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Linda RONSTADT - Hasten Down The Wind (1976)
Par LE KINGBEE le 23 Août 2022          Consultée 1107 fois

Aujourd’hui, que doit-on retenir de cette touche à tout multi-graminée qui n’a eu de cesse de se bonifier grâce à un timbre aussi délicat qu’identifiable et à un répertoire éclectique rejetant tout opportunisme ? En premier lieu, on pourrait faire valoir ses ascendances familiales et son apprentissage.

Originaire de Tucson (Arizona) où elle voit le jour en 1946, Linda Maria RONSTADT est issue d’une famille passionnée de musique, sa mère d’ascendance allemande et batave et son père issu d’une fratrie de commerçants prospères l’encouragent très tôt à se lancer dans l’apprentissage de la musique avec ses frères et sa sœur. Influencée par un paternel guitariste à ses heures perdues, Linda va se forger à l’écoute des radios Country et Rock mais aussi des chansons mexicaines. Elle débute localement au sein des 3 Ronstadt, petit trio Folk fondé avec sa sœur et un frangin, enchaîne au milieu des sixties au sein des Stone Poneys, se produisant avec le guitariste Bobby Kimmel et le pianiste Ken Edwards. Après avoir signé un contrat chez Capitol en 1966, elle quitte le trio pour s’envoler vers une carrière solo. Si elle est acclamée au Troubadour et à Nashville, il lui faut attendre le début des années 70 pour devenir l’une des meilleures représentantes du Country Rock.

Septième opus de la chanteuse, Hasten Down The Wind enregistré en 1976 est l’album de la confirmation, celui qui se vendra à plus d’un million d’exemplaires (comme ses deux prédécesseurs). Placée sous la houlette du producteur Peter Asher (ancien membre du duo british Peter & Gordon), Linda peut s’appuyer à la fois sur les meilleurs auteurs du moment et sur des accompagnateurs triés sur le volet s’impliquant totalement afin de placer leur leader dans les meilleures conditions.

Lors d’une interview, Linda déclarait à l’interviewer : J’ai vu des photos de Brigitte Bardot, et j’ai voulu lui ressembler. Une réponse pince-sans-rire et moqueuse quand on sait que Linda bénéficie d’un physique avantageux et n’a rien d’une blonde.

Laissons là le débat sur les teintes de cheveux et entamons ce modeste panorama par le domaine de la balade, registre qui endosse ici le premier rôle. L’album s’ouvre sur une balade de Karla Bonoff, également présente dans un job de choriste. "Lose Again" emprunte autant à la Pop qu’à la Country pour nous offrir une bonne mise en bouche. Devant l’intensité dramatique déployée par Linda, Karla Bonoff reprendra sa chanson un an plus tard avec un accompagnement plus minimaliste. On note qu’Alison KRAUSS reprendra le morceau à ses débuts avec Union Station dans une version Bluegrass du meilleur effet. Second apport de Bonoff avec "If He’s Ever Near", titre dans lequel la mélodie et la souplesse du chant sont aux petits oignons, à tel point que Karla reprendra encore une fois sa création sur sa première galette. Terminons cette transition avec Karla Bonoff, excellente songwriter au demeurant, avec sa troisième offrande "Someone To Lay Down Beside Me". Ce titre de fermeture reste implacablement sur la même trame. La voix ne s’époumone à aucun moment, magnifiquement mise en relief par le clavecin et les claviers d’Andrew Gold et la guitare de Ken Edwards (ancien partenaire au sein des Stone Poneys).

Si vous croyiez en avoir fini avec le registre de la balade, il va falloir vous munir de bonnes chaussures de rando, Linda poursuivant sa marche en avant avec "The Tattler", œuvre de Ry COODER inspirée de "You Can’t Stop A Tattler" Gospel de Washington Phillips. Derrière une mélodie délicate, Linda nous conte les méfaits de l’infidélité. Autre petite douceur avec "Hasten Down The Wind", compo de l’excellent Warren Zevon qui donne son nom à l’album. Plusieurs de ces titres pourraient s’inscrire entre Kate BUSH, Carole KING, Kim CARNES ou Rita COOLIDGE. Mais c’est "Down So Low", une petite tuerie de Country Soul de Tracy NELSON, qui grimpe tout en haut du tableau d’honneur. Le titre avait été magnifié par MOTHER EARTH, Tracy NELSON ou Etta JAMES, Linda s’en sort haut-la-main.

Deux compos dans le registre balade viennent fleurir l’album : l’intense "Try Me Again", chanson d’amour dans laquelle il est question de seconde chance et "Lo Siento Mi Vida", histoire d’amour perdu entre Tex Mex et Norteño dont les paroles parviennent presque à nous bercer: Lo siento mi vida - Yo sé que ya terminó - Corazones quebrados - Cuando brille la luna.

Le ton monte légèrement d’un cran avec "Crazy", compo de Willie NELSON (l’Outlaw) popularisée par Patsy CLINE au début des sixties. On ne compte plus le nombre de versions discutables publié par l’industrie du disque. Chez nous, Carla BRUNI, André MANOUKIAN ont cru bon de reprendre la chanson, toujours très tendance puisque le crooner Michael BUBLE vient de l’enregistrer en duo avec son créateur. Ici, l’interprétation oscille habilement entre Jazz Cabaret et Honky Tonk, la steel guitare de Dan Dugmore apportant un cachet certain.

L’album s’écarte de sa trame et des sentiers doux et bucoliques le temps de trois pistes, c’est ainsi que Linda reprend "Give One Heart" une compo de John Hall du groupe Orleans, un gars qui deviendra bientôt membre du Congrès américain. La sonorité lorgne nettement vers un registre Reggae blanc, registre éphémère qui ne tardera pas à envahir les ondes radios. La combinaison entre la steel de Dan Dugmore et le phrasé de Waddy Wachtel (futur Kim CARNES, Stevie NICKS, MOTELS, Randy NEWMAN) contribue à apporter fraîcheur et originalité.
Autre petite curiosité avec la reprise de "Rivers Of Babylon", un petit interlude d’une cinquantaine de secondes ouvrant la face B. Si la version d’origine des Melodians, pionniers du Rocksteady, allait inspirer de nombreux repreneurs (souvent discutables), Linda RONSTADT est la première artiste hors Jamaïque à s’attaquer au morceau avec une interprétation a capela bordée de chœurs. Une excellente trouvaille !
Un titre sort nettement du scénario imaginé par la chanteuse et Peter Asher, la reprise de "That’ll Be The Day", énorme succès de Buddy HOLLY. Contrairement à de nombreuses reprises souvent mollassonnes ou défigurant l’original, Linda et ses musiciens vont à l’essentiel. Pour les amateurs de statistiques, le single de ce Rock'n'Roll se classe à la 11ème place des charts Pop et contribue au regain d’intérêt en faveur du grand rockeur texan. Peut-être l’une des meilleures covers du standard avec celle des FLAMIN’ GROOVIES à mille lieues de l’adaptations française d’HALLYDAY.

"Hasten Down The Wind" demeure toujours parmi les bonnes réussites du Country Rock des années 70. La virtuosité des accompagnateurs parmi lesquels le regretté Andrew Gold (fils de la chanteuse Marni Dixon) demeure un atout de première main ainsi que la complicité entre plusieurs membres ayant tourné dans le giron de Warren Zevon et d’anciens belligérants de Stone Poneys.
Reste la question du rangement de ce disque dans nos discothèques. Devons-nous classer l’album sur l’étagère Country Rock ou celle plus probable de la Pop, vu le nombre de balades ? Une chose est sûre, ce disque ne devrait pas prendre la poussière. Très engagée dans la politique et le domaine de l’environnement, Linda s’est retirée des studios en 2011, victime d’une variante de la maladie de Parkinson.

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- Linda Ronstadt (chant)
- Andrew Gold (piano 1-6-9-11-12, orgue 1-3, guitare 1-3-4-8-9-10)
- Waddy Wachtel (guitare 3-4-5-6-8)
- Ken Edwards (guitare 5, basse 1-2-3-4-6-8-9-10-11-12, mandoline)
- Dan Dugmore (guitare 1-2-11-12, steel guitar 5-8-9-10)
- Richard Feves (contrebasse 6)
- Dennis Karmazyn (violoncelle 1-6-9-12)
- Ken Yerke (violon 2)
- Charles Veal (violon 2, viole 6)
- Paul Polivnick (viole 6)
- Mike Botts (batterie 1-2-4-8-9-10-11-12)
- Russ Kunkel (batterie 3-5-6)
- Peter Asher (tambourin 2-3, shaker 2-8, cloches 8, chœurs 8)
- Karla Bonoff (chœurs 3-12)
- Becky Louis (chœurs 9-11)
- Sherlie Matthews (chœurs 9-11)
- Wendy Waldman (chœurs 3, 12)
- Don Henley (chœurs 6)
- Herb Pedersen (chœurs 8)
- Gerald Garrett (chœurs 11)
- Jim Gilstrap (chœurs 11)
- Ron Hicklan (chœurs 11)
- Clydie King (chœurs 11)
- Bill Thedford (chœurs 11)


1. Lose Again
2. The Tattler
3. If He's Ever Near
4. That'll Be The Day
5. Lo Siento Mi Vida
6. Hasten Down The Wind
7. Rivers Of Babylon
8. Give One Heart
9. Try Me Again
10. Crazy
11. Down So Low
12. Someone To Lay Down Beside Me



             



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