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1969 Halfbreed

KEEF HARTLEY BAND - Halfbreed (1969)
Par LE KINGBEE le 9 Juin 2023          Consultée 478 fois

Originaire du Lancashire, Keith Hartley s’intéresse très tôt à la musique. Se lançant dans l’apprentissage de la batterie, il devient l’un des nombreux élèves de Lloyd Ryan. Suite à une petite annonce, il intègre Roy Storm & The Hurricanes, remplaçant un certain Richard Starkey sur le point de se transformer en scarabée. Il enchaîne brièvement au sein de Freddie Starr & The Midnighters. En 1964, Hartley rejoint Art Wood (ex-Blues Incorporated) au sein des ARTWOODS. Suite à des divergences vestimentaires, Keith ayant l’habitude d’arborer des tenues amérindiennes contrairement aux costumes étriqués des autres membres est prié d’aller voir ailleurs.
En 1967, il rejoint John MAYALL pour lequel il enregistre quatre albums. Pendant quelques mois, le batteur se transforme en musicien de studio, réenregistrant des titres mono en stéréo, notes à notes pour le marché américain sous la houlette de Mike Vernon et Neil Slaven. Fin 68, John Mayall incite son batteur à voler de ses propres ailes, le sentant trop bridé. Keith, devenu Keef, fonde son propre groupe KEEF HARTLEY BAND.

Hartley embauche Gary Thain (futur URIAH HEEP et membre du Club des 27) un jeune bassiste néozélandais de vingt ans qui a déjà pas mal bourlingué chez lui à Christchurch et en Australie. Nouveau venu en Angleterre, Gary a enregistré auprès de New Nadir et de Champion Jack DUPREE. Outre Thain, Hartley est rejoint par le chanteur Paul Rodgers et le guitariste Paul Kossoff. Le groupe enregistre une poignée de titres envoyée par Vernon à Chess Records, mais n’ayant aucune nouvelle de Marshall Chess, repreneur du label suite au décès de son paternel, le projet tombe à l’eau. Rodgers et Kossoff quittant le navire pour relancer FREE. Le groupe prend forme avec les arrivées de l’organiste Dino Dines (ex-Apostolic Intervention), des guitaristes Miller Anderson et Ian Cruickshank, rebaptisé Spit James par Hartley, et du chanteur Owen Finnegan. Enregistré entre octobre et décembre 1968, Halfbreed a bien failli ne jamais voir le jour. L’enregistrement ne convient ni aux dirigeants du label Deram et encore moins à Hartley, en cause la médiocrité de Finnegan, un gars qu’on retrouvera plus tard aux congas avec Knocker Jungle et SAVOY BROWN. Afin de remédier au problème, Hartley fait appel à Sam Holland, mais le résultat ne s’avère guère brillant ; dans l’urgence, le guitariste Miller Anderson propose de prendre le relai, donnant entière satisfaction avec des masters revus et corrigés en trois jours.

En guise de promotion et grâce aux contacts qu’entretient Mike Vernon, le groupe se voit invité aux Etats-Unis pour participer à un petit festival (devenu grand) à Woodstock, évènement phare du Summer Of Love. Introduit par Chip Monck, Keef Hartley Band succède à SANTANA et à un set acoustique de John Sébastian (ex-LOVIN’ SPOONFUL). Suite à un différent financier avec le manager du groupe, leur set (45 minutes) n’a pas été filmé par Michael Wadleigh. Il ne subsiste aujourd’hui que des souvenirs et de rares photographies de leur passage.

Halfbreed, traduisible par 'Sang-mêlé' ou 'Métis', se caractérise déjà par sa pochette, une double couvrante divisée en deux parties et dans un sens géométrique inhabituel nous montrant Keef Hartley arborant une superbe parure amérindienne. Si ce n’est la présence d’un poncho, Hartley malgré sa barbe tient autant du chef cheyenne Morning Star que d’Oiseau Bondissant, personnage interprété par Graham Green dans Danse avec les loups. Une pochette imaginée par Bob Baker.

L’album s’ouvre sur "Sacked", une étonnante sonnerie de téléphone donnant lieu à une brève discussion entre John Mayall annonçant à son ancien batteur son renvoi, un interlude d’une quarantaine de secondes en droite ligne avec l’humour anglais pince sans rire. Suite à cet improbable dialogue, on entend en arrière fond le chuintement d’un violon évoquant "Hearts And Flowers", une mélodie du compositeur germano américain Theodore Moses Tobani, connu pour ses collaborations dans le cinéma muet. En fait, cette première piste de presque 8 minutes s’articule comme une pièce de théâtre en trois parties. Après le coup de bigot et la tristesse d’un violon, le groupe nous invite avec "Halfbreed" dans un profond instrumental qui tient autant du Jazz Rock Fusion que du Blues Rock. De son passage chez John Mayall, le batteur a bien évidemment retenu les influences Blues. Long de 10 minutes, "Born To Die" * se dévoile comme un Blues lent magnifié par la guitare et le chant de Miller Anderson avec en arrière-plan un son d’orgue débouchant sur une ambiance naviguant entre céleste et psychotrope. Une interprétation proche de certains titres de CHICKEN SHACK.
L’une des grandes trouvailles d’Hartley réside dans l’incorporation d’une chaude section de cuivres. Si "Sinnin’ For You" débute sur un fond d’orgue d’église suivi par des baguettes aériennes alliant rythme et exotisme, la basse bien ronde accentue le groove dans lequel la guitare de Spit James s’engouffre sans crier gare tandis que la section des cuivres passe successivement du statut d’incendiaire à celui de douillet.

La face b nous plonge d’entrée dans une ambiance heavy blues intense marquée par un gros riff de gratte avec "Leavin’ Trunk", une variante du "Milk Cow Blues" enregistré en 1930 par Sleepy John Estes. Si, en 1967, Taj Mahal lui attribue un autre intitulé avec "Leaving’ Trunk", on est ici bien loin du Country Blues d’origine. Si Harvey Mandel en délivre quelques mois plus tard une interprétation dans la même veine, les BLACKS KEYS s’offrent une reprise primaire manquant, selon nous, de subtilité et de justesse. Changement de tournure avec "Just To Cry", si une basse aussi ronde que répétitive lance les hostilités, bientôt suivie par un jeu d’orgue évoquant fortement Jon Lord, c’est la trompette d’Henry Lowther qui sert de lien, nous entraînant sur un chemin escarpé chargé de mélancolie, une guitare wah-wah reprend les commandes au premier tiers du morceau, nous propulsant dans un étrange décor à cheval entre Jazz Rock et Rock Psyché. "Too Much Thinking" avec une intro de guitare acide s’inscrit entre Slow Blues et Jazz Psyché ; les cuivres et l’orgue apportent une touche de douceur moelleuse, mais c’est l’apparition du violon de Lowther qu’on garde en mémoire, instrument qui met pleinement en valeur le timbre plein de tristesse de Miller Anderson. Le disque s’achève par un assemblage proche du medley, regroupant "Think It Over" **, titre de B.B. KING à l’origine plus R&B que Blues. Là, c’est encore la guitare wah-wah qui prend les rennes de l’attelage, la basse de Gary Thain et le charleston d’Hartley ne servant qu’à mettre le chant et la guitare sur orbite. Du Blues Rock bien lourd à l’américaine, certains auditeurs feront peut-être un rapprochement avec "Willie The Pimp" du Sieur ZAPPA. Le second chapitre "Tout Much To Take" est en réalité un petit intermède téléphonique de soixante secondes dans lequel Keef Hartley envoie une fin de non-recevoir à John Mayall, son ancien mentor et ami. Encore un témoignage de l’humour anglais.

Halgbreed constitue un virage important dans l’univers du Rock. En dehors d’une étrange obsession pour les indiens d’Amérique, Keef Hartley était un esthète qui véhiculait une culture allant d’Art BLAKEY aux grands maîtres du Delta Blues, une trajectoire qui n’occulte en rien les adeptes du British Blues. A une époque où le Rock était en constante mutation, l’arrivée du premier album de LED ZEP en janvier 69, une véritable bombe dans le domaine du Blues Rock, une multitude de groupes de Rock Psyché ne rencontrant souvent qu’un succès éphémère et l’émergence du Rock Progressif, Keef Hartley Band mettait sur pied un mélange hybride et savoureux de Jazz Rock et de Blues Rock. Reste à savoir dans quel tiroir ranger cet opus. La prédominance des titres Blues et l’influence de John Mayall nous incitent à ranger cette curieuse pochette sur l’étagère du Blues Rock.


*Titre homonyme à ceux de Giorgio Moroder et Lana Del Rey.
**Titre homonyme à ceux de Buddy Holly et Jimmy Donley.

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   LE KINGBEE

 
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- Keef Hartley (batterie)
- Miller Anderson (chant, guitare)
- Spit James (guitare)
- Gary Thain (basse)
- Henry Lowther (trompette, flûte, violon)
- Henry Beckett (trompette)
- Lynn Dobson (saxophone)
- Chris Mercer (saxophone)


1. Sacked/hearts And Flowers/confusion Theme/the Half
2. Born To Die
3. Sinnin' For You
4. Leavin' Trunk
5. Just To Cry
6. Too Much Thinking
7. Think It Over/too Much To Take



             



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