Recherche avancée       Liste groupes



      
ROCK SUDISTE  |  STUDIO

Commentaires (2)
L' auteur
Acheter Cet Album
 

ALBUMS STUDIO

1974 Honest To Goodness

GRINDERSWITCH - Honest To Goodness (1974)
Par LE KINGBEE le 24 Mars 2023          Consultée 539 fois

En préambule, un groupe du même nom fondé par Garland Jeffreys a enregistré un unique album éponyme pour le label Vanguard en 1970. Le répertoire s’orientait sur les traces du BAND du regretté Levon HELM.

Le parcours de certains groupes à l’orée des seventies peut se révéler surprenant. Originaire de Floride, Joe Dan Petty débute au sein des Jokers, enchaine chez les Thunderbeats en compagnie de Larry Rhinehart (futur IRON BUTERFLY) avant de devenir roadie de l’ALLMAN BROTHERS BAND. Joe s’occupe de l’installation du matériel et fait office de manager. Fin 1972, alors que l’ALLMAN BROTHERS BAND fait relâche, Joe décide de monter son propre groupe. Après avoir tenté en vain de recruter Les Dudek, Joe est rejoint par deux anciens membres de Blue Truth, le guitariste Larry Howard et le batteur Rick Burnett (ex United Sounds et Raintree County). Le trio devient quatuor avec l’arrivée du guitariste chanteur Dru Lombar. Basé à Centerville, bourgade au Sud de Macon, le combo prend le nom de GRINDERSWITCH et se produit fréquemment en première partie de l’ALLMAN BROTHERS BAND, WET WILLIE et de MARSHALL TUCKER BAND attirant ainsi l’attention de Capricorn Record.

Phil Walden, big boss du label Capricorn, décide de placer le groupe sous la houlette de Paul Hornsby, ancien guitariste passé aux claviers au sein de Men-Its et du Hourglass, combo dans lequel figuraient les frères Allman, Pete Carr et Johnny Sandlin. Hornsby a de la bouteille, il a été organiste de session pour Irma THOMAS, Doris DUKE, Johnny JENKINS, CAPTAIN BEYOND et s’est lancé dans la production depuis peu sous l’égide de Capricorn ; ses premières productions (Marshall Tucker Band, Kitty Wells) ont connu des critiques positives. Le feeling passe si bien avec les différents membres que Paul rejoint les quatre larrons en officiant aux ivoires.

Enregistré dans les studios Capricorn à Macon, Honest To Goodness a pour son malheur de se retrouver intercalé entre plusieurs disques de renom publiés par le même label (ALLMAN BROTHERS BAND, MARSHALL TUCKER BAND, Elvin BISHOP, WET WILLIE et Bonnie BRAMLETT). Autre bémol, la pochette qui se veut humoristique avec ces quatre péquenots cheminots, chevelus et dépenaillés oriente les acheteurs vers un répertoire Country et non Southern Rock, comme Capricorn en produisait par wagon. Dernier point, si Capricorn demeure la maison de disque phare en matière de Rock Sudiste, la promotion de ce premier jet reste minime, les auditeurs et les radios gardent en mémoire le Live At Fillmore East de l’Allman Brothers Band produit par Tom Dowd, un double album qui atterrira en 2004 dans la Bibliothèque du Congrès.

Au vu de ces diverses précisions, une émanation avec le groupe de Duane Allman (décédé trois ans plus tôt dans un accident de moto) plane sur ce disque. Certains amateurs y verront probablement comme une sous mouture de l’ABB, véritable légende du Rock Sudiste, une sorte de second couteau, mais cela semble quelque peu réducteur du talent de ces musiciens. Comme peut le suggérer son titre, Grinderswitch délivre ici un album simple et honnête ; si certaines pistes semblent faiblardes au niveau des textes, comme si les paroles avaient été écrites à la va-vite, victimes d’un manque d’inspiration, le répertoire diffuse d’autres parfums, diverses influences viennent enrichir le disque. Au gré des pistes, on pense à certaines icones du British Blues (CREAM, John MAYALL) mais aussi à une coloration avec la Stax, principalement via l’orgue de Paul Hornsby. On peut aussi évoquer un rapprochement avec Charlie Daniels Band, reste à savoir dans quel sens.
Le groupe propose ici un répertoire personnel, si Dru Lombar est le plus gros pourvoyeur avec quatre titres (la moitie de l’album), Larry Howard avec deux morceaux et Joe Dan Petty avec un titre viennent compléter le tableau, "Can’t Keep A Good Man Down" provenant de l’imagination des quatre musiciens.

En ouverture, "Kiss The Blues Goodbye" * pose les fondations d’un Blues Rock à la DEREK & The DOMINOS entrecoupé d’un long passage de piano boogie. Si les guitares paraissent complémentaires, le titre aurait mérité un raccourcissement d’une bonne minute afin d’éviter l’impression d’entendre une jam session. On reste sur une lignée similaire avec "Can’t Keep A Good Man Down", un Southern Blues qui évoque le futur et éphémère groupe SOUTHERN HOSPITALITY, le jeu de piano d’Hornsby se pare d’une connotation New Orleans.
La guitare prend une coloration celtique sur "How The West Was Won" (aucun lien avec le western tourné en Cinérama, réalisation conjointe d’Henry Hathaway, John Ford et George Marshall) avant de bifurquer vers un Rock beaucoup plus dur dans lequel la guitare de Dru Lombar s’arroge le premier rôle. Les deux tiers terminant le titre tentent de marcher sur les traces de l’Allman Brothers Band, mais le croisement des deux guitares ne parvient pas à faire oublier le jeu stratosphérique de Duane Allman et le titre finit par s’essouffler en pure perte.

"Eighty Miles To Memphis" s’approche dangereusement d’une mixture entre Charlie Daniels, (le gars qui trouvait sympathique que Bush envoie ses soldats en Irak) et Marshall Tucker Band. Si le rythme s’avère entrainant par l’entremise de la slide et un chant dynamique, cela reste insuffisant pour marquer durablement les esprits.
On connait l’importance du train dans le Gospel, mais le cheval de fer est également un leitmotiv du Rock Sudiste. "Catch A Train" diffuse une ambiance entre Boogie et Rock avec des paroles plus humoristiques, l’histoire d’un gars qui se fait enrubanner par sa belle. Une invitation au voyage pour un titre qui prend le bon wagon. Plus calme, "Roll On Gambler" évoque un paysage du Grand Sud à mi-chemin entre Marshall Tucker Band et Amazing Rhythm Aces, un morceau qui perdure et finit par se perdre en route. Changement de tournure avec "Peach County Jamboree', un mélange plein de vitamines de Jazz Rag et de Boogie dans lequel la guitare et le piano se livrent un beau duel. Terminons par "Homebound", selon nous la meilleure contribution de l’album. Là, le groupe tempère ses ardeurs pour une longue ballade qui pourrait évoquer LYNYRD SKYNYRD, l’orgue de Paul Hornsby impulse un fumet de Deep Soul, tandis que la gratte de Dru Lombar se fait merveilleusement bluesy.

Au bout du compte, si les deux premières pistes lançaient l’album du de bons rails et si "Homebound" sort assurément du lot, ce premier disque ne parvient pas à faire oublier l’Allman Brothers Band. Si GRINDERSWITCH est un honnête second couteau du Rock Sudiste et devait à l’époque être une excellente première partie en concert, cet album ne mérite pas plus d’un 2,5. Ajoutons que deux ou trois pistes (sur un total de huit) s’éternisent inutilement. Néanmoins Honest To Goodnest nous parait bien plus sincère et intéressant que la moitié de la production Southern Rock qui fleurira dans la décennie suivante. Ce disque a été réédité en format CD en 1994 par One Way Records avec un titre Live en bonus.

*Titre homonyme à celui de Luce Drayton.

A lire aussi en ROCK par LE KINGBEE :


BRINSLEY SCHWARZ
Nervous On The Road (1972)
Une des meilleure production anglaise du début 70




DR FEELGOOD
Be Seeing You (1977)
Disque emblématique du pub rock 70's.


Marquez et partagez





 
   LE KINGBEE

 
  N/A



- Dru Lombar (chant, guitare)
- Larry Howard (guitare)
- Dickey Betts (guitare 1)
- Joe Dan Petty (basse, chœurs)
- Rick Burnett (batterie, congas, percussions)
- Paul Hornsby (piano, orgue)
- Jaimoe Johanson (congas 2-3)


1. Kiss The Blues Goodbye
2. Can't Keep A Good Man Down
3. How The West Was Won
4. Eighty Miles To Memphis
5. Catch A Train
6. Roll On Gambler
7. Homebound
8. Peach County Jamboree



             



1999 - 2024 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod