Passer d’une chronique de Renan LUCE à celle du dernier IMMORTAL est un grand écart intéressant. Un des plaisirs qu’offre FORCES PARALLELES.

Alors que le groupe a plus de trente années d’existence, ce War Against All n’est que son deuxième album en plus de douze ans, c’est dire s’il peut être considéré comme un petit évènement dans la sphère Black Metal. Et ce, même si le groupe ne s’est pas montré très excitant depuis l’excellent Sons Of Northern Darkness qui date tout de même de 2002 ; un album qui correspond à un sommet artistique avec lequel IMMORTAL ne va clairement pas renouer avec ce War Against All qui ne parvient pas à reproduire la noirceur et la tension qui transcendaient leurs chefs-d’œuvre du début du siècle.

Mais peut-on réellement considérer que l’on parle du même groupe ?

Pour mémoire, le duo qui a présidé à la destiné d’IMMORTAL à ses débuts, à savoir la paire Abbath / Demonaz, n’est plus depuis 1998. Sur la période allant de 1998 à 2015, c’est Abbath qui a dirigé le groupe, avant d’annoncer la dissolution d’IMMORTAL. Date à laquelle Demonaz annonce qu’il rejoint le groupe qu’il réactive de fait et dont il reprend les rênes, presque seul. Et force est de constater que le résultat est assez décevant, comme cela était déjà le cas avec leurs deux albums précédents, le groupe ne parvenant pas à proposer autre chose qu’un Black Metal convenu et presque ennuyeux.

Alors oui, "War Against All" et "Thunders Of Darkness" sont véhéments et agressifs, mais on ne compte plus les combos capables d’une telle performance. Et rares sont les moments où le groupe parvient à nous faire frissonner, à nous impressionner. C’est peut-être le cas avec le final, un tantinet épique de "Blashyrkh My Throne" et avec le brutal "Thunders Of Darkness". Mais cela reste bien maigrelet au regard de ce que l’on est en droit d’attendre d’un groupe de cette dimension.

Et que penser de la présence de l’instrumental quasi Rock qu’est "Nordlandihr" ? Un morceau très banal et de surcroît bien long dont on peut se demander s’il a réellement sa place au sein d’un album d’IMMORTAL. Il est clair que le contraste avec "Immortal", le titre suivant est assez saisissant, tant ce dernier est d’une rare violence, rappelant un peu le EMPEROR de Anthems to the Welkin at Dusk (1997), du fait d’un mur de guitare et de batterie impressionnant. Mais ce contraste ne provoque pas grand-chose de plus qu’une surprise passagère. Il manque en effet ce petit supplément d’âme, et ce sens de la démesure qui transcendaient EMPEROR.

L’album, comporte tout de même quelques petites surprises, comme ce break inattendu au début de "Return To Cold", ou bien des parties qui s’éloignent fortement du Black traditionnel dont IMOORTAL s’est très longtemps déclaré être le gardien immuable. Il contient également quelques (rares) bon morceaux à l’image de ce "No Sun" qui aurait pu trouver sa place dans Sons Of Northern Darkness. On y retrouve le même chant éraillé (bien que ce ne soit pas le même chanteur), la même superposition de rythmes rapides et mid-tempo, et ce même sens du riff entêtant que le groupe répète à l’envie avec un certain bonheur. Mais c’est bien peu pour dépasser le stade du correct. Et ce dernier album en date peine à se montrer avant-gardiste et impérial. Surtout si l’on considère le statut, l’aura, qu’a (qu’a eu ?) le groupe sur la scène Black Metal.

Trop répétitif, trop fade, dénué de sentiments forts il ne rend pas hommage à la carrière passée de ses géniteurs. On peut considérer que si IMMORTAL n’est pas mort avec le départ d’Abbath en 2015, il est en léthargie fortement avancée.