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- Membre : Steely Dan
- Style + Membre : The Best

The DOOBIE BROTHERS - What Were Once Vives Are Now Habits (1974)
Par LE KINGBEE le 11 Juin 2023          Consultée 859 fois

Si le titre de cet album porte une certaine dose d’ironie, la pochette nous parait par contre peu adéquate, donnant l’impression d’un Live * alors qu’il s’agit du quatrième album studio du groupe. Nous sommes en février 1974 lorsque cet opus parait dans les bacs des disquaires.

Les DOOBIE BROTHERS enfilent les succès depuis deux ans avec les albums Toulouse Street et The Captain And Me, une période marquée par la diffusion sur les ondes radios de deux hits intemporels : "Listen To The Music" et "Long Train Runnin’". Il faut dire que les portes du succès se sont grandement ouvertes depuis l’arrêt du légendaire CREEDENCE CLEARWATER REVIVAL.

Autre aspect non négligeable, le groupe reste constant au niveau de sa line-up, idem pour la production et le management des tournées. Contrairement à certaines formations les différents membres restent liés par une solide amitié, quatre d’entre eux ont le même âge ce qui renforce les rapports sociaux et la cohésion tant au niveau du répertoire que de l’envie. Si on retrouve certains belligérants ayant collaboré précédemment, la bonne trouvaille demeure d’avoir invité la Memphis Horn, célèbre section cuivre à la discographie aussi épaisse qu’un bottin. Enfin c’est à un travail d’équipe auquel on est ici convié avec la présence de Ted Templeton, producteur fidèle tandis que Donn Landee officie toujours derrière les consoles.
Au vu de son agenda surchargé, le groupe a eu moins de temps pour affiner ses compos, Tom Johnston reste le principal pourvoyeur avec six titres, Patrick Simmons composant de son côté quatre autres chansons, alors que Tiran Porter est l’auteur du titre de clôture tandis que "Road Angel" provient d’une écriture collégiale.

D’entrée, on retrouve cet entrelac de guitare suintant de douceur si caractéristique au groupe sur "Song To See You Through", impression de moelleux confirmée au bout de 10 secondes avec l’arrivée d'une section cuivre qui impulse une atmosphère presque cérémoniale. Changement de décor avec "Spirit", une belle mixture de Country Folk et de New Grass portée par le jeu tout en fingerpicking des guitares et l’alto de la violoniste Novi Novog qu’on retrouvera auprès de Montrose, Carly SIMON ou PRINCE. Autre titre à ranger dans le tiroir du Country Folk, "Tell Me What You Want (And I’ll Give You What You Need" avec ses arpèges de guitare et la steel guitar de Jeff Baxter (STEELY DAN) sert de chainon manquant entre KANSAS et AMERICA, alors que l’autoharpe d’Arlo Guthrie diffuse des effluves d’orientalisme. Impression similaire avec "Another Park, Another Sunday", la cithare étant remplacée par un vibraphone, tandis que les harmonies vocales lorgnent par moment sur POCO et les EAGLES, les deux grands frères californiens.

L’album porte la marque de la mutation et des divers changements de mode que l’année 74 allait connaitre avec les premiers effets de la vague Disco et de l’A.O.R. C’est ainsi que "Eyes Of Silver" avec la participation de la Memphis Horn se révèle comme une petite pépite de Country Soul, une piste qu’on croirait sortie toute droite des studios FAME. Avec un zeste de guitare funky, l’apport des congas et du chorus répétitif de Johnston, "You Just Can’t Stop It" tient plus d’une Soul pleine de peps que d’un Country Rock. A l’image du "Blue Collar" de BACHMAN TURNER OVERDRIVE, "Daughters Of The Sea" prend une coloration exotique avec l’apport des marimbas, tandis que la guitare de Simmons s’essaie à des effets Psy Jazzy peu convaincants.

Les Doobie Brothers savent monter en gamme comme en atteste "Down In The Track", un Boogie Rock tendance sudiste à cheval entre STATUS QUO et FOGHAT, un titre qui vaut essentiellement par les interventions de Pat Simmons si puissantes qu’elles noient le piano de James Booker. Egalement prisé dans le circuit des bikers, le groupe booste le tempo avec "Pursuit On 53rd St.", un Boogie patiné de Southern Rock entre LYNYRD SKYNYRD et FOGHAT. La Gibson Flying V de Johnston et la Gibson ES335 de Simmons se complètent parfaitement alliant robustesse et nervosité. Dans le même ordre d’idée on retrouve "Road Angel", titre qui rappelle les débuts du groupe avec une affiliation nette pour BTO.

Certains risquent d’être surpris par "Flying Cloud" **, un instrumental qui ne ménage pas ses effets cosmiques et qui nous parait sortir largement du contexte. Terminons ce panorama avec le titre qui connaitra le plus gros succès dans les charts "Black Water". Historiquement, la chanson est imaginée par Simmons lors de l’enregistrement du précédent disque ; lors de la session, Pat s’amuse à répéter un riff de gratte qui interpelle Ted Templeton. Le producteur demande alors au guitariste de peaufiner un texte pour un album futur. Figurant en face B de "Another Park, Another Sunday", titre classé à la 32ème place, cette ballade électro-acoustique ne connait aucun succès. Warner décide de la rééditer en face A couplée avec "Song To See You Through", contre toute attente et suite à d’incessants passages radio, la chanson décroche une tardive et inespérée première place dans les classements du Billboard en mars 1975. Preuve du pouvoir de nos radios et des campagnes de promotion sur l’inconscient collectif. Pour le coup les pérégrinations de Simmons sur le Mississippi et l’attraction de la lune se seront avérées payantes. Dans la foulée, Warner éditera une seconde version chantée en espagnol à destination du marché mexicain.

Enregistré dans trois studios différents, cet album fait à la fois office de transition et d’album de remplissage très certainement trop vite pondu. Si les jeux de guitare sont toujours aussi complémentaires agrémentés de textes alliant liberté et poésie (parfois mystique), un quart des titres fait office de remplissage. La suite sera moins rose pour l’excellent Tom Johnston, malade il sera peu à peu évincé du groupe suite à l’arrivée du claviériste Michael McDONALD, autre membre de STEELY DAN. Un disque moins impactant que ses deux prédécesseurs.

*La photo vient d’un concert donné dans le Kentucky en décembre 73.
**Titre homonyme à celui des North Carolina Ramblers, un square dance de 1927.

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   LE KINGBEE

 
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- Tom Johnston (chant, guitare)
- Patrick Simmons (chant, guitare, chœurs)
- Tiran Porter (basse, chœurs)
- Jeff Baxter (pedal steel guitar 8)
- John Hartman (batterie, percussions)
- Michael Hossack (batterie 1)
- Keith Knudsen (batterie, chœurs)
- Bill Payne (orgue 1-5, piano 3, clavecin 7, synthétiseur 12)
- James Booker (piano 9)
- Arlo Guthrie (autoharpe 8)
- Novi Novog (violon 2-4)
- Milt Holland (vibraphone 4-8-10,percussions 8, marimba 11)
- Andrew Love (saxophone 1-5-7)
- James Mitchell (saxophone 1-5-7)
- Wayne Jackson (trompette 1-5-7)
- Jack Hale (trombone 1-5-7)


1. Song To See You Through
2. Spirit
3. Pursuit On 53rd St.
4. Black Water
5. Eyes Of Silver
6. Road Angel
7. You Just Can't Stop It
8. Tell Me What You Want And I'll Give You What You N
9. Down In The Track
10. Another Park Another Sunday
11. Daughters Of The Sea
12. Flying Cloud



             



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