C'est à la fois une surprise et à la fois non. BIZARRAP, deejay le plus en vue d'Argentine et l'artiste le plus attendu, le plus écouté même, spécialiste du single-featuring, vient de publier un nouveau numéro de ses "BZRP Music Sessions" qui n'ont jamais de titre. Ce volume 53 fait intervenir une artiste parmi les plus populaires et très en vue dans l'actualité people du moment.

BIZARRAP s'inspire à la fois de David GUETTA et de SKRILLEX, mais malgré des sons trap en vogue et toujours plus-que-discutables, il arrive à en tirer de bonnes choses, en partie parce que l'EDM coule également dans ses veines. Ses singles précédents en donnaient la preuve, mais là, c'est le moment de vérité puisqu'on n'est plus dans les featurings avec des locaux. Quitte à délaisser sa chère trap, il passe à la vitesse supérieure en conviant... SHAKIRA !

En ce moment, on parle d'elle moins pour sa musique que pour ses démmêlés avec son ex-mari footballeur, avec des histoires d'infidélité, de Twingos et belles bagnoles en métaphores qui font rire la plèbe. Il va de soi que nos considérations sur un tel sujet, par manque d'intérêt, s'arrêtent ici, ou presque : comme elle écrit les paroles pour le morceau de BIZARRAP, elle ne peut s'empêcher d'en parler au vitriol, une nouvelle fois.

On le lui pardonne car, contrairement à son autre single du moment, méfait accompli avec les BLACK EYED PEAS et David GUETTA, la qualité est au rendez-vous. Sa voix est déformée dès le départ mais moins graisseuse. BIZARRAP concocte un titre pop funky plutôt bien calibré qui sied à la belle Colombienne, et pas forcément en toute simplicité.

La voix redevient un peu plus naturelle par la suite, offre un verbiage joliment taillé sur une basse-synthé et des accords en nappes qui valent le détour, même si le revival 80's est une autre spécificité. Un pont latino bien pensé conduit à des effets pop-électro mieux marqués sur le dernier refrain. Le falsetto de SHAKIRA, la petite mélodie efficace s'adaptent, au même titre que les rythmes au gré du phrasé vocal, chose qui entraîne un certain nombre de développements sur une durée limitée.

Pas un vrai tube en soi, mais un cocktail d'éléments pop vraiment plaisants qui nous font espérer que si Madame délaisse le rock (prions pour que cela n'arrive jamais), elle se dirige au moins dans cette direction plutôt que vers d'autres "Don't You Worry".