Recherche avancée       Liste groupes



      
BLUES/ROCK/FOLK...  |  STUDIO

L' auteur
Acheter Cet Album
 


ALBUMS STUDIO

2013 Horizons
2024 L'Angle

SINGLES

2013 Droit Dans Le Soleil

ALBUMS LIVE

2014 La Cigale
 

- Membre : Noir Désir, Bertrand Cantat

DETROIT - L'angle (2024)
Par K-ZEN le 22 Avril 2025          Consultée 70 fois

En ce printemps 2025, à l’aune du procès Gérard Depardieu et d’une série Netflix concernant Bertrand CANTAT, s’attaquer au dernier DETROIT ressemble à s’y méprendre à s’aventurer sur un chemin terreux sous une pluie battante. Personnellement, cela pousserait même à la récidive masochiste.

Je ne suis aucunement le seul à être soumis à un cas de conscience bien que certains parviennent à s’en accommoder plus facilement que d’autres via une mémoire somme toute sélective. Je songe ici à Libération qui faisait paraître dans ses colonnes courant septembre 2003, soit un mois après la mort de Marie Trintignant, une tribune douteuse signée de l’écrivain Jacques Lanzmann où il diluait les responsabilités du drame, expliquant que là, les mots font plus mal que les coups. Dont acte. Cette position pour le moins audacieuse serait intenable aujourd’hui et à raison.

Plus légitimement, Marianne titrait ainsi le 10 décembre dernier : Peut-on aimer le nouvel album de DETROIT en essayant d’oublier que le chanteur du groupe se nomme Bertrand CANTAT ? Question prosaïque cependant rapidement évacuée, faire comme si le musicien n’était pas là ne constitue qu’une vaste fumisterie étant donné qu’il n’est absolument pas planqué derrière une batterie ou un piano mais est le porte-plume et voix d’une formation désormais structurée en trio.

En effet, au multi-instrumentiste Pascal HUMBERT s’est adjoint Jérémie GARAT détenant notamment guitare et violoncelle. Près d’une décennie après Horizons, voici donc venir L’Angle, comme une suite logique à ceux auxquels on s’était cogné les genoux près de vingt ans auparavant, agrémentant les marbres silencieux et immaculés du Couvent des Ursulines à Montpellier.

D’entrée de jeu, le titre éponyme investit les esprits. Tout en ruptures, conjuguant blues et trip hop via une percussion liquide, la pièce voit un CANTAT de retour à un niveau d’écriture que l’on n’avait pas vu au moins depuis l’escapade monastique languedocienne. Acérée, la plume puise son ancrage poétique dans une réalité implacable (la mention évidente d’un poids des cathédrales ou de schlags pathétiques qui ne feront jamais de moula algorithmique sans doute les produits de réseaux sociaux envahissants), se concrétisant par un chant mi-parlé chassant sur les terres de FERRÉ ou GAINSBOURG.

"Oh Non Non Non" est un autre témoin éclatant de cette renaissance stylistique. Les rafales d’images dessinées via un style qu’on croirait automatique rappellent le fameux homme pressé et ponctuent un titre presque grunge, comme un acerbe appel au grand frère Neil YOUNG. De mêmes revendications sociétales animent les moins explosifs mais tout autant acides "Roseaux Soucieux" offrant une suite à l’aérien "À l’Envers À l’Endroit". Cependant, ces fameux végétaux qui plient mais ne rompent pas sont-ils seulement ceux qui refusent diktats et technologie, n’abandonnant pas leurs yeux au scroll infini ; simples aficionados de la libre-pensée ou au-delà ce public que CANTAT remercie d’être toujours présent malgré doutes justifiés et pression socio-médiatique ?

Ailleurs, hormis la ruade hard rock "Au Royaume des Aveugles", l’humeur est fiévreuse, sans que l’orage ne se concrétise systématiquement au contraire de fantômes du passé impossibles à ignorer, charriant dans leur sillage une odeur de post-incendie âcre. Ce sont "La Beauté" ou l’émouvante prière orientale "Je ne Savais Pas" mettant en scène un narrateur soumis à des yeux lui brûlant encore. La mélancolie culmine sur un "Recueillement" final empruntant son texte à Charles Baudelaire, comme l’avait fait en son temps Jean-Louis MURAT le temps d’un immense "Réversibilité".

Un soleil moribond éclaire les arêtes invisibles de cet hôtel californien bardé de palmiers accablés. Tel un linceul d’illusions perdues que croque le livret d’un disque à la fois écrin et vecteur d’émotions immanquablement impétueuses.

3.5 arrondi à 4.

A lire aussi en FOLK par K-ZEN :


COMUS
First Utterance (1971)
Rythmes mystiques




Tim BUCKLEY
Goodbye And Hello (1967)
Chansons d'un magicien


Marquez et partagez





 
   K-ZEN

 
  N/A



- Bertrand Cantat (chant, harmonica, guitare)
- Pascal Humbert (basse, guitare, clavier, batterie)
- Jérémie Garat (guitare, violoncelle, clavier, mandoline, batterie)
- +
- Quatuor Reseda (cordes)


1. L’angle
2. La Beauté
3. Les Roseaux Soucieux
4. L’hallali
5. Odilon
6. Les Âmes Sauvages
7. Je Ne Savais Pas
8. Oh Non Non Non
9. Au Royaume Des Aveugles
10. Fleur Du Chaos
11. Recueillement



             



1999 - 2025 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod