s’impose lourdement.

Les morceaux défilent et force est de constater que la plupart du temps, le groupe fait mouche, en parvenant tout à la fois à nous surprendre et à nous charmer.
A surprendre avec de magnifiques versions acoustiques de certains de leurs anciens morceaux, comme c’est le cas avec "J’préfère cent fois" (Résistances, 1998) et avec "Née elle" (Tout c'qu'on a…, 2000). Ou alors avec une version tout en sobriété de "Tout le bonheur du monde" (Debout, les yeux ouverts, 2004), qui n’a pas besoin de plus qu’un piano et une voix pour nous emporter. C’est l’occasion de rendre hommage de bien belle manière à la qualité des paroles et des mélodies de ces titres. L’exercice ne se révèle pas toujours magique, et parfois le résultat peine à convaincre, comme cela peut être le cas avec "La flamme (Résistances, 1998), qui pâtit ici d’un manque de pugnacité. Mais cela reste très rare.
Les surprises viennent également des nombreuses participations sympathiques que comprend le disque. A commencer par le groupe TRYO qui participe à la reprise de "Prendre le temps" (Tout c'qu'on a…, 2000), dans une version toute en douceur et en légèreté qui tranche avec la manière plus « groovy » avec laquelle SINSEMILIA exécute habituellement ce titre en live. L’album Tout c'qu'on a… est particulièrement à l’honneur puisque le groupe invite le savoyard VANUPIE à poser sa voix si particulière sur une sublime reprise de "Le futur". Son chant, qui n’est pas sans évoquer celui d’un enfant ayant ingurgité du papier de verre, se révèle extrêmement touchant et très efficace.

On peut également mentionner l’intervention du Producteur MANUDIGITAL qui booste "Reggae addicts connection" (Un autre monde est possible, 2015) en mettant en avant les featuring de BALIK (DANAKIL), NAAMAN, Yaniss ODUA, KOMLAN et BOUCHKOUR de (DUB Inc). Ainsi que la présence, une nouvelle fois de BALIK et GUIZMO (TRYO) sur une nouvelle version de "Nourrissons nos cerveaux" (A l’échelle d’une vie, 2019).
Au regard de la qualité des performances scéniques de SINSEMILIA il aurait été surprenant que ce coffret ne comporte aucun témoignage de leurs concerts. C’est fait avec plusieurs morceaux qui montrent à quel point les SINSE font partie des meilleurs tueurs de bals français. A ce titre, on ne peut qu’apprécier le magnifique enchainement "Et si" / "Feu de vie" où les cuivres boostent le rythme et laisse apparaitre toute la puissance du groupe sur scène.

Mais, si cela fait plaisir de redécouvrir ces anciens titres dans de nouvelles versions, ce coffret ne comporte pas que des reprises, il contient également des morceaux originaux à l’image du très actuel "De nouveau". Un très beau titre à la saveur mélancolique qui évoque la fin du/des confinements. Ou bien "Je te souhaitais", un clin d’œil attendrissant à leur tube "Tout le bonheur du monde », qui mêle déclaration émouvante d’un père à sa fille devenue adulte et fatalisme devant le temps qui passe.
Alors forcément, avec une tel quantité de titres et la volonté de surprendre, tout ne peut pas être parfait, ou du moins plaire à tout le monde de manière inconditionnelle. Au regard de ma sensibilité, je me serais bien épargné le dispensable "Embrasser la paix", et je ne garderai pas un souvenir impérissable des nouvelles versions de "La flamme" et de "Douanier Around The World" qui me semblent peiner à tenir la comparaison avec leurs exceptionnelles versions originales.
Mais bon, Vingt-sept titres pour trente ans, même si c’est beaucoup, cela fait un peu bancal…

Alors, ne boudons pas notre plaisir et profitons de ce très joli cadeau que nous offre ce groupe majeur de la scène Rock Reggae française. Et saluons l’effort qui consiste à ne proposer aucun morceau déjà publié et à présenter le groupe sous un éclairage nouveau.