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DARK AMBIENT / DRONE  |  STUDIO

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2015 Deist
2016 Esto
 

- Style : Deathprod
 

 Ryo Murakami Bedouin Records Bandamp (227)

Ryo MURAKAMI - Deist (2015)
Par STREETCLEANER le 1er Juillet 2023          Consultée 641 fois

Ryo MURAKAMI est un producteur et compositeur de musique électronique japonais né en 1971 près de Tokyo. Il a commencé par étudier le piano avant de s’orienter vers la musique électronique (techno, house) puis se diriger vers des musiques plus expérimentales et sombres (dark ambient, drone, noise). C’est à l’Atonal de Berlin, en 2015, qu’il a été particulièrement remarqué avant de recevoir le Lion d’argent à la Biennale Musica Venezia en 2016.

Il reconnaît s’être de lui-même dirigé vers des musique sombres qui sont une manière de traduire les sentiments négatifs. Dans cette optique, Deist, le second album du Japonais, paru sur le label Bedouin Records, est exemplaire dans ses capacités à immerger l’auditeur dans des tableaux sonores particulièrement oppressants et angoissants.

Deist est le résultat d’images que Murakami met en partition ; il le dit lui-même : « ces images sont sombres et négatives ». Il ne précise évidemment pas quelles sont ces images que nous devons contempler mais en tout cas elles sont possiblement celles des peintures de Jérôme BOSCH (Jheronimus van Aken) car Deist pourrait très bien être la mise en musique d’une certaine vision de l’Enfer.

"Wall" donne le "La" des atmosphères qui vont nous entourer, avec ses couches de drones aux tonalités basses et inquiétantes qui pulsent et s’éternisent comme si elles sortaient d’un puissant gong symphonique infernal. On s’attendrait presque à voir les fantômes de The Fog débarquer… "Passover" semble être un monstre de vapeur, sorte de mécanisme industriel irrépressible, mais ce qui pourrait être des voix lointaines, pleines de souffrance et de lamentations, donnent une idée de la destination finale… toi qui entres ici…

La lourdeur de "Immersion" et son motif répétitif joué à la batterie, n’est pas sans rappeler le Doomjazz du premier album de BOHREN UND DER CLUB OF GORE, Gore Motel. Play introduit peut-être du field recording avec des sons proches de ceux que pourraient faire des câbles en train de lâcher, ou de mâts de bateaux dans le vent, sur un jeu de cordes frottées d’une contrebasse ou de violoncelle. Des sirènes d’un navire tentent de percer la brume ; là encore s’invitent de possibles images du Fog de CARPENTER, côté du port.

Si ces représentations mentales n’étaient pas suffisantes, "Deist" va prolonger ces joyeuses pérégrinations sur une sous-couche de légers wobbles drony, à peine perceptibles, et d’instruments à cordes passant tels des spectres. Travail très finement réalisé ! On pensera ici au travail que peut produire DEATHPROD. D’ailleurs, ceux qui apprécient les travaux de Helge STEN se pencheront attentivement sur les LPs Deist et Esto (notamment) de MURAKAMI. "Bias" est une autre plage de drones enthousiasmante mais ô combien sinistre au travers de laquelle on perçoit, bien dissimulées, une succession de notes.

"Sand And The Moon" nous transporte au Moyen-Orient, MURAKAMI intégrant nombre de sons enregistrés, notamment ce qui semble être des prières ou appels à la prière qu’il a floutés ; le monde exalté de Bryn JONES n’est pas loin mais tout est ici terriblement dark et irréel. Le dernier "Soil And Rain" est un des morceaux les plus sinistres de Deist ; les sons qui se répètent en échos pourraient faire penser aux croassements d’une corneille, vision d’un monde dévasté et en ruine. Décor de post apocalypse. Un écho tombe comme la foudre et résonne dans un décor industriel et métallique autour des martèlements d’un piano. Superbe travail !

Deist est une belle réussite ; MURAKAMI a l’intelligence de nous proposer huit tableaux différents même si les couleurs utilisées sont invariables : le blanc et le noir. Surtout le noir en fait. Par ailleurs, la plupart de ces voyages sonores sont d’une durée comprise entre quatre et cinq minutes, durées suffisamment longues pour installer une atmosphère et suffisamment courtes pour ne pas lasser l’auditeur. Deist est une belle pièce de Dark Ambient et on pourra prolonger ces visions de cauchemar sur l’excellent Esto qui sortira l’année suivante.

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   STREETCLEANER

 
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- Ryo Murakami


1. Wall
2. Passover
3. Immersion
4. Play
5. Deist
6. Sand And The Moon
7. Bias
8. Soil And Rain



             



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