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VARIÉTÉ FRANÇAISE  |  B.O FILM/SERIE

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B.O FILMS/SERIES

1974 Un Linceul N'A Pas De Poches (...
 

- Membre : Bande Originale De Film, Richard Clayderman, Roland Romanelli

Paul DE SENNEVILLE & O. TOUSSAINT - Un Linceul N'a Pas De Poches (mocky) (1974)
Par MARCO STIVELL le 25 Mars 2023          Consultée 807 fois

AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

Quel bien joli titre étiré pour ce qui se révèle être un des meilleurs films de Jean-Pierre Mocky ! Après la noirceur du tandem Solo (1970)/L'Albatros (1971), le cinéaste a tourné Chut ! (1972), très dispensable, le genre devant lequel le spectateur se demande ce qu'il fait là (à part pour la présence de Michael Lonsdale) ; un sentiment qui reviendra souvent avec ses autres satires politiques futures. En 1973, L'Ombre d'une Chance redresse bien la barre avec une ambiance huis clos érotique soft, son film le plus 'hippie' en somme, et de délicieuses actrices (Jenny Arasse, Marianne Eggerickx). Cela continue en 74 avec Un Linceul N'a Pas de Poches, inspiré du roman éponyme en anglais de Horace McCoy (un des tout premiers de la collection Série Noire française) et qui, du haut de ses deux heures dix, explose littéralement les durées des Mocky habituels, sans doute son plus long !

Outre les gueules désormais plus que coutumières de Mocky (Jean-Claude Rémoleux, Dominique Zardi), outre lui-même qui se réserve de nouveau le rôle principal, on y croise tout de même Jean Carmet, Michel Galabru, Michael Lonsdale, Michel Serrault et Jean-Pierre Marielle. Sans oublier Francis Blanche, point vu depuis cinq ans, pour deux scènes qui se révèlent être les dernières de sa vie, une crise cardiaque l'emportant avant qu'il ne puisse réaliser la postsynchronisation vocale (l'immense Roger Carel le double avec réussite).

L'histoire met en scène Mike Dolan, devenu Michel Dolannes en français, un rebelle du milieu journalistique (Mocky donc) qui se fâche avec son patron (Galabru) trop réticent à dévoiler au public les véritables écarts des puissants. Il veut donc fonder son propre journal de dénonciation, bien aidé par la belle et courageuse Mira Barnowski (talentueuse Myriam Mézières qui débute tout juste au cinéma) dont il snobe les avances amoureuses. Toutefois, en face de lui, ses cibles sont de taille : des politiciens véreux aux moeurs douteuses (Serrault et Lonsdale) et un grand médecin (Marielle) qui a mal pratiqué l'avortement dans le seul but de sauver sa carrière. La fin, tragique, peut sembler un peu rapide, mais il n'y a vraiment pas grand-chose à redire sur cette œuvre !

La musique est de Paul DE SENNEVILLE et d'Olivier TOUSSAINT, deux compères qui se sont rencontrés en 1968 et ont officié ensemble au sein du POP CONCERTO ORCHESTRA. Ils créent une société, Delphine Productions (du même prénom que la fille aînée de DE SENNEVILLE), qui abrite entre autres le groupe rock électro et country français ANARCHIC SYSTEM. Elle leur sert avant tout à récolter les fruits de leurs travaux d'écriture et composition pour des grands noms comme Michel POLNAREFF, CHRISTOPHE, Claude FRANÇOIS... Et, plus encore, Richard CLAYDERMAN, dont la "Ballade pour Adeline" écrite par DE SENNEVILLE en 76 et en hommage à sa seconde fille, est un tube interplanétaire typiquement seventies sans chant humain.

Juste avant cela donc, il y a cette collaboration avec Mocky pour une BO qui obtient même son propre et beau 33 tours, et dont le succès est loin d'être négligeable ! Le problème est que la seconde face se révèle superflue au regard de l'œuvre initiale, formant une semi-compilation pour les deux compositeurs qui intègrent une poignée des morceaux 'highlights' du POP CONCERTO ORCHESTRA et de ANARCHIC SYSTEM ayant servi pour d'autres films ! Avec notamment pour ce dernier groupe, un "Starlight" d'obédience groovy entre disco et Brésil, entendu dans Les Démerdards (Par Ici la Monnaie) de Richard Balducci (1975).

Les extraits du PCO sont d'abord le latin-jazz steelydanien "Girl's Romm" pour un obscur film Tamara tandis que pour La Donneuse de Jean-Marie Paillardy (1975), autre film fricotant avec les tabous en mentionnant l'avortement, on a "Nostalgy" et surtout "Romantica Strings" qui porte bien son nom, grande marche funeste tirant sur la corde sensible et toute en belles strates de claviers. "O' Kalender", composition hors-cinéma cette fois et très portée sur les envolées lyriques de guitare, a au moins le mérite de nous montrer différentes facettes d'un duo de musiciens à l'empreinte pas toujours aussi 'rose' et facile qu'elle n'y paraît.

C'est pourtant à Mocky, le seul et unique, que TOUSSAINT et DE SENNEVILLE offrent leur meilleur dans ces années-là, en collaboration avec l'arrangeur/chef d'orchestre Hervé Roy, grande sommité du milieu variété lui aussi (DALIDA, LAVIL, POLNAREFF entre nombreux autres). Oh, bien sûr, notre cinéaste iconique n'en fait qu'à sa tête et joue sur l'économie, ne reprenant qu'un fragment parmi la suite des titres que les intéressés ont réservés pour les séquences restaurant, censées être des tête à tête avec Mira mais qui tournent au vinaigre à cause de la présence des antagonistes.

Musicalement, ces moments-là sont très jazz et chic, piano et contrebasse en avant, avec un violon doux et gracieux, flûte traversière caressante. Le thème 1, nonchalant, révèle une couleur plutôt Erik SATIE. Le thème 3, à trois temps, se veut un peu plus approchant, tandis que le 4 sonne plus blues. Une bien jolie suite qui vaut l'achat du 33 tours ! Même si évidemment, pour le grand public, la vraie raison se trouve ailleurs.

En gros sur la pochette, il est écrit "Dolannes Melody". C'est le générique et thème principal du film, entendu depuis les premiers instants, longuement alors qu'il s'est déjà bien ancré en tête, et que Mocky va répéter jusqu'à plus soif au cours des deux heures et quelques. Un joli slow folk valsé et langoureux, façon soirée d'été au camping des Flots Bleus, avec une flûte de pan conductrice, touchante et séduisante et un clavecin électronique en contrechant, avant que la trompette ne prenne le relais, même si le disque met l'inverse en exergue.

La présence d'une rythmique rock 70's, d'arpèges de guitare classique, de vibraphone voire de cordes achève d'emballer le tout précieusement. Cette 'chanson', en plus de remplir parfaitement son rôle musicalement, incarne bien le personnage de Dolannes, solitaire désabusé et suffisamment courageux pour continuer quoiqu'il arrive, aux dépens de ses proches et témoins, tragique en somme. Sa 'melody', parue en single sous des formes différentes et multiples, surclasse de loin l'accueil réservé au film (beaucoup trop tiède) en s'écoulant à près de 12 millions de copies, soit la moitié de la future "Ballade pour Adeline" ! Cependant la BO échoue aux Césars en 76 face au Vieux Fusil de Robert Enrico, marqué par le décès du compositeur François DE ROUBAIX, vieux collègue de Mocky également pour rappel.

Note réelle : 3,5

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   MARCO STIVELL

 
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- Paul De Senneville, Olivier Toussaint (compositions)
- Hervé Roy, J.c. Borelly (arrangements)


1. Dolannes Melody
2. Musique (2) Restaurant
3. Musique (1) Restaurant
4. Musique (3) Restaurant
5. Musique (4) Restaurant
6. Dolannes Melody (trompette Et Flûte)
7. Dolannes Melody (flûte De Pan)
8. Romantica Strings
9. Starlight
10. Girls' Romm
11. Nostalgy
12. O' Kalender



             



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