En 2011, abandonnant les ruines encore fumantes de son précédent groupe, IPSO FACTO, la jeune et jolie anglaise Rosalie Cunningham fonde avec son compagnon de l’époque, le musicien et producteur Ed Turner, le groupe PURSON nom d’un des rois des enfers. Signés par le label Rise Above, spécialisé notamment dans le Rock Underground et le Doom Metal, le groupe arbore dès lors un visuel mystique et occulte bien illustré par la pochette de son premier opus The Circle And The Blue Door.

Mais qu’en est-il du contenu me direz-vous ? C’est là que les choses se compliquent tant les influences de Rosalie, qui compose presque tout, sont prégnantes et variées : pour résumer les choses simplement nous avons affaire à un OVNI, parfait croisement des grands groupes de 70’S. Il y a du BLACK SABBATH, du DEEP PURPLE, du DOORS, du JETHRO TULL, mais aussi des réminiscences de Janis JOPLIN, JEFFERSON AIRPLANE ou encore KING CRIMSON. L’ensemble est en outre très orienté Rock Psychédélique, les BEATLES étant également bien présents dans les accents plus pop de nos anglais, alors que le son et les instruments utilisés nous plongent directement au cœur du meilleur des 70’S.

Dès le court morceau d’intro, "Wake up Sleepy Head", nous sommes accueillis par un superbe arpège et quelques notes de mellotron, avant que la voix grave de Rosalie nimbée d’une réverbération vintage vienne nous entraîner dans son sillage. Dès lors l’album ne va plus nous lâcher, enchaînant avec une stupéfiante fluidité les morceaux de bravoure, avec des titres variés, riches, et superbement inspirés, portés par une ambiance et une unité qui est la marque des grands albums. La tonalité générale est souvent proche du Hard-Rock, notamment dans un titre comme "Leaning on a Beer" qui débute par une superbe cavalcade guitare claviers, avant un couplet magnifique et un refrain malicieux. On peut en dire autant de "Spiderwood Farm" qui dévoile un riff assez marqué, et un refrain très enlevé et magnifique où Rosalie fait merveille ou encore de "Mavericks and Mystics" drivé par des guitares dynamiques.

Sur "Sapphirre Ward" nous avons droit à un super riff de guitare fuzz très hendrixien, avant que ce titre à tiroirs évolue vers une ambiance évocatrice du Rush de la première heure. Quand débute "Well Spoiled Machine", on pense davantage à une ambiance type DOORS pour un titre à la veine plus progressive. "The Contract" est un morceau plus posé mais baigne dans une ambiance lancinante et fascinante avant l’entrée d’un chant quasi déclamatoire de Rosalie puis des parties instrumentales plus dynamiques débouchant sur le refrain. "Tragic Catastrophe", le morceau de clôture de l’album est porté par une belle ligne de basse associée au mellotron, et un chant plus pop très agréable.

Au rayon des titres plus calmes, on trouve trois merveilles. "Rocking Horse" dévoile un riff et une ambiance magiques avec une montée en puissance parfaitement orchestrée par Rosalie jusqu’à un refrain absolument magnifique; c’est du grand art. Et que dire de "Sailor’s Wife Lament", titre superbe très émouvant et prenant à l’orchestration magique, avec des mouettes et le bruit des flots qui viennent renforcer l’ambiance du titre ? "Tempest and the Tide" est une autre superbe balade, introduite par une belle guitare acoustique alors que le chant de Rosalie prend des accents quasi celtiques parfaitement maîtrisés et délectables jusqu’à un refrain encore mémorable.

Vous aurez compris que cet album est une grande réussite, qui est en réalité l’œuvre d’un duo plus que d’un groupe qui sera constitué par la suite pour les prestations scéniques. Le disque est imprégné du talent et du charisme de Rosalie Cunningham qui s’occupe quasiment de tout, composition, production, chant, guitares, claviers…Au-delà de sa voix magnifique (ce qui sera encore plus flagrant dans ses œuvres ultérieures en solo), c’est la qualité et la maturité de ses compositions qui est stupéfiante : à 23 ans, elle a parfaitement assimilé l’essentiel des enseignements des héros des 60’s et surtout 70’s qu’elle a hérité de son père lui-même musicien. Très belle découverte que cette musicienne à suivre de très près.

Face à un tel talent, et un tel florilège de merveilles, mon 4,5 se transforme en 5.