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VARIÉTÉ INTERNATIONALE  |  B.O FILM/SERIE

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1984 À Mort L'Arbitre (Mocky)

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2005 Impromptu Dans Les Jardins Du ...

Alain CHAMFORT - À Mort L'arbitre (mocky) (1984)
Par MARCO STIVELL le 23 Avril 2023          Consultée 957 fois

AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

Jean-Pierre Mocky ne chôme pas. Un film fantastique (Litan, la Cité des Spectres Verts), immédiatement suivi de Y a-t-il un Français dans la Salle ?, tous les deux en 1982, ce dernier étant un succès énorme couronnant comme il se doit cette adaptation de (et en compagnie de, au scénar') monsieur Frédéric Dard/San Antonio, avec Victor Lanoux dans l'un des meilleurs rôles de sa carrière, mais aussi Jacqueline Maillan, Jacques Dutronc, Michel Galabru et Dominique Lavanant. Face à cette régularité, attendre deux ans pour À Mort l'Arbitre (1984) n'est que peu de choses, surtout que le niveau demeure plus que bien élevé ! Peu voire pas de films français marquants sur le football jusque-là (à un Coup de Tête près en 79, merci Jean-Jacques Annaud et feu Patrick Dewaere). Adaptant un roman de série noire américaine, Mocky tape fort et d'autant plus qu'en 'détaillant' à sa manière les hordes de supporters, il devance de quelques mois les véritables premiers accidents avec victimes au cœur des stades dues aux débordements (en l'occurrence celui du Heysel en Belgique). Et si son long-métrage entre délire et noirceur échoue en salle, il constitue par la suite un formidable succès à la télévision, multipliant les millions de vues à chaque passage !

Il faut dire que ça vaut le détour, rien que pour le rappel du fidèle Michel Serrault, ici plutôt en marge de ses rôles dramatiques de l'époque (Garde à Vue, Malevil, Mortelle Randonnée), pour incarner le beauf primaire en chef et affublé d'une écharpe, criant "Allez les Jaunes !", soufflant dans une corne, vivant très mal que son équipe perde dans une grande compétition. En ajoutant sa folie sanguinaire et l'intelligence de masquer ses propres crimes dans le feu de l'action, c'est l'un de ses meilleurs rôles. En face, l'arbitre, soit Eddy Mitchell (acteur novice mal jugé par Serrault d'abord pour finalement devenir son ami à jamais). Il s'agit justement d'une course-poursuite avec aussi la belle Carole Laure en compagne de Mitchell, ainsi que Mocky en flic (qui n'a jamais été aussi 'proche' de Clint Eastwood), leur soutien contre la horde sauvage de Serrault. "Tout ça pour un penatly !...". On passe, à toute allure vertigineuse, d'un vrai match dans un stade de Rouen-sud (tournage à la mi-temps) au centre commercial voisin et fermé de nuit, de la petite pizzeria bondée aux géants et terrifiants immeubles post-modernes de la résidence Espaces d'Abraxas à Noisy-le-Grand (que l'on voit aussi dans Brazil de Terry Gilliam et même le dernier film Hunger Games).

Dans ce Mocky d'anthologie (présenté comme 'film de zombies' !), libre, festif et jubilatoire dans le ton sociologique comme dans le léger, le sang et le sexe, franchouillard jusqu'au bout des ongles, le nom le plus inattendu de la distribution reste peut-être bien celui d'Alain CHAMFORT ! Il est désigné, à son tour on-ne-sait-comment, pour s'occuper de la musique, lui qui occupe depuis plus de dix ans déjà une bonne place de playboy dans le coeur des Français, qui a écrit une salve de tubes et s'est alors plongé dans une période néo-romantique typique de la première moitié 80's. On entend d'ailleurs son pas-si-célèbre mais très entêtant "Rendez-Vous", paru un an plus tôt sur son album Secrets Glacés, diffusé lors d'une scène aussi désopilante qu'étourdissante. Piégée chez elle avec Eddy Mitchell au sommet d'un des immeubles d'Abraxas, Serrault et les autres forcenés les ayant finalement rattrapés devant leur porte (non sans avoir au passage coupé les lignes de téléphone pour tenir Mocky et le reste de la police à distance !), Carole Laure hurle au secours à la résidence voisine dont le rooftop, seule marque de vie nocturne manifeste, est en pleine boum où résonne le single de CHAMFORT. Comme cela ne suffit pas, elle passe un disque de ROSSINI sur sa chaîne, et les deux musiques parfaitement antinomiques se mélangent pendant quelques instants à plein volume dans l'espace urbain.

En vérité, cela résume bien la couleur de la BO d'À Mort l'Arbitre. Elle est faite aussi certes de cris liés à la vie des supporters ("Allez les Jaunes ! Les supporters sont là !" mais aussi "Allez l'arbitre, montre-nous tes fesses"...), comme les sons de cornes de brume anciennes (sans gaz !), agressifs et qui prennent ici des allures de clairons de chasse, Mocky en exploitant tout le potentiel comique, notamment dans le centre commercial avec sa grande réverbération fermée. Mais ce qui fait d'abord rire sans ce qu'il ne se passe rien, avant même l'arrivée de Serrault & co, c'est ce thème principal voulu par CHAMFORT et adapté de ROSSINI justement. L'un des thèmes de hautbois mémorables du Barbier de Séville (1816) est ici repris aux cordes-synthétiseur, sans qu'on sache si c'est CHAMFORT qui joue lui-même, ou alors John Kongos, Wally Badarou etc, ses collaborateurs de l'époque. En tout cas, le Fairlight CMI, clavier-ordinateur alors à la pointe est ici à l'honneur. Cette 'rêverie endiablée' rossinienne, très empreinte de classicisme encore, s'accorde on-ne-sait-comment et à merveille avec les excès des supporters, les situations vécues par le pauvre arbitre tour à tour cocasses, dramatiques, horrifiantes et même romantiques, puisqu'avec sa compagne, ils essaient quand même de vivre leur vie de couple du début à la fin. Un sacré mariage italien-français !

Et vous en mangerez, de ce thème principal en tarentelle enfantine ! Bon Mocky ne saurait mentir... Toutefois, au moment où cela commence à être trop, le réalisateur finit par dire "Alain, mettez-nous autre chose !". Et c'est Roger Loubet qui s'en occupe, lui-même qui avait signé la BO d'Y-a-t-il un Français dans la Salle ? deux ans plus tôt, presque aussi remarquable dans une veine très synthétique déjà. Ce musicien accompagnateur de stars (Johnny HALLYDAY etc), sans être crédité précisément, est sans doute à l'origine de l'espèce de boogie-rock entièrement programmé et venu agrémenter les courses-poursuites. Très marqué par son époque certes, mais d'un niveau égal en termes comiques. On note aussi les syncopettes, rythme classisant de nouveau, balancées aux cordes lorsque Mitchell et Laure tentent de fuir par la fenêtre de l'immeuble accrochés à un fil simple et font des acrobaties au-dessus du vide. Non sans risque, le chanteur, alors très amateur de whisky, se retrouve perché lors d'un duel mémorable avec les supporters sur une planche minable !Rares éléments acoustiques en dehors du chant, des cornes-trompes voire des sirènes de voitures policières, la mandoline et l'accordéon de la pizzeria remplissent bien leur rôle comme faisait le bouzouki au grec de L'Ibis Rouge (1975), avec Serrault criminel en roue libre déjà.

Et puis, dans ce petit groupe d'éléments musicaux déployés sur une heure vingt, après la chanson d'Alain CHAMFORT reprise directement du disque, il y a la chanson écrite spécialement par lui-même, en équipe avec Boris Bergman (grand ami de BASHUNG) pour les paroles, et dans un ton sucré. En effet, avec le déferlement footeux-rageux, le plus savoureux contraste de ce film prend place avec les moments romantiques ; le couple sexy joué par Carole Laure et Eddy Mitchell, fragile au début, se solidifie face à l'adversité. Du moins jusqu'à la fin et cette improbable course-poursuite en bagnoles dans des carrières et au milieu des engins de chantier travaillant de nuit... Pour rappel, Mocky n'est pas très fleur bleue ni happy-ending ! N'empêche, cette love-song de Bergman et CHAMFORT, "Backdoor Man", s'insère à merveille et (fait non négligeable) avec parcimonie, en version instrumentale ou bien chantée par la jolie et sensuelle Viktor LAZLO, alors grande débutante dans le métier. Une bluette smooth-jazz 80's et réverbérée avec piano Fender Rhodes et saxophone alto qui sert également de générique conclusif. "Backdoor Man", premier 45 tours de LAZLO, sera repris sur le 33 tours She (1985), et c'est bien la seule façon d'écouter un titre de cette BO iconoclaste en dehors du film. Jamais sortie en vinyle ou CD, alors qu'À Mort l'Arbitre, en DVD, s'est trouvé indisponible (dur de s'en séparer, hein ?) et s'arrachait à prix d'or il y a encore un an ou deux (j'en sais quelque chose, mais sans regret), jusqu'à sa réédition bien méritée !

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   MARCO STIVELL

 
  N/A



- Alain Chamfort (compositions, direction musicale, chant)
- Roger Loubet (synthétiseurs)
- Gioachino Rossini (compositions, orchestrations)
- Boris Bergman (paroles)
- Viktor Lazlo (chant)


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