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1969 The Flock

The FLOCK - The Flock (1969)
Par LE KINGBEE le 20 Juin 2023          Consultée 534 fois

The FLOCK se forme au milieu des sixties à l’instigation du guitariste Fred Glickstein rejoint par le batteur Ron Karpman et le bassiste Jerry Smith. Implanté à Chicago, le trio se taille une solide réputation. Le groupe s’agrandit avec l’arrivée d'une section cuivres composée des saxophonistes Tom Webb, Rick Canoff et du trompettiste Frank Posa. Le sextet enregistre trois singles pour le label de Chicago Destination Records, suivi par un 45 tours chez USA Records, deux maisons de disques dirigées par Jim Golden.

S’il se caractérise par un jeu de type Brass Rock Fusion, le groupe s’écarte du répertoire de BLOOD, SWEAT & TEARS ou du CHICAGO TRANSIT AUTHORITY, leurs deux grands concurrents, en recrutant le violoniste Jerry Goodman, leur ancien roadie. L’arrivée de Jerry permet de se démarquer de la concurrence des formations de Jazz Rock cuivrées qui commencent à fleurir et font suite au mouvement Psyché. La formation se produit au Fillmore East en première partie de TEN YEARS AFTERS ; le New York Time et le billboard les encensent alors que le groupe d’Alvin Lee se fait tirer dessus à boulets rouges. Le manager Aaron Russo recommande le groupe à Ahmet Ertegum, patron d’Atlantic, et à Clive Davis. Grand manitou de la firme Columbia, Davis signe un contrat avec Glickstein et ses potes rejoignant ainsi Blood Sweat & Tears et Chicago au sein du même label.

La pochette de cet éponyme nous dévoile le septet sans plus d’information, on peut simplement remarquer que les différents membres font preuve d’une gaité communicative. La couvrante provient d’une photographie de Don Hunstein, illustrateur attitré de la Columbia longtemps spécialisé dans la musique classique. Le dorsal est orné par une photo de Jerry Goodman torse nu prise lors d’un concert et un texte de l’anglais John MAYALL.

D’entrée on reste comme scotché par "Introduction", un long instrumental avoisinant les 5 minutes, interprété sous forme d’un duo violon/guitare. En fait, comme procédé de démarcation on ne pouvait difficilement trouver mieux. La guitare oscille au gré des minutes entre pizzicati Folk, baroque, complainte moyenâgeuse et mysticisme emmené par les tournoiements d’un violon qui passe par de nombreuses nuances allant jusqu’au Psyché. A l’image de David Laflamme (It’s A Beautiful Day) ou de Richard Greene (Sea Train), l’apport de Goodman prend ici tout son sens, d’autant que le violoniste est un virtuose prodige, ancien élève du Conservatoire de Chicago. Ses parents sont membres de la section cordes de l’Orchestre Symphonique de Chicago. Les chiens ne font pas des chats.

Titre au long cours (presque 8 minutes) "The Clown" s’ouvre sur une grosse ligne de basse avant que les baguettes de Ron Karpman ne mettent sur orbite la guitare, le chant de Glickstein et la section cuivre. A l’instar de la piste précédente, le morceau passe par de multiples colorations tandis que le violon, tantôt plein de nostalgie se fait par moment étrangement percutant. Un grand morceau qui sera repris en single dans une version écourtée via un pressage français. S’il a débuté par l’étude du registre classique, Goodman est tout naturellement demeuré à l’écoute de la Pop via la British Invasion et l’arrivée du Rock Psyché. Ses divers ancrages se retrouvent sur "I’m The Tall Tree", une compo de Glickstein bifurquant par le Folk Psy (tendance It’s A Beautiful Day) et le Jazz Fusion avec comme point d’orgue des harmonies vocales d’un haut niveau et une envolée de cuivres qui malgré sa ferveur digne d’un souffle épique parvient totalement à nous apaiser.

Certains auditeurs devraient avoir le souffle coupé à l’écoute de "Tired Of Waiting" *, une reprise des KINKS. Repris par de nombreux copieurs, selon nous aussi serviles qu’inutiles, le titre connaitra deux massacres d’anthologie avec Nancy SINATRA en mode bubblegum et plus étonnant avec Dwight YOAKAM dans un style crooner parodique. Chez nous autres, Frank Alamo chanteur Yéyé et héritier des téléviseurs Grandin, avait chanté le titre avec "Ma vie à t’attendre", une adaptation correcte. Là, le titre s’ouvre pendant une trentaine de secondes sur un exercice de style débridé joué au violon avant que la guitare ne prenne le relais, tandis que le violon électrique change de formule plongeant dans un torrent de tendresse. Le titre prend ici une autre dimension, l’orchestration se rapprochant dans une certaine mesure de Chaze et du Chicago Transit Authority.

La face B ne regroupe que deux titres : "Store Bought – Store Thought", mélange Fusion, Brass Rock, Rock Psyché ; tous les instruments se partagent un moment de gloire, comme une sorte d’extase sous acide, tandis que cinq membres s’occupent tour à tour du morceau. Glickstein s’arrache à la guitare, se prenant pour HENDRIX, il livre un duel farouche à la section cuivre. L’album s’achève avec une dernière compo de Fred Glickstein, "Truth" une délirante Jam dépassant les 15 minutes qui prend par moment une teinte Heavy Blues à la Vanilla Fudge, un décor plus ou moins improvisé dans lequel le violon électrique s’ouvre des bêches béantes flirtant entre Jazz Rock et Rock Psy complètement barré. Un morceau qui devait faire fureur sur scène et qui bascule dans sa dernière partie sous forme d’un Free Jazz bien déjanté.

Cet éponyme vaut essentiellement par la virtuosité des différents musiciens, par cette envie de se démarquer et une facilité déconcertante à improviser avec cet étrange assemblage d’instruments. En Europe, le groupe reste célèbre pour un concert donné à Bath. The Flock programmé en première partie de LED ZEP comblera le nombreux public ; le groupe de Robert Plant faisait alors l’objet de critiques négatives, les fans anglais pensant que le Dirigeable privilégiait la scène et le marché américain, plus fécond en termes de rentrées financières. Afin de sécuriser la sortie du 3ème opus, Peter Grant, manager des Anglais, avait alors tout misé sur une mise en scène qui permettait aux Anglais de monter sur scène au coucher du soleil. Grant avait même consulté des météorologues afin que ses poulains fassent une entrée en fanfare. Seul petit hic, poussé par un public en ferveur, le groupe de Chicago était encore sur scène s’offrant même un rappel au moment où Led Zep devait faire son apparition. Il faudra que les roadies délogent manu militari les américains comme des malpropres pour que les Anglais fassent leur entrée en scène, sous les sifflets d’un public médusé.

Si Columbia semble avoir privilégié Blood Sweat & Tears et Chicago en matière de promotion, le départ de Jerry Goodman en direction du Mahavishnu Orchestra de John McLaughlin sera grandement préjudiciable au groupe. La production de John McClure, alors connu pour diverses collaborations avec Leonard BERNSTEIN, permet d’éviter que la sonorité et le répertoire ne deviennent qu’un ersatz de Blood Sweat & Tears. La longueur de deux des six plages risque de rebuter certains auditeurs mais ce premier jet de The Flock (traduisible par le troupeau) reste comme un parfait chainon entre Fusion, Rock Psyché et musique avant-gardiste.

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- Fred Glickstein (guitare, chant 2-4-5-6)
- Jerry Goodman (violon 1-2-3-4-6, guitare 2-5, chant 3-4)
- Jerry Smith (basse, chant 2-3-5)
- Ron Karpman (batterie)
- Tom Webb (saxophone, flute5, harmonica 6 maracas 4)
- Rick Canoff (saxophone, chœurs 2-5)
- Frank Posa (trompette)


1. Ntroduction
2. Clown
3. I Am The Tall Tree
4. Tired Of Waiting
5. Store Bought - Store Thought
6. Truth



             



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