Recherche avancée       Liste groupes



      
POP  |  STUDIO

L' auteur
Acheter Cet Album
 

ALBUMS STUDIO

1965 Herman's Hermits

HERMAN'S HERMITS - Herman's Hermits (1965)
Par LE KINGBEE le 7 Juin 2023          Consultée 386 fois

A l’instar de nombreux groupes britanniques de la première moitié des sixties, il demeure assez ardu de dépatouiller la discographie de cette formation mancunienne. En effet, les Etats-Unis avaient mis en place une barrière protectionniste ; les vinyles des formations anglo-saxonnes étaient bien souvent édités avec d’autres pochettes et parfois avec divers changements de titres. Plus encore, certains albums ne furent édités qu’aux States et par des labels ricains, condition sine qua non pour être diffusés en territoire Outre-Atlantique, alors que d’autres ne verront le jour qu’en Europe. The ANIMALS, The KINKS, The PRETTY THINGS, les STONES, The Dave Clark Five ou The Hollies (pour ne citer que les principaux) ont fait les frais de cette barrière. Rassurez-vous, le phénomène perdure encore dans le domaine de l’industrie et de la production. A l’image des groupes précités, HERMAN’S HERMITS, groupe totalement fabriqué soit dit au passage, reste probablement l’exemple le plus parlant avec une discographie pour le moins déroutante.

Revenons brièvement sur ce groupe qui concurrença les BEATLES sur le territoire américain. Peter Noone, un gamin de quinze ans, chante à Manchester au sein des Cyclones. Le groupe se transforme en Peter Novak & The Heartbeats (Novak étant le nom de guerre de Noone) avant de devenir The Heartbeats. La formation est repérée par un ponte de la KSE (Kennedy Street Enterprises), une société gérant les salles de concert de la région. Le groupe est alors placé dans les mains de Mickie Most, producteur en vogue qui, comme Jésus, a le don de changer l’eau en vin.
Si le groupe s’articule au départ autour de Peter Noone au chant, des guitaristes Keith Hopwood et Derek Leckenby, du bassiste Karl Green et du batteur Barry Whitwam, Most se rend vite compte qu’il y a là matière à faire de l’or, à condition d’opérer de petits changements. Première décision, le groupe se transforme en Sherman & His Hermits, nom tiré d’un personnage d’un dessin animé loufoque dont le personnage ressemble au jeune chanteur. Most décide que le nom est trop compliqué et ne tient surtout pas à reverser des droits à Jay Ward, créateur de la série, aussi le combo se transforme pour une énième fois en HERMAN’S HERMITS.
Most qui a le vent en poupe parvient à décrocher un contrat avec la Columbia, via sa filiale EMI. Le premier jet s’avère payant avec "I’m Into Something Good", une compo du tandem Carole KING/Gerry Goffin enregistrée préalablement par Earl Jean, ancienne chanteuse des COOKIES de la Nouvelle Orléans, le single investissant la 1ère place des classements anglais. Une belle réussite pour cette humoristique tranche de vie, celle d’un garçon qui aimerait que sa voisine de palier devienne sa voisine de lit.

Gros concours de circonstance, coup de chance proche du miracle, savoir-faire de Mickie Most, toujours est-il qu’en deux coups de cuillères à pot, Herman’s Hermits se met à enquiller les hits comme d’autres enfilent les perles. Le phénomène est d’autant plus surprenant que même les jeunes Américaines semblent tomber sous le coup d’une hystérie collective proche de celle engendrée par les BEATLES, à tel point que le terme Hermania apparaît dans les journaux et revues musicales. En 1965, avec son look bon chic-bon genre, le quintet aligne pas moins de 7 Top Ten dans le Billboard 200, dont une 1ère place avec "Mrs. Brown, You’ve Got A Lovely Daughter".
Outre des singles qui cartonnent, Peter Noone et ses potes connaissent une année 65 des plus fructueuses avec pas moins de cinq albums édités sur les marchés américains et anglais. Histoire de s’emmêler encore plus les pinceaux, deux disques sont des éponymes, tandis que les deux autres sont publiés sous le titre Introducing Herman’s Hermits, le cinquième apparaissant dans les bacs sous l’intitulé Their Second Album ! Herman’s Hermits On Tour publié par la MGM.
Histoire de nous perdre encore plus, cinq compilations voient le jour sous des appellations qui ont de quoi faire sourire : deux avec The Best Of Herman’s Hermits, deux autres avec Herman’s Hermits Hits et enfin une 5ème que le groupe partage avec les ANIMALS, simplement intitulée The Animals/ The Herman’s Hermits. A cela, s'ajoute une rumeur infondée selon laquelle les membres du groupe seraient remplacés par des musiciens de sessions de haut calibre (Jimmy Page, John Paul Jones (deux futurs LED ZEP) les guitaristes Vic Flick et Big Jim Sullivan ou le batteur Bobby Graham. Lors d’une interview postérieure, Jimmy Page et Big Jim Sullivan, tous deux présents dans d’innombrables sessions, déclarèrent ne pas avoir collaboré à la moindre session des HERMAN’S HERMITS.
Une conclusion s’impose, si les HERMAN’S HERMITS étaient loin d’être des virtuoses, le groupe a été une formidable planche à billets, l’année 65 se concluant avec plus de dix millions de disques vendus.

Cet éponyme édité sous la bannière de la Columbia serait chronologiquement le second disque du groupe, mais le premier à apparaître dans les bacs des disquaires. La pochette s’inscrit naturellement avec les tendances de l’époque. Les cinq membres, tous cravatés et ayant l’air de bonne humeur, présentent bien. Cinq gai-lurons anglais bien proprets !
En ouverture, quoi de mieux qu’une reprise de Buddy HOLLY pour lancer les débats, d’autant plus que Mickie Most a déjà repris la chanson quand il s’était essayé à une carrière de chanteur trois ans plus tôt ? Avec "Heartbeat", c’est une reprise gentillette que nous offre Noone. Cette version sympatoche n’a pourtant pas le charme de l’original ni la sincérité de future cover des KNACK. Bien malin, Most nous refourgue "Travelin’ Light" *, un ancien Number One de Cliff RICHARD dont la Columbia détient les droits. C’est sympa, ça ne mange pas de pain et la ballade ne risque pas d’offenser la ménagère lambda. Chez nous, un certain Lucky BLONDO (le créateur du jingle Castorama) avait adapté la chanson avec "C’est Merveilleux". On tombe dans la ballade sentimentale avec "I’ll Never Dance Again", une compo de Barry Mann popularisée en 62 par Bobby RYDELL. Là encore, on peut y voir une stratégie payante. D’une part, Freddie And The Dreamers, autre formation mancunienne ayant connu un éphémère succès, vient de reprendre le titre, d’autre part la Columbia détient les droits. Le titre idéal pour emballer en fin de boum ! Avec "I Wonder", on reste sur une lignée similaire, on ne risque pas d’attraper un lumbago mais à contrario des autres pistes, on décèle ici un soupçon de tristesse. Mais le trophée du titre arrache-cœur revient à "The End Of The World", l’histoire d’une rupture amoureuse popularisée par Skeeter DAVIS. Une guimauve pur sucre !

La cadence monte d’un petit cran avec "Walkin’ With My Angel", une compo de la paire King/Goffin qui leur a tant réussi avec leur premier 45-tours. "Dream On", l’un des rares titres édités en single, pourrait résumer à lui seul la tendance Beat Pop qui allait se déverser sur l’Angleterre. Autre titre ne coûtant pas trop cher, "For Your Love", une compo de Graham Gouldman (futur fondateur de 10 CC) dont la Columbia détient les droits monte un peu en gamme. Mais la version nous paraît bien coquette par rapport à celle des YARDBIRDS. Comme l’annonce l’adage, c’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes ; le groupe adapte à sa sauce "I'm Henery The Eighth I Am", une variante de "I’m Henry The VIII" du comique troupier Harry Champion remontant au début du siècle dernier. Ressortie des oubliettes par l’anglais Joe Krown, si l’adaptation chantée par Peter Noone ne reprend qu’un seul couplet de l’originale, celle-ci vaut par son tempo trépidant sorte de proto Punk Garage. Cette version a la particularité d’être la plus courte en termes de durée à figurer sur la première marche des charts américains. Chez nous, Monty, auteur du hit footballistique "Allez les verts", adapta le titre avec l’humoristique "On ne meurt qu’une fois".

Deux compos du groupe complètent la galette : "Don’t Try To Hurt Me", une création de Keith Hopwood, prend sa source dans le répertoire des BEATLES. Même sentiment avec "Tell Me Baby", titre coécrit avec Derek Leckenby qui nous entraîne entre Beat Pop et Buble Gum Pop.

Terminons notre tour d’horizon par la surprise du chef avec "Mrs Brown You’ve Got A Lovely Daughter", une création de Trevor Peacock chantée à l’origine par Tom Courtenay, acteur anobli depuis le nouveau millénaire. Avec son riff de banjo couplé à une guitare rythmique, le titre d’influence skiffle se classa à la 1ère place des hit-parades américains et canadiens. Petit paradoxe, il ne fit pas l’objet d’une publication en single sur sa terre natale.

Avec leurs costards aujourd’hui démodés, leur dégaine du genre 'premiers de la classe', les membres du groupe ont longtemps fait figure de gendre idéal. Ils connaitront encore un large succès avec le hit "No Milk Today" avant que des changements de mode et de tendances, l’arrivée du Rock Psyché, du Flower Power et surtout de sévères dissentions (principalement économiques) ne débouchent sur la dissolution du groupe. Aujourd’hui, après plusieurs procès, Barry Whitwam et Peter Noone chantent encore auprès de leur formation respective. Le répertoire, fabriqué de toute pièce par le producteur Mickie Most, se range entre Beat et Bubblegum Pop, deux registres porteurs principalement destinés aux midinettes et teenagers du début des sixties.


*Titre homonyme à ceux de Buddy Knox et J.J. Cale.

A lire aussi en POP par LE KINGBEE :


Linda RONSTADT
Hasten Down The Wind (1976)
Belle pochette sur un arrière-plan californien




GERRY RAFFERTY
City To City (1978)
Il n'y a pas que Sherlock Holmes qui y danse !


Marquez et partagez





 
   LE KINGBEE

 
  N/A



- Peter Noone (chant, guitare, claviers)
- Keith Hopwood (guitare, chœurs)
- Derek Leckenby (guitare, banjo 12, chœurs)
- Karl Green (basse, chœurs)
- Barry 'bean' Whitwam (batterie)


1. Heartbeat
2. Travelin' Light
3. I'll Never Dance Again
4. Walkin' With My Angel
5. Dream On
6. I Wonder
7. For Your Love
8. Don't Try To Hurt Me
9. Tell Me Baby
10. I'm Henery The Eighth I Am
11. The End Of The World
12. Mrs. Brown You've Got A Lovely Daughter



             



1999 - 2024 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod