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B.B. KING - King Of The Blues (1960)
Par LE KINGBEE le 31 Mai 2023          Consultée 413 fois

Il faut sacrément être burné ou prétentieux pour appeler son disque King Of The Blues. Remarquez, cette vantardise ne manque pas de sel pour un gars dont le patronyme n’est autre que KING. Lorsqu’on aborde le thème du Blues, on peut difficilement couper à la règle de trois, celle des trois King (Albert, B.B. et Freddie) trois icones incontournables du Blues. Votre humble serviteur se permet de rajouter un quatrième King en la personne de Willie, guitariste emblématique du Hill Country Blues.

Revenons brièvement sur cette légende. Qui aura connu une carrière courant sur près de sept décennies. Natif d’Itta Bena, une bourgade située à 150 bornes au nord de Jackson, Riley Ben King voit le jour en 1925 ; il commence à chanter à quatre ans dans la paroisse qui borde la plantation où ses parents triment. Il se met à la guitare à 12 ans au contact de son cousin Bukka White. Quand il ne conduit pas la journée le tracteur qui sillonne la plantation, Riley se produit dans les juke joints qui bordent le Mississippi. En 1940, il fonde sa première troupe les Elkhorn Singers, un ensemble de Gospel qu’il quitte pour cause de mobilisation.
A sa démobilisation, il troque l’uniforme pour un costume d’instituteur rural arpentant la campagne entre Indianola et Memphis. Mais lassé par ses allers retours incessants, il s’établit à Memphis en 1948 où il débute une carrière de disc-jockey sous le sobriquet de Blues Boy, bientôt raccourci en B.B.
Il enregistre son premier 78 tours en 1949 à Nashville pour la firme locale Bullet.

Quand il ne présente pas à la radio les nouveaux disques de Blues, il se produit en Parallèle dans l’orchestre de 9 musiciens qu’il vient de fonder. Son job à la radio lui permet de se promouvoir et sa réputation grandissante incite les frères Bihari, patrons de la firme indépendante Modern Records à le prendre sous contrat.
Egalement propriétaires des filiales RPM, Meteor, Flair, Kent, Superior Records, la fratrie Bihari concentre son nouveau poulain sur Crown, sous-marque de Modern. Inspiré à la fois par les jeux de guitare de Lonnie Johnson, du jazzman Charlie Christian, celui plus électrique du texan T. Bone Walker, le jeu en bottleneck de son cousin Bukka, B.B. KING connait alors un succès considérable dès 1952 propulsé par "Three O’Clock Blues" une compo de Lowell Fulson.
Etablissant ses quartiers à Los Angeles, B.B. King accumule les hits comme d’autres enfilent les perles. Désormais à la tête d’un orchestre de 13 musiciens, le jeu de guitare velouté et expressif caractérisé par une note vibrante explosant sur une cascade d’arpège, orienté sur un répertoire qui prend sa source à la fois sur le Gospel et sur le répertoires des musiciens précités, B.B. King avec ses beaux costumes, aux antipodes des bluesmen pouilleux du Delta, représente le parfait exemple de la réussite pour de nombreux afro-américain à une époque où la Ségrégation commence à vaciller dans certains états.

Nous sommes en 1960 et le plus dur commence pour le guitariste. Lassé par l’exploitation des frangins Bihari et un succès qui commence à s’éroder, B.B. King enregistre son sixième disque pour Crown, firme qu’il quittera en 1962, afin de répondre aux sirènes d’ABC à l’image de Ray CHARLES.

Enregistré en mars 60 à Hollywood, King Of The Blues débute par une véritable déclaration d’amour à sa femme avec "I’ve Got A Right To Love My Baby", guitare précise et flamboyante qui évoque le phrasé de T. Bone Walker, le tout enrobé de cuivres rutilants. Seconde piste avec "What Way To Go" et seconde déclaration pleine d'incertitudes à sa femme, le Bon B.B. King remuerait ciel et terre pour retrouver un amour qui semble s’être égaré en cours de route. Le tempo se ralentit sur "Long Nights (The Feeling They Call The Blues)" , si la gratte se fait plus discrète, on apprécie la subtilité du piano de Lloyd Glenn. Si vous avez parié que King allait changeait de thématique, vous avez perdu de l’argent, c’est encore une déclaration voire même une vénération à une femme que nous offre le guitariste sur "Feel Like A Million".

"I’ll Survive" évoque certains Blues mélodramatiques comme on en produisait à la pelle au milieu des fifties. Cette fois ci, notre ami guitariste se retrouve Gros-Jean comme devant, la belle ayant pris ses cliques et ses claques. B.B. King reprendra la chanson 38 ans plus tard dans l’album Blues On The Bayou, pour une interprétation modernisée et plus dans l’air du temps. Edité en single par Kent Records, autre filiale de Modern, "Good Man Gone Bad" nous conte l’infidélité d’une femme, encore une histoire qui s’annonce mal. Le tempo baisse d’un cran sur "Partin’ Time", un ancien numéro 8 dans les charts R&B et face b du morceau précité. Là, c’est encore une histoire compliquée que nous conte B.B. King victime d’une simulatrice. Sur "If I Lost You", la voilure reprend l’instrumentation d’un R&B bien mollasson ralenti par un chant façon crooner. Il s’agit cette fois d'une rédemption, le chanteur endossant pour la première fois le costume du trompeur. Encore une histoire de trahison avec "You’re On The Top", un titre qui synthétise à lui seul le jeu de guitare de la légende en ce début sixties. L’album s’achève sur un blues lent avec "I’m A King", titre aux paroles ambiguës, le chanteur se mettant dans la peau d’un roi, véritable queutard, séducteur invétéré n’hésitant pas à menacer sa proie d’une arme à feu.

Si B.B. King a composé les dix titres de l’album, Julius Bihari prend soin de faire figurer son pseudo (Jules Taub) sur la moitié des pistes. Petits joueurs, ses frères Saul (alias Sam Ling) et Joseph (alias Joe Josea) sont respectivement crédités sur 3 et 2 morceaux, un procédé bien sympathique destiné à récupérer des royalties sur le dos d’un musicien. Si six albums Crown suivront, le présent recueil, témoigne de l’impasse dans laquelle allait se retrouver le guitariste durant les sixties. Le chant velouté et chaleureux lorgne parfois du côté crooner, tandis que la guitare chatoyante diffuse un vibrato bien représentatif du talent du guitariste. Mais à part cela, aujourd’hui le contenu parait anecdotique, on a l’impression que B.B. King allait en studio pour remplir les poches des Bihari Brothers. Un album supposé gravité sur le succès du single "Sweet Sixteen" monté sur la seconde marche des charts quelques mois plus tôt. Réédité sous l’intitulé Better Than Ever à plusieurs reprises et sous diverses pochettes, on ignore toujours l’identité de la section cuivre dirigée par Maxwell Davis. Considéré comme une icône par de nombreux guitaristes blancs (CLAPTON, Stan Webb, Peter GREEN), il lui faudra attendre 1969 pour qu’il réinvestisse le sommet des charts avec "The Thrill Is Gone", un titre de Roy Hawkins publié en 1951 par … … Modern.

Note réelle : un tout petit 3.

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   LE KINGBEE

 
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- B.b. King (chant, guitare)
- Ralph Hamilton (basse)
- Jessie Sailes (batterie)
- Lloyd Glenn (piano)
- Maxwell Davis (saxophone, arrangements)


1. I've Got A Right To Love My Baby
2. What Way To Go
3. Long Nights
4. Feel Like A Million
5. I'll Survive
6. Good Man Gone Bad
7. If I Lost You
8. You're On The Top
9. Partin' Time
10. I'm King



             



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