Recherche avancée       Liste groupes



      
DARK FOLK MACABRE  |  STUDIO

Commentaires (4)
L' auteur
Acheter Cet Album
 

ALBUMS STUDIO

1971 First Utterance

COMUS - First Utterance (1971)
Par K-ZEN le 5 Juin 2023          Consultée 733 fois

COMUS a tout de l’anomalie, inclassable entité au puissant pouvoir fascinateur. Son histoire, brève mais intense, son contenu musical et lyrique inconfortable voire perturbé, mais aussi et surtout son intitulé atypique dans un premier temps.

Selon le point de vue, cet étrange mot désigne chez les Latins soit un dieu symbolisant la joie et la bonne chère ou un démon enchanteur cherchant à tester la vertu des jeunes vierges. On le retrouve souvent accompagné de son dual syntaxique presque parfait Momus, divinité consacrant la raillerie et le bon mot.

À partir de la Renaissance, on constate son apparition croissante dans plusieurs pièces de théâtre et plus particulièrement dans la forme de spectacle de cour que l’on nomme masque créé en Angleterre sous Elisabeth Ière, dont le règne s’établit entre 1558 et 1603. On retrouve ainsi un masque intitulé Comus signé John Milton, honorant la chasteté et présenté pour la première fois en 1634. Une œuvre dont s’inspirèrent nos deux musiciens et étudiants en droit Roger WOOTTON et Glenn GORING en 1968 pour baptiser leur éphémère duo qui allait évoluer bien rapidement en collectif assez conséquent et inhabituel comprenant même violoniste et flûtiste.

Ils sont remarqués dès 1969 par David BOWIE au Beckenham Arts Lab, ce dernier les invitant à se produire en première partie de son concert prévu au London Purcell Rooms. Ayant obtenu un contrat grâce à leur manager Chris Youle courant 1970, ils planchent dans la foulée sur un premier album qui sortira un an après.

Il sera nommé First Utterance, titre dynamique choisi par WOOTTON après avoir terminé l’illustration au stylo à bille que l’on retrouve sur la jaquette, à laquelle on a adjoint le logo arborant un lettrage inquiétant conçu par Tony Kite. On y distingue donc une créature simiesque pathétique, comme accablée sous les coups de boutoir d’une menace invisible lui déformant le visage et déstructurant son corps. Un être écrasé, envoûté par un sortilège obtenu via magie noire qu’une séduisante sorcière lui aurait intenté ? La belle 'Diana' par exemple ?

Choc chamanique entre le théâtre edwardien et CURVED AIR ou vision de l’INCREDIBLE STRING BAND sous mauvais trip d’acide, First Utterance nous invite à une fête païenne médiévale peuplée de personnages douteux contant force histoires sinistres : violence, rituels mystiques, meurtres, maladies mentales mal traitées, érotisme gothique virant au désir insatiable, au viol voire à la nécrophilie.

Ces troubadours agrémentent leurs récits d’une musique sombre et ésotérique, faites d’épopées acoustiques épiques où guitares et flûte sont omniprésentes, en même temps que hautbois et violon, ce dernier revêtant souvent l’aspect de sourde angoisse, on la retrouve traversant le magnifique single "Diana". Quant à la rythmique, elle se voit dédiée aux percussions exclusivement.

Roger Wootton et Bobbie Watson se partagent le chant, créant un contraste subtil et habile. Coexistent ainsi côte-à-côte "Drip Drip", danse folle où l’agressivité et la tension traversant la voix de Wooton sont à mi-chemin de Peter GABRIEL et de Peter HAMMILL, et le merveilleux "The Herald", entièrement immergé dans la magie blanche, comme si les mauvais esprits tapis dans les immensités forestières étaient momentanément repoussés par des voix féminines harmonieuses, manifestation concrète d’un rite druidique.

Difficile d’accès, First Utterance constitue malheureusement un échec commercial, imputable au label selon Wooton : Ils n’ont pas compris le groupe et ont essayé d’enterrer l’album. Ils ne savaient pas comment en parler, il y avait peu de pub et les fans nous ont écrit pour nous dire qu’ils ne le trouvaient pas chez les disquaires.

Malgré cela, ce disque devint par la suite culte, source d’influence dans le cercle du métal mais aussi dans le dark folk. Mikael ÅKERFELDT, chanteur et guitariste au sein d’OPETH, nomma leur troisième album My Arms, Your Hearse d’après une ligne empruntée à "Drip Drip", avant d’utiliser pour une autre chanson une citation extraite de "Diana", titre décidément emblématique repris également par CURRENT 93 sur un de ses albums. La réédition réalisée en 2018 par Esoteric Recordings y adjoint d’excellents bonus : l’unique single sorti par le groupe et ses faces B hautement recommandables ainsi que l’inédit "All the Colours of Darkness".

COMUS se dissout en 1972 avant une rapide reformation sous une nouvelle mouture deux ans plus tard.

A lire aussi en FOLK :


GREAT BIG SEA
Up (1995)
Quoi de neuf docteur?




GLENMOR
Vivre (1972)
Vivre, lutter, aimer, mourir


Marquez et partagez





 
   K-ZEN

 
  N/A



- Glenn Goring (guitare acoustique 6-cordes, 12-cordes, guitare sl)
- Andy Hellaby (basse fender et slide, chant)
- Colin Pearson (violon, alto)
- Roger Wootton (guitare acoustique, chant lead)
- Rob Young (flûte, hautbois, tambours)
- Bobbie Watson (chant, percussions)


1. Diana
2. The Herald
3. Drip Drip
4. Song To Comus
5. The Bite
6. Bitten
7. The Prisoner
8. Diana (maxi-single Version)
9. In The Lost Queen’s Eyes
10. Winter Is A Coloured Bird
11. All The Colours Of Darkness



             



1999 - 2024 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod