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1967 The Voice Of Scott Mckenzie

Scott MCKENZIE - The Voice Of Scott Mckenzie (1967)
Par LE KINGBEE le 6 Mai 2023          Consultée 588 fois

San Francisco a prêté ses traits à de nombreux films hollywoodiens. Bullitt donna lieu à une effarante poursuite en voiture, Dirty Harry vit l’inspecteur Callahan mettre fin aux agissements d’un tueur psychopathe. Bien avant, Humphrey Bogart était à la recherche d’une statuette inestimable. Alcatraz et le pont du Golden Gate servirent eux aussi de fastueux décors (Le Prisonnier d’Alcatraz, La Tour Infernale, 48 Heures, The Game), sans oublier la série télé Les rues de San Francisco avec la doublette Karl Malden/ Michael Douglas.

Le monde de la musique s’est lui aussi inspiré de la ville dans plusieurs chansons. En 1962, le crooner Tony Bennett n’hésitait pas à susurrer les éloges de la ville. Dix ans plus tard, Maxime LE FORESTIER évoquait une maison bleue, endroit où il séjourna brièvement au sein d’une communauté hippie. Chris ISAAK donna le nom de la ville à un album, tandis que les ANIMALS chantèrent "San Francisco Night", Peggy LEE "San Francisco Blues", alors que plus près de nous les ARCTIC MONKEYS d’Alex Turner connurent un petit succès avec "Fake Tales of San Francisco".
Mais SF, comme l’appellent les Américains, est véritablement passé à la postérité en 1967 par le biais et la grâce d’un ancien folkeux devenu hippie en la personne de Scott MCKENZIE.

Philip Wallach Blondheim voit le jour en 1939 à Jacksonville (Floride). Il passe son enfance en Caroline du Nord où sa famille s’est établie, s’intéresse très tôt à la musique, intégrant le groupe de son lycée. Il se lie d’amitié avec John Phillips (futur membre de The Mamas & The Papas) chante brièvement au sein des Singing Strings, enchaîne chez The Abstracts qui se transforment en Smoothies, enregistrant un single pour la firme Decca.
Il lui faut attendre 1961 pour se faire véritablement remarquer en devenant membre des Journeymen, comprenant nos deux larrons et le banjoïste Dick Weissman. Frank Werber, manager du KINGSTON TRIO, les remarque et leur permet de mettre en boîte trois albums pour Capitol avant que la firme ne décide de mettre fin à leur contrat. Les trois folkleux prennent alors des chemins séparés, mais entre-temps Philip Blondheim s’est métamorphosé en Scott MCKENZIE.

Le jeune Scott McKenzie végète pendant deux ans, composant des chansons qu’il tente de refourguer. En 1967, le bonhomme revient sur le devant de la scène avec "San Francisco (Be Sure to Wear Flowers in Your Hair)", une chanson de son vieux pote John Philips interprétée initialement en public lors de l’Human Be In, un happening se déroulant dans le Parc du Golden Gate en janvier et recomposée dans l’optique du Festival de Monterey qui doit débuter en juin. Produite par John Philips et Lou Adler qui venait de vendre Dunhill à la firme ABC, la chanson apparaît sur les ondes en mai et connaît aussitôt un succès retentissant, grimpant sur la 4ème marche. Couplée à "What’s The Difference", la chanson éditée par Ode Records propriété d’Adler, est revendue à Epic avec une face B différente ("Like An Old Time Movie"). Si "San Francisco" glorifie la ville de la Bay Arena, elle devient vite l’hymne du Summer of Love, celui des hippies, du mouvement anti-Vietnam et des Droits Civiques. Un single vendu à sept millions d’exemplaires dans le monde. Comme quoi tout peut arriver quand on se glisse une fleur dans les cheveux.

Producteur avisé, Adler décide aussitôt de surfer sur la vague du succès et décide d’envoyer McKenzie enregistrer un album. En musique, on vous le dit souvent, il faut battre le fer pendant qu’il est chaud. Si les radios se sont emparées de "San Francisco", on ne peut pas dire que la pochette soit attractive avec le visage du chanteur tout en bas ; mais l’accent est mis encore une fois sur la présence du hit dans l’album. Le visuel dorsal semble correspondre plus à la réalité, l’ancien membre des JOURNEMEN a troqué le costard contre une tenue de gourou ou de prof de yoga, notre gars a même piqué les baskets à Jésus. Une tenue bien dans la mouvance de l’époque.

Choix tactique, c’est bien la chanson phare qui ouvre les hostilités. Alors qu’actuellement d’incessants combats font toujours la une de notre quotidien, certains seraient bien inspirés d’écouter le texte. Oh certes les paroles peuvent avoir un air "Bisounours", mais elles étaient bien représentatives du Summer of Love. Cette sympathique ballade fut maintes fois reprise mais rarement égalée. Si Ted Hawkins en fit un honnête Folk Blues, Rock Voisine en délivra une version des plus correctes. Bien évidemment, "San Francisco" connut bien quelques petits massacres, Tanya Tucker, Rob Tognoni ou Lukas Nelson rejeton Willie nous semblant figurer dans le tiercé gagnant. Chez nous, Johnny HALLYDAY reprit la chanson via une adaptation de Georges Aber, un titre qui se classa second dans les classements du magasine Salut les copains.

McKenzie ne nous délivre que deux compos, et encore s’agit-il d’un morceau proposé en deux parties distinctes. "What’s A Difference" (Chapter I et Chapter II) sont en fait deux ballades Folk comportant une mélodie similaire, seule la présence d’une guitare acoustique, d’une flûte et de cordes sur le second chapitre alors que la première partie plus épurée n'est constituée que d’une guitare. Curieusement, la partie II figure sur la face A tandis que la première trouve sa place en face B.

Son vieux pote John Phillips lui apporte trois autres morceaux : "Like An Old Time Movie", une ballade Pop nappée de cordes aux teintes mélancoliques annonçant une rupture probable. "Twelve-Thirty", que Phillips incorpora dans le quatrième album des MAMAS & THE PAPAS, se range lui aussi dans le registre de la ballade Pop Folk comme les Californiens en sortaient à la pelle. "Rooms" avec son tambourin et sa cithare impulse un léger cachet Psychédélique mais ne parvient à aucun moment à sortir du lot. Les MAMAS & THE PAPAS s’en servirent de titre remplissage dans leur quatrième opus avant que les membres ne se séparent.

Cet album vaut surtout par des reprises inusitées à l’image de "It’s Not Time Now", une ballade des LOVIN’ SPOONFUL. Contrairement à l’original qui impulsait une note de gaité, McKenzie se montre ici nettement plus cafardeux. Deux pioches dans le répertoire du torturé et regretté Tim Hardin complètent le tableau : "Reason To Believe", encore une histoire de désillusion amoureuse, se situe à peu de chose près sur la même lignée que l’originale, la guitare acoustique et les baguettes d’Earl Palmer de l’original constituaient une atmosphère plus dense. Si Rod STEWART en fit un hit durant l’été 71, la présente version plus épurée nous semble plus sincère. Peut-être l’une des meilleures avec celles de Marianne FAITHFULL et du duo Ian & Sylvia. Seconde incursion dans l’univers d’Hardin avec "Don't Make Promises", une superbe ballade Folk à la frontière de la Country Soul. Si l’originale donnait l’impression d’avoir été gravée à Muscle Shoals, là un orgue discret nous transporte dans une atmosphère d’église. Une excellente version ! Chez nous, Ronnie Bird en fit une adaptation crédible avec "Ne me promets rien".
Autre bonne trouvaille avec une descente dans l’univers de DONOVAN via "Celeste". L’orchestration plus dépouillée débouche sur un sentiment d’une incroyable quiétude venant en opposition à la sensation sombre teintée de spleen dont regorgent certaines paroles. Enfin terminons par une reprise bien de chez nous avec "No, No, No, No, No", adaptation américaine de "La Poupée qui fait non", grand succès de POLNAREFF. Cocorico ! Si le titre a également fait l’objet d’adaptations italiennes, portugaises et espagnoles, la présente version relègue à des années lumière celles des duos Mylène FARMER/KHALED et PAGNY/Kad Merad deux magmas de suffisance. On en profite au passage pour conseiller la version du groupe londonien Saint Etienne.

La suite s'avère moins rose et pour tout dire moins fleurie pour Scott McKenzie. Il se retire totalement du milieu de la musique dès le début des seventies après un second disque qui fait un bide, se contentant d’écrire quelques chansons. En 1986, le bonhomme qui souffre de troubles mentaux depuis des années sort de sa tanière et vient prêter main forte aux MAMAS & THE PAPAS à la demande de son vieux copain John Phillips. L’année suivante, il compose "Kokomo" avec Phillips, Terry Melcher (le rejeton de Doris Day) et Mike Love (chanteur des BEACH BOYS), le titre fait un carton, remettant sur le devant de la scène les BEACH BOYS. Cette embellie est de courte durée, Scott est victime du syndrome de Guillain-Barré, maladie affectant le système nerveux. Après d’incessants aller-retours à l’hôpital, le chanteur décède chez lui en 2012.

Porté par un hymne Flower Pop archi rabâché au texte utopique, cet album combinant Folk et Pop californienne vaut surtout par l’excellence des reprises de Tim HARDIN et DONOVAN, trois pièces de choix. Le reste de l’album s’écoute sans déplaisir mais ne parvient plus à accrocher nos oreilles, en cause des mélodies peu accrocheuses et des textes trop sombres et mélancoliques.

Note réelle 2,5.

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   LE KINGBEE

 
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- Scott Mckenzie (chant, guitare)
- John Phillips (guitare, sitar )
- Joe Osborn (basse)
- Hal Blaine (batterie, percussions)
- Gary L Coleman (cloches, tambourin)


1. San Francisco (be Sure To Wear Flowers In Your Hai
2. Celeste
3. It's Not Time Now
4. What's The Difference (chapter Ii)
5. Reason To Believe
6. Like An Old Time Movie
7. No, No, No, No, No
8. Don't Make Promises
9. Twelve-thirty
10. Rooms
11. What's The Difference (chapter I)



             



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