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1975 What A Diff'Rence A Day Makes

Esther PHILLIPS - What A Diff'rence A Day Makes (1975)
Par LE KINGBEE le 18 Juin 2023          Consultée 390 fois

Esther Mae Jones pousse ses premiers cris deux jours avant Noël 35. Native de Galveston, ville devenue tristement célèbre en 90 suite au passage d’un ouragan qui occasionna 8000 morts, Esther fait ses gammes dans la chorale d’une paroisse de Houston dès six ans. Suite au divorce des ses parents, elle partage son temps entre Houston et Los Angeles où sa mère s’est établie. Fan inconditionnelle de Dinah Washington, elle débute sur la scène du Largo Theater où elle est repérée par Johnny Otis. Poussée par sa sœur, Esther se présente au Barrelhouse Club, propriété de Johnny Otis où un concours de chant est organisé tous les jeudis.
Esther remporte le premier prix et se retrouve invitée à un enregistrer en compagnie des Robins "Double Crossing Blues", une chanson dramatique se référant au prédicateur qui lui a volé sa virginité quelques mois plus tôt. Edité par Savoy, la chanson fait un carton dans les ghettos de l’Amérique noire. Se produisant sous le nom de Little Esther, l’adolescente se produit sous la houlette de Johnny Otis dont elle est devenue l’attraction principale tout en étant chapeautée par sa mère qui veille aussi sur ses intérêts.
Au tout début des fifties, Little Esther aligne pas moins de six Top Ten, la jeune chanteuse est en plein conte de fée, mais comme souvent les belles choses ne durent jamais éternellement. En 1954 juste après avoir enregistré son dernier hit "Ring-A Ding-Doo" pour le label Federal, la chanteuse victime d’addictions à l’alcool et à l’héroïne, part se mettre au vert chez son paternel à Houston. Un purgatoire qui va durer huit ans, entrecoupé de rares tournées avec le tromboniste Slide Hampton.

En novembre 1962, surgissant tel le loup de son bois, Little Esther rebaptisée Esther PHILLIPS enregistre pour le label Lenox "Release Me", une chanson de rupture issue d’un Hillbilly d’Eddie Miller, qui lui vaut de regrimper dans les charts. Suite à la faillite de Lenox, Atlantic à l’affût, lui fait signer un contrat. Elle va enregistrer quatre albums dont deux excellents Lives pour la firme de Jerry Wexler avec, le temps d’un disque, une infidélité chez Roulette
Mais la vie n’est pas un long fleuve tranquille pour la chanteuse qui fait d’incessants aller-retours en cure de désintoxication. En 1971, elle signe chez Kudu Records, filiale de CTI la firme de Creed Taylor, un ancien de chez Verve, fondateur du label Impulse. Esther enregistre From A Whisper To A Scream qui lui vaut une nomination aux Grammys 72. Un des neufs titres se détache du lot : "Home Is Where The Hatred Is" un réquisitoire de Gil Scott-Heron contre la drogue.

Après quatre albums publiés sous la bannière de Kudu et arrangés par le saxophoniste Pee Wee Ellis (ex James BROWN) c’est un nouveau venu qui débarque en la personne du guitariste Joe BECK. Natif de Philadelphie, Beck jouit d’une solide réputation à Manhattan, excellent guitariste capable d’évoluer dans plusieurs registres (Jazz Soul, Fusion, Jazz traditionnel, Post Bop) il a été accompagnateur pour Miles DAVIS, Gil EVANS, Al KOOPER, Quincy Jones ou Gato Barbieri (pour ne citer que les plus connus). Joe Beck demeure également connu pour sa participation à Rock Encounter, un album puissant enregistré avec SABICAS, grand maitre de la guitare flamenca. Accessoirement, le guitariste vient d’enregistrer pour Kudu Records un album éponyme, dont on retrouve ici une grosse partie des accompagnateurs. Enregistré en avril à Englewood Cliffs (New Jersey) dans les studios de Rudy Van Gelder, ingé-son spécialisé dans le Jazz, produit sans surenchère par Creed Taylor (ancien producteur de Wes MONTGOMERY et George BENSON), ce nouvel opus permettra à la chanteuse de commettre un dernier carton.

En ouverture, Beck adresse un clin d’œil à sa ville natale avec "One Night Affair", une compo de la prolifique paire Gamble/Huff deux grands artisans du Philadelphia Sound. Initialement enregistré par les O’Jays en 1969, repris l’indo-américaine Asha Puthli, le morceau prend un léger coup de jeune porté par une guitare stridente et des envolées de sax particulièrement dansantes. Dans la même lignée, le percussionniste Ralph MacDonald lui apporte "Mister Magic", un titre enregistré quelques mois plus tôt par Grover Washington en instrumental. Contrairement à l’interprétation antérieure et assez mollassonne de Roberta FLACK, l’orchestration apporte assez de peps pour transformer la chanson en un titre rassembleur et commercial. Le morceau sera repris par Amy WINEHOUSE.

Si le rythme s’avère plutôt enlevé, plusieurs pistes permettent d’adoucir la sauce : "You’re Coming Home" une petite douceur inusitée de Brenda Jo Harris. Si la cadence baisse nettement d’un cran, le feeling et le groove sont bien palpables. Si un an avant Ann PEEBLES avait inondé les ondes avec "I Can’t Stand The Rain", Esther reprend "I Can Stand A Little Rain", une compo de Jim Price figurant dans l’album du même nom de Joe COCKER. La version et les arrangements nous paraissent ici nettement moins bouffis. Esther Phillips est également à l’aise dans le domaine du Jazz Soul comme en atteste "Hurtin’ House", une obscurité du compositeur Lu Emerson, illuminé par un délicat jeu de guitare et un saxophone qui draine de chaudes montées d’adrénaline. Le titre fera l’objet d’une reprise par Lloyd Jones dans une version Bluesy du meilleur effet. Inusité de David Nichtern, "Oh Papa" avait été repris sans grand succès par Maria Muldaur. La reprise de Phillips a beaucoup de mal à convaincre, elle fait office de remplissage inopportun. A l’instar de Ray CHARLES, habile repreneur de succès Country à la sauce Soul, elle s’attaque à "Turn Around, Look At Me", une ballade de Jerry Capehart chantée par Glen Campbell puis par les Lettermen. Autant dire une véritable guimauve sans sucre d’une insipidité incroyable. Bénéficiant d’arrangements épurés et d’une orchestration, la chanteuse n’a aucun mal à redonner une seconde vie à une chanson larmoyante.

Terminons ce panorama avec le titre qui allait conférer sa célébrité à l’album "What A Diff’rence
A Day Makes". Œuvre de la mexicaine Maria Grever composée au début des années trente sous l’intitulé "Cuando Vuelva A Tu Lado", la chanson sera adaptée par le parolier Stanley Adams et publiée par Decca avec une version des Dorsey Brothers chantée par le crooner Bing Crosby. Dans la foulée, Coleman Hawkins en délivra une première version instrumentale qui allait générer de nombreux petits (près de 130). De nombreuses adaptations chantées parfois typographiées différemment viendront fleurir nos discothèques, la plus célèbre restant celle de Dinah Washington, influence déclarée de notre chanteuse, éditée en 1959 par Mercury. Si on compte plus de 200 reprises anglophones, la version d’Esther Phillips arrangée par Joe Beck allait investir les radios et les plateaux de télévisions avec son rythme proto Disco hyper entrainant, un cachet dancefloor accrocheur à défaut d’être excellent.

A l’image de cette pochette du photographe Alen MacWeeney, auteur des deux couvrantes précédentes de la chanteuse, cet opus serpente entre une Soul d’obédience philadelphienne et un répertoire ponctué d’influences Jazzy du aux subtils arrangements du regretté Joe Beck. Esther Phillips a la bonne idée de se départir d’un maniérisme vocal qui encombre bien souvent ses chansons. Un album marqué par le succès de" What A Diff’rence A Day Makes", dernier hit de la chanteuse. Le 8 aout 1984, les auditeurs américains furent surpris d’entendre passés en boucle "Double Crossing Blues" ou "Release Me" sur les ondes des radios noires, ultime hommage annonçant le décès de la chanteuse à 48 ans.

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- Esther Phillips (chant)
- Joe Beck (guitare, arrangements)
- Steve Khan (guitare)
- Eric Weissberg (pedal steel guitar)
- Will Lee (basse)
- Chris Parker (batterie)
- Ralph Macdonald (percussions)
- Don Grolnick (claviers)
- Mike Brecker (saxophone)
- David Sanborn (saxophone)
- Randy Brecker (trompette)
- Jon Faddis (trompette)
- John Gatchell (trompette)
- Alan Rubin (trompette)
- Barry Rogers (trombone)
- Tony Studd (trombone)
- Jim Buffington (cor)
- Brooks Tillotson (cor)
- Charles Mccracken (violoncelle)
- George Ricci (violoncelle)
- Al Brown (violon alto)
- Manny Vardi (violon alto)
- Kathryn Kienke (violon)
- Emmanuel Green (violon)
- Leo Khan (violon)
- Harold Kohon (violon)
- Harry Lookotsky (violon)
- Gene Orloff (violon)
- Max Polikoff (violon)
- Matthew Raimondi (violon)


1. One Night Affair
2. What A Diff'rence A Day Makes
3. Mister Magic
4. You're Coming Home
5. I Can Stand A Little Rain
6. Hurtin' House
7. Oh Papa
8. Turn Around, Look At Me



             



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