Voici l’exemple même du groupe dont la progression et la notoriété ont été entachées par la pandémie liée à la Covid, thématique qui semble en ce moment comme oubliée de nos grands décisionnaires. Alors que la formation enregistrait son second disque avec à la clé un bon paquet de dates, la tristement célèbre Covid-19 est venu mettre un frein aux beaux projets.

Avec cette pochette pleine de couleurs, les SOUL MOTIVATORS reviennent en forme, bien décidés à contrecarrer le contretemps. Basée à Toronto, la formation avait déjà opéré un petit virage en remplaçant Lydia Persaud par Shahi Teruko, chanteuse puissante et plus communicative. Ce troisième opus reprend les concepts des précédents recueils : une combinaison de Funk et de Retro Soul dans laquelle les différents instruments s’engouffrent dans une fusion festive, rythmée et dansante. En clair, des tempos à coloration vintage idéale pour enrayer la morosité actuelle.

Dès "Raise a Glass", la résolution Funk prend incontestablement le pas sur les différents éléments liés à la Soul. La voix vitaminée, une guitare funky à souhait, des claviers lorgnant sur la sonorité des Soul Investigators de Nicole WILLIS, un épandage cuivré plein de souplesse nous renvoient à une ambiance seventies. Rien de nouveau, Baby Charles, Sharon JONES ou Charles BRADLEY avaient montré la voie au début du nouveau millénaire, sauf que Voltaire Ramos et ses sbires impulsent une connotation nettement plus Funk parsemée de parfums psychédélique. La section rythmique rompue au groove reste une excellente gardienne du temple, ce qui n’empêche pas la batterie de prendre quelques libertés comme en atteste "Power !". Si le timbre de Shahi Tekuro est toujours aussi volontaire et charismatique, l’orchestration bourrée de breakbeats nous conduit sur les traces de Dykes & The Blazers et des JB’s de James BROWN.
Léger changement d’ambiance avec "Let’s Do It Together" à l'intro accrocheuse. Si le titre reste sur la même lignée que ses prédécesseurs, la section cuivre s’empare d’une coloration proche des brass band de la Nouvelle Orléans par le biais d’une trompette qui crache le feu pour un titre toujours aussi rythmé. Sur "Jim Nasty", pièce totalement instrumentale, les pizzicatos de guitare se font plus proches d’une résonance à la Shaft, impulsant encore un autre décor. Après tant d’effervescence, The Soul Motivators laissent retomber la pression avec "It Is What It Is", une combinaison de Soul Pop Jazzy avec la présence de choristes qui n’est pas sans rappeler une atmosphère proche de Rufus (groupe de Chaka KHAN). On reste encore entre deux eaux avec "Try (A Little Bit More)", titre qui flirte dangereusement entre Nu Soul Jazzy et Retro Soul. Si la voix est toujours aussi puissante voire par moment déclamatoire, la mélodie et les arrangements puisent, selon nous, beaucoup trop dans un répertoire proche d’Alicia KEYS.
Le timbre plein de peps et des cuivres qu’on croirait tout droit de Porto Rico, apportent une dimension latine à "Everything’s Gonna Be Alright", titre d’influence Rufus, tandis que la guitare dessine une ambiance cosmique.
Enfin "One For The Heads" avec son refrain aussi répétitif qu’obsédant pourrait servir de titre synthèse au recueil. Les cuivres toujours aussi enthousiastes et les percussions pleines d’envie diffusent un climat parfumé de touches latines et de Retro Soul, deux registres dédiés à la festivité et à la danse.

Enregistré au Taurus Studio et produit par Patric McGroarty, ce nouvel opus témoigne d’un fort dynamisme dans lequel Funk, Soul, R'n'B sans oublier un soupçon d’influences latines convergent dans le même sens, celui du punch et de la vitalité. Porté par "Raise a Glass" et "Let’s Do It Together", l’album édité par le label indépendant Do Right ! Music bénéficie aussi d’une excellente cohésion, la plupart des musiciens jouant ensemble depuis des années. On regrette juste des passages de claviers parfois trop rudimentaires. Le groupe est annoncé à Londres en mai. A ranger entre Sharon JONES & the Dap-Kings, Nicole Willis, The SWEET VANDALS et Lee FIELD.