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1970 Red Clay

Freddie HUBBARD - Red Clay (1970)
Par LE KINGBEE le 17 Juillet 2023          Consultée 517 fois

Originaire d’Indianapolis, Freddie HUBBARD débute par l’apprentissage du bugle avant de bifurquer vers la trompette via l’orchestre de son lycée. Le garçon se bonifie rapidement, devenant trompettiste principal de l’Indianapolis Symphony Orchestra. En 1958, à tout juste vingt ans, il tente sa chance à New-York, devenant un musicien de session demandé. C’est ainsi qu’on le retrouve auprès de Wes MONTGOMERY, John COLTRANE, Eric DOLPHY, Hank MOBLEY, Ornette COLEMAN ou Art BLAKEY (pour ne citer que les principaux).

En 1960, HUBBARD enregistre son premier disque sous son nom pour le prestigieux label Blue Note en compagnie de John Coltrane et McCoy Tyner. En 1962, il enregistre Ready For Freddie et fait la connaissance de Wayne SHORTER ; les deux amis rejoignent alors les JAZZ MESSENGERS, d’Art BLAKEY. Parallèlement, Freddie connaît une luxuriante décennie, enregistrant sous son nom sept autres albums pour Blue Note et trois pour la firme Atlantic. Trompettiste prolifique voire insatiable, on le retrouve sur des enregistrements de Bobby HUTCHERSON, Herbie HANCOCK, Sonny ROLLINS, Sarah Vaughan, Quincy JONES.

Au début de l’année 1970, contre toute attente, Creed Taylor, patron du label CTI Records, le prend sous contrat. Si HUBBARD a arpenté avec succès tous les chemins du Post-Bop depuis dix ans, le musicien décide d’orienter son répertoire vers une musique plus électrique, prenant conscience de l’importance de l’amplification. Le jazzman s’est rendu compte que les modes et tendances évoluent constamment. A l’image de McCoy Tyner, Elvin Jones, deux anciens accompagnateurs de John COLTRANE, ou de John McLAUGHLIN, Joe Henderson ou du flûtiste Herbie Mann, Freddie HUBBARD s’engouffre sur les voies du Jazz Fusion tracées par Miles DAVIS.

Creed Taylor envoie HUBBARD dans les studios Van Gelder à Englewood Cliffs dans le New Jersey, là où John COLTRANE avait gravé A Love Supreme en 1964. Studio attitré des labels Verve, Blue Note, Impulse et Prestige, l’endroit agrémenté d’un haut dôme, de poutres apparentes, d’une impressionnante hauteur de plafond dépassant les 11 mètres, diffuse une atmosphère moderne hyper dépouillée, proche d’une église. Red Clay est enregistré en trois jours (27, 28 et 29 janvier 70). Freddie HUBBARD bénéficie d’une solide équipe avec le bassiste Ron Carter (membre du second quintet de Miles DAVIS), le sax flûtiste Joe Henderson (ex-Kenny DORHAM, Horace SILVER), Herbie HANCOCK au piano électrique et acoustique. Seul le batteur Lenny White (ex-Jackie McLean et accompagnateur de Miles DAVIS sur l’album Bitches Brew) fait figure de débutant.

Creed Taylor a la sagesse de laisser libre cours à l’imagination de son trompettiste vedette. Même s’il ne prend pas une tournure aussi audacieuse que Miles DAVIS, grand maître instigateur du Jazz Fusion, HUBBARD détourne habilement certains codes, mélangeant Hard Bop, Funk, Fusion, Soul Jazz sans oublier un contexte de Blues modaux sur lequel se positionnent les quatre titres. La complicité et la cohésion entre les différents membres est palpable dès les premières mesures. Henderson et HUBBARD ont co-dirigé pendant deux ans les Jazz Communicators, le trompettiste a également longtemps officié avec HANCOCK et Carter.

Red Clay ne contient que quatre pistes (deux par face). "Red Clay" non seulement donne son nom à l’album, mais l'ouvre également. A partir d'une intro spectaculaire presque théâtrale reposant sur des volutes de trompette dans lesquelles s’emboîte le saxophone d’Henderson, cette longue pièce de 12 minutes se fait de plus en plus groovy au bout de 70 secondes et l’entrée en scène de la basse de Ron Carter. Le Fender Rhodes d’HANCOCK met parfaitement en lumière le jeu magistral d’HUBBARD. Ce titre a servi de source d’inspiration au groupe de Hip Hop californien Freestyle Fellowship pour l’élaboration de "Park Bench People", un sample repris plus tard par le soulman Jose JAMES. Le titre a connu bien évidemment quelques reprises plus ou moins honorables ; le parolier chanteur Mark Murphy a accommodé la chanson de paroles étranges et ambigües, proposant une définition de l’Argile Rouge, substance sûrement bien éloignée de ce qu’avait en tête Freddie HUBBARD au moment de pondre cette belle pièce.
Seconde plage de la face, "Delphia" annonce dès le départ une ambiance plus mélancolique. La trompette lorgne parfois celle du Miles DAVIS de Ascenseur pour l’échafaud et reste le principal fil conducteur tout au long de 7 minutes stylisées. Ce titre s’insère là davantage dans le domaine du Jazz Soul instrumental, évitant toute corrélation avec la Fusion.

La face B s’ouvre sur "Suite Sioux", un long titre avoisinant les 9 minutes. Cette fois-ci, l’ensemble se place dans un décor moins aventureux et audacieux, plutôt ancré dans le domaine du Bop, ancien registre de prédilection des différents membres. Le titre a connu de rares reprises via le pianiste Mulgrew Miller, mais c’est Adonis Rose & The N.O. Vaders qui en a donné une excellente cover agrémentée d’un excellent solo de batterie. Le titre a été tardivement samplé avec "Jazz (We’Got)" par A Tribe Called Ouest, formation new-yorkaise de Rap longtemps affiliée au collectif Native Tongues. Quatrième et dernier titre, "The Intrepid Fox" est un vrai feu d’artifice de plus de 10 minutes qui nous immerge aussitôt dans un univers de Fusion. La trompette ne cesse de se lancer dans des envolées pleines de folie tout en prenant soin de distiller un beau patchwork de nuances. Portés par des passages de contrebasse alors qu’Herbie HANCOCK alterne piano électrique et orgue, le sax et la trompette tissent de superbes entrelacs dans la droite lignée de Miles DAVIS.

Grand succès du trompettiste, Red Clay demeure l’un des plus gros succès de Freddie HUBBARD. Plusieurs rééditions en format CD ont vu le jour, agrémentées bien souvent de deux bonus, une reprise foudroyante de "Cold Turkey", titre de John LENNON, enregistré lors de la même session, et enfin une version Live de "Red Clay" de 18 minutes captée en juillet 71 au Southgate Palace de Los Angeles. A l’image de l’argile rouge (Red Clay), matière propice à être travaillée par différents corps de métier, cet album plein de souplesse diffuse une impressionnante palette allant de la fusion au Jazz Funk, teinté de reflets de Soul et de Bop. Dernière précision, la qualité du disque doit beaucoup au contraste entre les prises de son de l’ingé-son Rudy Van Gelder, des techniques modernes alliées à un Jazz électrique oscillant entre Fusion et un répertoire plus traditionnel gardant les accents du Hard Bop.

Cette chronique provient de l’écoute des vinyles CTI- CTS 4003 (pressage espagnol) et du CTI 6001 -pressage anglais).

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   LE KINGBEE

 
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- Freddie Hubbard (trompette)
- Ron Carter (basse, contrebasse)
- Herbie Hancock (piano, orgue)
- Joe Henderson (saxophone, flûte)
- Lenny White (batterie)


1. Red Clay
2. Delphia
3. Suite Sioux
4. The Intrepid Fox



             



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